KikouBlog de Le Lutin d'Ecouves - Octobre 2008
Le Lutin d'Ecouves

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Archives Octobre 2008

LES FEMMES EPISODE 11

Par Le Lutin d'Ecouves - 30-10-2008 14:52:59 - 5 commentaires

Prologue : Vingt ans plus tôt
 
Nous sommes à la fin de l'année 1988, ma fille va bientôt avoir quatre ans et ma femme enfle de plus en plus. Nous savons depuis peu que ce sera un garçon.
 
Nous revenons d'un après-midi passé chez des amis et nous traversons Argentan. La ville est prise dans la torpeur sereine de ce début de soirée d'hiver. Pas une âme, pas un souffle, la vie autour de nous s'habille de terre et de gris; le vert des prés entourant la cité est devenu si terne que nous n'entendons plus le souffle ténu des promesses vernales.
 
Et pourtant, dans l'espace matriciel de l'habitacle de notre automobile, il règne une douce chaleur, et une lumière dorée semble irradier du ventre de mon épouse. Le chaud printemps de 1989 est déjà là; il sera suivi d'un été torride dont les ondes brûlantes renverseront bien des murs.
 
Doriane somnole dans son siège enfant et nous discutons du prénom du futur nouveau-né. De l'auto-radio surgit soudain l'entraînante mélodie d'une pourtant bien triste chanson interprétée par une artiste américaine qui est en train de connaître un certain succès avec son deuxième album.
 
"My name is Luka
I live on the second floor
I live upstairs from you
Yes I think you've seen me before..."
 
Lucas... le nom s'est imposé de lui-même. Bien sûr, il s'est toujours appelé comme ça ! Bien au chaud au sein de sa mère, il manifeste son approbation en bougeant un peu. Il est là, nous sommes quatre...
 
 
 
Suzanne Vega
 
Petite chrysalide
 
Suzanne Vega  est née en 1959 en Californie mais elle a vécu la plupart du temps à New-York où elle partit avec sa mère et son beau-père  Ed Vega. 
 
Son premier album (Suzanne Vega 1985) fut favorablement accueilli par la critique anglo-saxonne mais c'est "Solitude standing" (1987) qui propulsa Suzanne sur le  devant de la scène internationale avec "Luka" et "Tom's diner" (détail pour les techniciens : Tom's diner servit d'échantillon expérimental à Karlheinz Brandenburg pour mettre au point le procédé de compression MP3).
 
Les troisième (Days of open hand-1990) et quatrième album (99.9°-1992)de Suzanne la virent évoluer vers une musique plus riche et expérimentale tout en conservant une grande richesse poétique au niveau des paroles.
 
Suivirent "Nine objects of desire" (1996) et surtout "Songs in red and gray " (2001), superbe album qui renoue avec le son folk de "Solitude standing".
 
Superbe femme à l'aube de ses cinquante ans
 
"Beauty and Crime" (2007), album plus que recommandable, signe le retour d'une artiste talentueuse qui n'a jamais vraiment quitté la scène. Actuellement, elle poursuit une tournée en France (je viens de la voir à Alençon, je suis sous le charme...) avec juste un ingénieur du son et un guitariste. Ne ratez pas Suzanne si elle passe près de chez vous.
 
 
 
 Luka, clip de 1987
 
 
 

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LES POKULMONS

Par Le Lutin d'Ecouves - 29-10-2008 22:20:23 - 7 commentaires

 
Le Lutin n'est pas seulement l'ami des chevaux et le défenseur des ragondins, il est aussi un enseignant attentif à l'éducation morale de nos chers enfants dont l'irréfragable innocence n'a d'égale que l'absolue probité de nos bien-aimés dirigeants.
 
Or, qu'est-ce que je vois arriver dans les cours de récréation ? Une abomination d'origine étrangère pas de chez nous fabriquée dans un pays où le canard laqué est aussi courant que le Tibétain à l'étouffée. Un jeu dont les hideux personnages priapiques incitent nos chères têtes blondes à la débauche la plus outrée. J'ai nommé :
 
Les Pokulmons
 
Jugez plutôt :
 
 
 
Et encore :
 
Ce n'est pas fini :
 
Et enfin :
 
Parents ! Il est temps de réagir !
 
