COURS TOUJOURS épisode 5
Le Lutin d'Ecouves

Aucune participation prévue dans les 8 semaines à venir.

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COURS TOUJOURS épisode 5

Par Le Lutin d'Ecouves - 28-01-2018 20:49:43 - 4 commentaires


Le trail
 
 
C'est Allain qui me parla de cette nouvelle discipline qu'il connaissait depuis peu. Jusqu'ici, on n'organisait pas ce genre de course dans nos contrées normandes mais un gars qu'il avait connu en 1995 en courant le fameux trail des Templiers avait eu la folle idée d'en organiser un dans le bocage de la Suisse Normande. Nous nous attelâmes donc à courir cette formidable épreuve de 30 énormes kilomètres. Le caractère insensé d'un tel défi parvint bientôt aux oreilles du journal local qui fit un article sur le coiffeur et l'instituteur qui osaient s'attaquer à un tel challenge. Trop dingue !
 
Je ne fus pas déçu, parti à l'assaut des collines de la Vallée de la Vère comme on démarre une course sur route, je me calcinai en moins de 20 km et finis mon premier trail en claudiquant, les intestins en désordre. J'étais convaincu.

On était à la fin du siècle dernier et nous courions avec des t-shirts en coton, des baskets de route et des gourdes qui puaient le plastique.

Cela ne dura pas car les anges gardiens du marketing nous concoctèrent bien vite toute une gamme d'équipements qui vont bien, ce qui nous fit passer du statut de ploucs en short à celui de winners ultra équipés.

Dès les années 2000, le trail s'imposa comme une discipline majeure de la course à pied et l'inflation kilométrique commença... Moi qui étais fier de mon petit 30 km, j'en rabattis rapidement quand d'autres coureurs arborèrent des 60, 80, 100 km sans vergogne ni pudeur. En 2002, je courus les 65 km des Templiers à Nant, je finis dernier de notre groupe d'une dizaine de Normands, les jambes comme du béton et les genoux en compote. J'étais émerveillé.
 
Coureur à pied encore un peu tendre, j'avais fait la connaissance d'un monde aux multiples paramètres : dénivelée (plus douce au féminin), nature du terrain, balisage (aléatoire ou pas), autonomie alimentaire, barrière horaire, gestion de la douleur et de ces foutus intestins... Et puis, il y avait l'Esprit Trail.

Comment dire, l'Esprit Trail c'est quand tu as pris un dossard dans une course mais que c'est pas vraiment une compétition car tu dois d'abord courir contre ou plutôt avec toi-même mais aussi en communion avec la Nature que même que si tes copains ils t'ont poutré dans les grandes largeurs tu es quand même content car tu as tracé ta route, tracé ton chemin.

Le trail, tu vois, c'est une ascèse. Tu dois oublier tes pompes  Sales-au-Mont à 200 euros et ton ensemble T-shirt-cuissard  Compress Mesh-Skin à 180 euros. Tu ne dois plus penser à ton sac Kraméleback super Gros-Tex en polyphilé Hydrakon qui t'a coûté tellement cher que tu as été obligé de fêter ton anniversaire de mariage chez Flunch. Nan ! Même ton GPS Gamine à 500 euros n'a pas d'importance. Quand tu fais du trail, c'est comme si tu étais tout nu, tu dois sentir l'énergie tellurique monter en toi et t'ouvrir grand les sept chakras. Attention cependant de ne pas laisser s'ouvrir le huitième. A ce propos, je conseillerai la prise d'une bonne dose de Smecta avant le départ...

Cette métaphysique sportive du trail, ce dépassement de soi se retrouve aussi dans les Arts Martiaux, entre autres dans le kyūdō (la voie de l'arc) dont voici la définition : Le pratiquant recherche un mouvement parfait pour pouvoir transcender à la fois l'esprit et le corps. Le principe consiste à percer une feuille de papier servant de cible, avec un minimum de tension musculaire et un maximum d'énergie spirituelle (Wikipédia). C'est tout moi, ça, le mouvement parfait dans des chutes plus spectaculaires que dangereuses (merci le judo !), l'esprit et le corps transcendés de fatigue au point de ne plus savoir comment je m'appelle et tout ça avec un minimum de tension musculaire. Et je ne parle pas de l'état du corps caverneux !

Quand mes amis se mirent à arpenter les pentes du Mont-Blanc ou de la Réunion pour y courir des épreuves de 150 à 200 km, je compris que je n'étais pas dimensionné pour cela et je me contentai de trails n'excédant pas 80 km. C'est suffisant pour que je me fasse mal et que je vomisse tout mon quatre heures.

Trail du Camp de César 2010
(Merci à Françoise 84 et Badgone)


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4 commentaires

Commentaire de philkikou posté le 30-01-2018 à 06:55:34

Belle description à la sauce Lutin du trail qui m'a fait penser au spectacle de Yoan Metay que j'ai pu voir... Du respect et de l'auto dérision...

Je me souviens comme toi de la fuite en avant des distances et D+ depuis l' historique "templiers" et ses 65kms...

https://www.youtube.com/watch?v=IuDHFsaLiic

Commentaire de Walden posté le 30-01-2018 à 14:42:54

Nous avons quitté le tartan du stade pour le goudron, touchés par l'esprit Spiridon, puis nous sommes sortis de la route avec un esprit Trail, qui semble aujourd'hui un peu galvaudé. Quel nouvel Esprit nous guidera demain ?
En tout cas question esprit, Lutin, tu n'en manques pas.

Commentaire de robin posté le 01-02-2018 à 11:20:42

Peut-être l'esprit Seins qui anime Le Lutin !

Commentaire de TomTrailRunner posté le 08-02-2018 à 19:39:58

Que d'esprit pour nous narrer la quête de l'esprit...

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