Boutez ces odieux personnages des poches de nos chers enfants et renvoyez-les à de plus saines activités telles que la lecture d'ouvrages édifiants.
 

 
 

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LE RETOUR DE LA VENGEANCE DU MUSTANG

Par Le Lutin d'Ecouves - 27-10-2008 10:30:56 - 11 commentaires

Henni soit qui mal y pense,
le Mustang is back et ça va péter !
 
Quel plaisir ! C'est le retour de la saison des cross, on va pouvoir à nouveau courir dans la boue au froid et sous la pluie. Le rêve du Lutin ! Comme un bonheur n'arrive jamais seul, ce premier cross qui avait lieu à Rânes signait le retour en compétition de mon Canasson favori : l'incroyable Mustang, la terreur des vétérinaires !
 
Résumé de l'année précédente : le cross FSGT est pour moi l'occasion de battre mon cheval six fois sur sept; ce dont je n'ai pas les moyens en trail. Le cross, c'est un rituel immuable : course des petits, course des filles avec les minimes et cadets, course des hommes, gâteau arrosé de vin chaud.
 
Mon club, c'est l'AS Enseignants, c'est à dire un club d'enseignants accompagnés de leurs copains... on n'est pas sectaires en cross. La Muti, un des clubs les plus fournis, est bien le club de l'entreprise Moulinex qui n'existe plus, et ça ne dérange personne !

 On a plus la classe que les autres grâce à nos T-shirts, il faut le dire !
 
Première étape : cross poussins, benjamins, minimes filles
 
 
C'est là que je fais mes meilleures photos car les petits courent sans calcul, ils sont vrais.
 

 
Bon, ça finit bien sûr par la victoire de Bin' avec 150 mètres d'avance. C'est normal, c'est un de mes anciens élèves !
 
Où sont les autres ?
 
Deuxième étape : le cross des filles avec les minimes garçons et les cadets
 
 
Ma copine Mireille l'emporte devant toutes les gamines de la FSGT. C'est une V2 qui donne le t(h)on ! Il faut dire que Véro, l'Attila des touffes d'herbe était absente !
 
Le lendemain, elle m'a explosé en forêt à l'entraînement pendant une heure trente ! Quelle santé !
 
Troisième étape : le cross des gars (merci Bin' et la Baronne pour les photos)
 
Là, on sent que ça va gicler !
 
Des nouvelles des kikous :
-loulou- poutre comme une bête depuis son retour de l'UTMB mais il n'a pas encore appris la politesse. Tout de même 29'11 pour 7,5 km de cross !
 
 
La Mouette signe un bon temps pour son retour au cross après un an d'absence : 32'27. Il faut dire qu'il avait le Lutin aux trousses !
 
Le Lutin  continue sa descente dans le classement (32'44). Pourtant, il avait mis ses belles chaussettes roses !
 
Riah 50 commence sa dernière année de V2 en toute quiétude (34'00).Il va faire saigner les podiums V3 la saison prochaine !
 
Last, but not least : Mustang gère intelligemment son retour en cross, c'est à dire qu'il se traîne comme il l'a toujours fait (35'01).Quel bonheur de le voir ainsi égal à lui même !
 

 
 
Dernière étape : le gâteau et le vin chaud
 
 A dans deux semaines à Gesnes !
(Dans la Sarthe, pas en Italie !)

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LA MERE AU COEUR ATOMIQUE A FAIT DES ENFANTS

Par Le Lutin d'Ecouves - 26-10-2008 20:07:11 - 4 commentaires

 

Si vous avez trente minutes à consacrer à la beauté et à l'intelligence, cette vidéo est pour vous. Il s'agit d'un concert au conservatoire de Paris (CNSMDP) organisé par les étudiants ingénieurs du son (FSMS) en mars 2003 (amateurs de danse, ne ratez pas la deuxième partie). Au bout de cinq minutes, j'étais accroché. Après dix minutes, j'étais conquis. A la fin, j'étais enthousiaste.

Quand je vois des jeunes produire des choses pareilles, je me dis que le futur a vraiment un bel avenir !

 

 L'image supporte très bien l'agrandissement  (flèche oblique).
Ne réglez pas le son, les premières 90 secondes sont muettes, c'est normal.


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DEFENSE DE LA LANGUE

Par Le Lutin d'Ecouves - 22-10-2008 00:12:30 - 15 commentaires

Une petite précision concernant la langue

 

Lors d’une discussion entre amis, il n’est pas rare d’entendre prononcer le terme cunnilingus qui est généralement utilisé à toutes les sauces :
« Et je lui ai proposé un cunnilingus… ma tante aimait le cunnilingus tout comme ma mère… les Chinois ont une connaissance approfondie du cunnilingus… de mon temps, on savait faire des cunnilingus… ».
 
Mais, le saviez-vous ? Le terme est impropre !  Encore eût-il fallu que vous le sussiez ! Je sens le rouge de la honte grimper le long de vos vaisseaux faciaux. « Quoi ! J’aurais ainsi violé sans le savoir notre belle langue française en utilisant un substantif inadéquat ! »
 
Non, rassurez-vous, la langue de Molière n’a subi qu’un léger outrage quand  la vôtre fourcha.  Ce fut plutôt celle de Virgile qui, en l’occurrence, prit ce mot barbare en plein bas-ventre.
 
A l’origine de notre terme se trouve le mot cunnus (ou cunus) désignant le sexe féminin en latin, mot qu’il ne faut pas confondre avec cuniculus (lapin dans la langue de Cicéron) que l’on retrouve dans cunicule qui désigne un étroit couloir sombre = terrier (Et il songeait que maintenant elle était là, dans ce cunicule obscur, proie sans défense à la bestialité des gardiens… [Henryk Sienkiewicz : Quo Vadis   chapitre LXV] ).
 
Cependant, la proximité phonologique (et sémantique) des deux termes fit qu’au moyen âge, les mots con (cunnus = sexe ) et connin (ou connil = lapin) subirent nombre d’interpénétrations, d’autant qu’à cette époque, connil signifiait aussi conduit ou tuyau (en référence aux galeries souterraines  [cunicules] du terrier de notre sympathique lagomorphe*).
 
Tout cela pour dire que la confusion fréquente entre cuniculus et cunnilingus est parfaitement compréhensible; d’ailleurs, l’un des surnoms de l'attribut féminin est justement lapin  dans plusieurs langues (d’où le sous-entendu sexuel du petit terme affectueux : mon lapin). La mode évoluant, cette acception de lapin a fini par disparaître pour laisser la place à des termes plus modernes comme Ticket de métro  ou même Cul de poulet  dans les cas les plus extrêmes.
 
Le deuxième membre du terme mis en cause est lingus  qui signifie langue dans l’acception langage. Et c’est là que nous touchons à l’impropreté du mot. En effet, cunnilingus signifierait stricto sensu "parle à mon c…, ma tête est malade".
 
Le gentleman cultivé et bien élevé préférera donc pratiquer le cunnilinctus composé de cunni (cunnus déjà évoqué) et de linctus n. m. (au génitif singulier) qui signifie sucement, c'est à dire : action de sucer (Pline 1er siècle après J.C.).
Nous noterons, bien sûr, que ce nom dérive du participe passé du verbe lingere (lécher, sucer).
 
Ainsi monsieur, lors de votre prochaine sortie en société, vous pourrez briller à double titre en employant le terme cunnilinctus qui fera de vous à la fois un homme soucieux du confort de ces dames ainsi que de la défense de notre belle langue française.


Le Professeur Lutin vous remercie de votre attention.

* J'en profite pour préciser que, contrairement à ce que l'on croit généralement, les lapins ne sont pas des rongeurs mais des lagomorphes (littéralement : de la forme du lièvre), terme qu'il ne faut pas confondre avec lagopède qui ne désigne pas un lièvre homosexuel mais un oiseau alpin (et non lapin) de la famille des galliformes qui a pour caractéristique de laisser dans la neige des traces ressemblant à celles du lièvre (lagopède, littéralement : pied de lièvre).

 

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CADEAU

Par Le Lutin d'Ecouves - 20-10-2008 23:29:46 - 6 commentaires

 
Cour de l'école de Musique
Alençon 10h30
20-10-2008
 

Après vous avoir asséné un texte dur comme la vraie vie; j'ai pensé à vous offrir ce cliché pour lequel j'ai arrêté un troupeau de vingt-deux gamins de huit ans qui m'ont sagement regardé prendre cette photo avant de poursuivre leur chemin sans se poser de question. Le maître, il est comme ça...

 

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REDEMPTION

Par Le Lutin d'Ecouves - 18-10-2008 12:52:10 - 13 commentaires

REDEMPTION
 

Elle avait des yeux qui venaient d’on ne sait où. Verts comme ça, personne n’en avait vu dans la famille. Ils pétillaient constamment et ce regard d’elfe désarmait la grosse brute que je suis. Depuis le début, sa nature vif-argent la poussait à commettre de multiples imprudences, impertinences et pitreries qui faisaient d’elle le farfadet de la famille.

Le ciel est chargé d’énormes nimbostratus qui transforment  cette fin d’après-midi en un long et lancinant crépuscule hivernal; l’autoroute plonge vers Paris comme s’il se jetait dans la gueule béante d’un enfer froid.
J’ai quitté depuis peu un bocage encore dominé par la resplendissante modestie d’un vert prairie constellé des premières incrustations de l’automne naissant et me voilà glissant à grande vitesse dans les entrailles tapissées  de panneaux publicitaires d’un monstre qui, telle une étoile à neutrons, aspire un à un les meilleurs d’entre nous. Je suis injuste, bien sûr, Paris est d’une beauté sans pareille mais sa gloire et sa morgue m’ont toujours effrayé.
Ma Grande ne voit pas les choses de cette manière, elle va passer quelques jours chez sa Cousine en région parisienne et cela va lui faire le plus grand bien. Je vois presque un sourire s’esquisser sur ses lèvres peintes en noir…

La Petite, cela lui allait bien. Elle a toujours été menue et souple. Petite, pas vraiment, mais quand on vit avec un père de presque deux mètres pour une bonne centaine de kilos, il est difficile d’impressionner par la taille. Autant sa sœur traînait son mètre quatre-vingt-cinq dès l’âge de quinze ans comme un bagnard traîne un boulet, autant la petite usait et abusait de sa taille et de sa vivacité de lynx pour nous étourdir de virevoltes et d’entrechats. La danse, commencée à cinq ans ne put contenir bien longtemps cette acrobate de la vie. La gymnastique combla ses penchants casse-cou et l’escalade sa soif d’absolu. A douze ans, elle avait vaincu chaque piton rocheux de Normandie. De la roche d’Oëtre aux falaises du fleuve Orne, son nom était connu dans tous les clubs d’escalade de la région. Elle était le petit lézard en combinaison verte qui ridiculisait les balourds bariolés qui rampaient péniblement alors qu’elle volait plus qu’elle ne grimpait.
Et moi, je restais là, au pied de la paroi, assurant consciencieusement. J’avais appris les subtilités de ce sport de rêveurs verticaux, non pour le pratiquer moi-même mais pour être là. Pauvre rugbyman perdu au milieu d’artistes de cirque.


Le Plessis-Robinson, je lâche ma Grande chez sa Cousine. Les deux filles s’adorent et pourtant, dix ans les séparent. La Cousine, quand elle ne voyage pas, vit encore chez ses parents dans un tout petit appartement dont les espaces restreints ont éveillé en elle une soif de grands espaces et d’absolu. A bientôt trente ans, elle  parle cinq langues, est la spécialiste mondiale du chamanisme Tadjik  et fait autorité en ce qui concerne l’évolution de l’Islam en Ouzbékistan. Cela ne l’empêche pas d’être un être chaleureux et attentif aux autres. Sa collection de diplômes ne lui a pas fait oublier qu’elle est la fille d’un ouvrier de chez Citroën.
Cette chaleur humaine fera du bien à ma grande. Je la serre prudemment contre moi. Elle tremble un peu et se raidit.  Putains de piercings ! J’avais pourtant fait attention !

Introvertie à l’extrême, la Grande avait toujours eu des problèmes avec son corps. On ne vit pas toujours bien le fait d’être en permanence au fond de la classe pour cause de gigantisme enfantin. L’attitude des adultes n’avait fait que renforcer ses complexes : ils oubliaient toujours qu’à l’intérieur de son grand corps, il ne se trouvait rien d’autre qu’une petite fille qui ne pensait qu’à jouer aux poupées. Son mètre soixante-dix à l’entrée en 6ème ne lui avait apporté que des ennuis : les autres enfants la traitaient de grande perche et les adultes ne comprenaient pas qu’elle fut si maladroite et immature alors qu’elle n’était simplement rien d’autre qu’une petite fille de onze ans perdue à l’intérieur d’un corps de femme.
Nous n’avions pas échappé aux séances chez le pédo-psychiatre et les choses s’étaient améliorées petit à petit, en partie grâce à la présence de la Petite qui, dès qu’elle sut marcher, utilisait sa sœur comme mur d’escalade. Il fallait les voir toutes les deux déambuler : le lutin aux yeux verts accroché au géant gauche et souriant…


Putains de piercings ! Elle en a encore posé des nouveaux ! Je repense à tout cela en me dirigeant vers le Quai du Point du Jour à Boulogne, au pied du périphérique. Ce n’est pas très loin du Plessis, et à cette heure la circulation est très fluide. L’on m’a assuré qu’avec mon carton d’invitation, je pourrai me garer sur le parking des invités.
Je roule maintenant le long de la Seine. A ma droite, essaie de couler ce formidable Titan  qui fut un fleuve, contraint dans ses rives de pierre et de fer tel un golem dont le front s’ornerait à jamais des lettres maudites annonciatrices de sa fin. Les frémissements de ma Grande m’ont à nouveau obscurci l’esprit, mes nuages intimes ne voient pas la vie qui grouille malgré tout le long des rives. Le Titan n’est pas mort.

J’avais été moi-même assez excentrique pour comprendre que la grande pouvait avoir besoin de s’affirmer par sa tenue vestimentaire. Je n’avais pas émis d’objections quand elle avait adopté la mode « Gothique » ni quand elle avait commencé à s’orner de quelques piercings. Tout cela était fort normal et je voyais plutôt d’un bon œil le fait que ma Grande se féminisait en s’ornant de tous ces anneaux et brillants. Elle fréquentait la boutique de piercings et avait été prise en amitié par la patronne, une sorte de guerrière bardée de cuir. Elles avaient dû se reconnaître… La patronne lui avait appris certaines techniques et surtout, avait veillé à ce qu’elle soit vigilante au niveau de l’asepsie.
Tout allait bien jusqu’à ce nous basculions tous dans le gouffre. A partir de ce moment, tout devint incontrôlable, la Grande se mit progressivement à se larder la peau d’un nombre de plus en plus grand de bijoux. A l’instar de Björk dans le clip « Pagan Poetry », elle faisait de son corps une œuvre d’art mortifère, enfouissant sa féminité sous le métal et la douleur.
Quand j’émergeai de mon voyage au cœur de la stupeur, il était trop tard pour réagir. Le psychiatre de ma fille me conseilla de ne rien faire :
« Elle est en période de crise grave, elle marche sur la limite entre la vie et la mort. Ces piercings et cette douleur sont, pour elle, une façon de se sentir vivante. Sans cela, elle aurait basculé. C’est dur pour vous mais patience… Elle s’en sortira, la vie reprendra un jour le dessus. »
Ce ne fut pas le cas pour sa mère…


Effectivement, je suis attendu. Et plutôt bien accueilli. Dès que je suis annoncé, c’est Nicolas, l’animateur-producteur de l’émission qui vient me chercher.  Je le connaissais bien pour l’avoir vu débouler à la maison le lendemain du jour où j’avais jeté son assistant. Il n’habitait pas si loin, possédant une résidence secondaire dans le village ultra tendance de La Perrière dans le Perche. Il me tutoyait et je continuais de lui dire « vous », ce qui ne le gênait aucunement.
« C’est vraiment super, tu vas voir ! On va faire un carton ! Un truc que les Américains n’ont jamais fait ! Un jour, ce sont eux qui nous achèteront les concepts d’émissions. Et tout ça grâce à toi. Je n’aurai pu rien faire sans ton accord, tu es un type formidable. Dommage que ta femme… Au fait, comment va-t-elle ?
- Bien, elle va bien mais elle est trop fragile pour venir, vous savez.
- Bien sûr, je respecte tout ça. D’ailleurs, l’émission, elle ne peut pas marcher sans le respect des uns envers les autres. C’est ça le concept. Fini les trucs dégueulasses, on va donner dans l’humain et toi, tu es mieux que ça, j’ai appris à te connaître. Ça va être une première dont on se souviendra longtemps. Et en direct ! De la vraie télé. Et ta femme, elle va regarder ?
- Bien sûr… »

Je n’avais pas été à la hauteur mais pouvais-je l’être ? Une automobile conduite par une femme sous cannabis avait suffi pour nous plonger dans un gouffre sans nom. J’ai passé des jours et des nuits comme hébété, un mur de pierre à la place des entrailles d’où s’échappaient de loin en loin de longs hurlements bestiaux que j’allais vomir dans ma cave, loin des sens à vif de ma femme et de ma Grande.
Et pourtant, j’allais remonter la pente. Tout avait changé et je retournai au travail. Ma femme allait mieux et nous étions apparemment un couple. Sauf que… nous n’étions plus rien l’un pour l’autre. La douleur qui séjournait en nous ne pouvait pas se partager, elle nous partageait. Nous avons essayé, nous avons voulu revivre comme avant, ne serais-ce que pour notre fille aînée. Nous avons tenté de nous retrouver, de faire l’amour. Ce fut un fiasco arrosé de larmes. C’est à partir de ce moment que ma femme lâcha prise...


La répétition. Je vis ces heures comme un soir de novembre lorsque le brouillard annihile toute velléité de vie, enveloppant tout d’une graisse blanche impalpable; isolant chacun et phagocytant chaque son. Autour de moi tout s’agite, tout est très professionnel. On ne me demande pas grand-chose comme on ne doit pas lui demander grand-chose à « Elle » dans le studio voisin. Je fais la connaissance d’un tas de monde, des gens apparemment célèbres dont je ne connais pas le visage ni le nom. La chanson, cela n’a jamais été mon fort. Je souris et ça leur plaît. Je passe toujours bien auprès des gens, c’est ce côté « gros ours rassurant ». Au bout d’un moment, je m’aperçois que  je suis au centre du maelström. Tous m’observent, tous me jaugent et je réagis dans leur sens. Décidément, je suis celui qu’il leur faut. J’ai toujours été l’homme qu’il fallait me disait mon épouse…

Je vais la voir chaque jour après le boulot. De toute façon, les visites ne commencent qu’à partir de dix-sept heures. Je suis surpris, les autres patients ne reçoivent pas tant de visites en semaine… L’infirmier de garde, quel qu’il soit, me sourit quand il déverrouille la porte et me désigne le salon de visite dans lequel je pénètre pendant qu’il va chercher ma femme. Peu de temps après, il revient avec elle et nous laisse seuls. S’ensuit un long monologue, car elle a perdu progressivement l’usage de la parole. Ce n’est même pas le Tercian qui la met dans cet état, ce médicament n’est là que pour l’empêcher de souffrir.
« Et la souffrance est mortelle, m’a dit son psychiatre, même sous surveillance certains patients peuvent se tuer, non parce qu’ils veulent se supprimer mais parce qu’ils souffrent trop. Un de mes malades s’est noyé volontairement dans son bol de thé. Tu comprends, on ne peut pas les laisser souffrir ainsi… »
Lui aussi me tutoie, je dois le rassurer. C’est vrai, je ne pose pas de problème, je viens toujours à la même heure pour parler avec elle dans ce petit salon orange si confortable, si calme. Et je suis si seul… car je sais qu’elle n’est plus là. Son esprit est parti définitivement. Mais je viens chaque soir à dix-sept heures, par fidélité.


Voilà, l’émission commence. Des lumières, des couleurs et de la musique. Un énorme panneau fait de centaines de néons de couleur surplombe la scène : REDEMPTION. Tel est le nom quasi religieux du concept. Montrer comment le malheur peut nous grandir et comment le pardon peut rendre sublime tout un chacun.

Le maelström reprend sa ronde infernale mais avec plus de brillance, plus de musique, plus de sentiments. Entre chaque chanson, est raconté mon calvaire, comment une automobiliste inconsciente sous cannabis a tué mon enfant si belle et si talentueuse, comment nous avons tous plongé dans le malheur, comment je suis resté ce roc blessé mais résistant à tous les ouragans…
Les larmes me viennent aux yeux, ce déferlement de sentiments ne peut laisser insensible même si tout est trop…, non pas mièvre mais trop sentimental, trop télévisuel. La glaciation de mes sentiments n’est pas visible, mes larmes ne sont que la respiration de l’iceberg.
Personne ne voit cela, Nicolas l’animateur sait  jouer de l’empathie du public et il fait un triomphe en tombant dans mes bras. Le public est au bord de la crise de nerfs juste au moment de la page de pub…
« Dommage que tu sois venu sans ta famille, mais à toi tout seul, tu vaux cinq personnes; tu sais on pense à toi comme conseiller pour les prochaines émissions, ton calme et ta présence rassureront les futurs participants. On va faire un carton, je te dis !»

Deuxième partie de l’émission : la « Rédemption ». Je connais déjà l’histoire : cette pauvre femme affolée qui s’était rendue quelques heures après son délit de fuite avait écopé d’un travail d’intérêt général à la suite d’un procès rondement mené dans lequel elle ne chercha pas à se disculper.
Son séjour dans un centre pour enfants handicapés en avait fait une sorte de sainte. Elle avait fondé un association d’aide aux victimes de la route qui avait déjà mené quelques actions efficaces envers les pouvoirs publics. Elle avait bien essayé de me contacter au bout d’un certain temps mais je l’avais toujours évitée jusqu’à ce jour. Jusqu’à ce que Nicolas, si humain et si brillant n’entre dans ma vie.

Pour le moment, nous ne sommes pas dans le même studio, Nicolas est avec elle maintenant. « Elle »  est la Rédemption. Je suis sagement le cours de l’émission. Une caméra m’observe et chacune de mes expressions de visage est diffusée en incrustation sur l’image.

L’émission touche à sa fin, chacun sait maintenant ce qu’elle a fait d’admirable, comment elle a quitté son mari fortuné pour se consacrer aux autres, comment elle a donné sa vie pour autrui et comment elle n’attend plus qu’une seule chose : le pardon. Un pardon comme aboutissement, un pardon comme catharsis.

C’est maintenant que commence la partie non répétée de l ‘émission. « Il fallait garder ce moment dans toute sa fraîcheur », avait dit Nicolas.
C’est cet homme brillant à la silhouette élancée qui m’amène cette jeune et séduisante femme en la tenant par la main. Je la vois submergée par l’émotion. Chez elle, le barrage s’est rompu. Moi, je reste humain, chaleureux, puissant et calme, comme on attend que je sois.
Elle est dans mes bras, je la domine de la tête et des épaules. Elle n’a pas encore osé lever la tête. Elle est agitée de sanglots. Le public est totalement silencieux. C’est comme si nous étions seuls.

Elle relève enfin la tête et ses yeux embués croisent les miens. Elle comprend soudain et son regard n’est plus que pure terreur muette.
Un bruit sec, comme une détonation. Ses vertèbres cervicales viennent de céder. Je soutiens presque affectueusement son corps sans vie. Et je pleure...
 

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LE LUTIN DENONCE UN EPOUVANTABLE SCANDALE

Par Le Lutin d'Ecouves - 16-10-2008 23:11:05 - 11 commentaires

Eloignez les enfants !
 
 
Aujourd'hui, Le Lutin va vous entretenir d'un scandale qu'il faut dénoncer avec la plus grande fermeté : Les zoos sont de véritables lupanars, des temples de la débauche, des Sodome et des Gomorrhe du stupre animal. Il faut que ça cesse ! Et quand je pense que les instituteurs emmènent leurs élèves en voyage scolaire dans ces cloaques pornographiques !
 
Jugez plutôt :
 

 Je suis écoeuré, ce trop m'atterre !
 

 Ça va de mal en okapi !
 
  Là, ma pudeur s'offusque !
 
 Et devant les enfants ! C'est rosse !
 
Et encore, il s'agit de pratiques "licites", passons en revue
l'épouvantable Kama Soutra bestial (éloignez les grand-mères) :
 
Pratiques trompo-génitales
 
 
Sexualité de groupe
 
 
 Même chez les lapins ! Et en plus, il y a un voyeur !
 
Pire encore : les singes, pervers notoires :
 

 Dès le plus jeune âge, ils se livrent à l'auto érotisme.
 
Sincèrement, vous feriez des trucs pareils ?
 
Et ça alors ? Je suis sûr qu'elle ne prend pas de douche !
 
Sans parler de l'homosexualité ! Zut, j'ai dit ce mot tabou ! Dieu me tripote !
 
Stop !
 
Il faut interdire les parcs zoologiques
aux moins de 18 ans !
 
Vous voulez vraiment voir ça ?
 
 
Non, restez chez vous avec vos animaux familiers qui sont autrement plus fréquentables car eux, au moins, ils vivent avec des gens équilibrés qui leur donnent le bon exemple.
 
C'est pas mignon ça ?
 
J'espère que mon billet vous aura ouvert les yeux et que vous ne vous risquerez plus dans ces lieux d'opprobe que sont les parcs zoologiques.
 
Dans un prochain billet, je dénoncerai le scandale de la sexualité des légumes.
 
 

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UN DIMANCHE AU BORD DE L'HUISNE

Par Le Lutin d'Ecouves - 13-10-2008 22:04:04 - 4 commentaires

 On/Off

 

Parfois, sans prévenir, la machine se déconnecte. Il suffit  d'une brise venant du sud ou d'une lumière particulière pour que l'on se mette à voir ce qui est là à nous attendre depuis un siècle ou deux...

Drôle d'organe que cet oeil qui toujours fouille l'espace; qui, si souvent, ne ramène dans ses filets que chaos et laideur et qui parfois ne voit plus que grâce et beauté.

 Etrange promenade, étonnant dimanche lors duquel je me suis permis de m'extraire un court moment de moi-même pour m'observer marchant le long des rives de l'Huisne.
 

 Des enfants jouent, produisant un léger bruissement semblable à du silence, leurs parents les regardent paisiblement. Personne ne souffre... Je réalise que le vent du sud en a grisé plus d'un.

Je me souviens d'un autre jour d'octobre à Arromanches qui fut si bleu qu'il m'en est resté une douleur au fond des yeux...

 ... il m'en est resté une voix qui ne cesse depuis de murmurer :

Prends garde à la douceur des choses.

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ARGEN(CON)TAN

Par Le Lutin d'Ecouves - 11-10-2008 20:17:23 - 1 commentaire

 Courir au Pays des Mustangs

 

Pas frais le Lutin ? Vous avez raison car il a couru là :

 Si vous supportez encore ses calembredaines et autres avanies, vous pouvez lire sa relation du semi marathon d'Argentan : ICI

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