CENT MÈTRES CARRÉS : MES HYMÉNOPTÈRES (III)
Le Lutin d'Ecouves

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CENT MÈTRES CARRÉS : MES HYMÉNOPTÈRES (III)

Par Le Lutin d'Ecouves - 01-05-2020 21:50:37 - 2 commentaires

Cette série de billets a pour but de faire un catalogue forcément incomplet des arachnides et insectes photographiés par mes soins dans mon petit jardin urbain d'Alençon de seulement 100 m². J'avais déjà commis un billet en 2017 mais je m'étais arrêté à 100 spécimens alors que chaque année m'apporte de nouvelles surprises ; de plus, ce billet ne comportait que des photos. Ce  petit hobby scientifique m'a beaucoup appris, entre autres que, pour qui sait regarder, la beauté de la nature est infinie. J'estime l'identification des espèces exacte à 95%. Que les spécialistes pardonnent mes éventuelles erreurs et qu'ils m'en fassent part que je les rectifie.
 
 
Hyménoptères (3ème partie)
 
 
 Vespa velutina
 
Vous pensiez en avoir fini avec la famille des guêpes, eh bien non ! Voici le fameux frelon asiatique facilement reconnaissable à ses pattes jaunes. Contrairement à son cousin européen plus imposant (Vespa crabro), celui-ci ne se contente pas de passer au-dessus de mon jardin en vrombissant, il se pose et se laisse gentiment photographier car le frelon asiatique est, contrairement à la légende, beaucoup plus pacifique que le nôtre qui a tendance à être un peu grincheux. Comme chez toutes les guêpes sociales, les reines construisent des nids en papier où elles pondent les œufs donnant les premières ouvrières qui l'aident ensuite à agrandir le nid et ce n'est pas peu dire ! Un nid à maturité (très souvent arboricole) peut faire un mètre de haut. Au bout d'un moment, on a affaire à un véritable immeuble à frelons où la population peut aller jusqu'à 2000 ouvrières et 500 futures reines et au moins autant de mâles en fin de saison (travaux de Quentin Rome). Même si vespa velutina est plutôt placide, je conseillerai de ne pas approcher son nid à moins de cinq mètres même si je l'ai déjà fait de très près... Ce frelon est fructivore et butineur mais il nourrit ses larves avec de la viande d'autres insectes (abeilles, guêpes, mouches, papillons etc...) comme le fait le frelon européen. Il est même capable de prélever des lambeaux de viande sur des cadavres d'animaux ou sur votre steak si vous le laissez traîner dehors. Ce frelon est très rustique et il n'est pas rare de voir des femelles butiner jusqu'à début novembre alors que les autres hyménoptères survivants se sont cachés pour hiverner. Cependant, il peut mourir d'hyperthermie au-dessus de 45°C, c'est pourquoi les abeilles Apis ceranae asiatiques se jettent en groupe sur les frelons trop proches de la ruche pour les entourer d'une boule compacte et faire ainsi monter leur température jusqu'à leur mort.
 
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Vespa crabro

Celle-là, elle s'est fait attendre ! Au bout d'une douzaine d'années, je peux enfin lui tirer le portrait. Elle, car c'est une jeune femelle de frelon européen qui vient certainement de sortir de son trou où elle a passé l'hiver, ce qui explique qu'elle a attendu la fin de la séance photo pour s'envoler enfin réchauffée. Son cycle de vie est comparable à celui de son cousin asiatique : seules des jeunes femelles fécondées passent l'hiver puis elles sortent de leur abri entre avril et mai, se nourrissant de liquides sucrés (nectars, sève) pour débuter la construction d'un nid en élevant leurs premières larves qu'elles nourrissent de mouches, guêpes et surtout d'abeilles. Ensuite, les ouvrières prennent le relais et le nid s'agrandit pour culminer parfois jusqu'à 1000 individus. Même s'il est plus grognon que le frelon asiatique, le frelon européen reste peu agressif sauf si l'on approche de son nid. Contrairement à la légende, son venin n'est pas plus dangereux que celui de la guêpe ou de l'abeille. Pour distinguer les deux espèces de frelons, c'est facile : le frelon européen est un tiers plus gros que son cousin asiatique et ses pattes sont rousses alors que celles de vespa velutina sont jaunes.

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 Scolia hirta
 
Guêpe thermophile, la scolie hirsute est plutôt méditerranéenne mais comme pas mal d'espèces, elle est remontée au nord depuis quelques années, ce qui explique sa présence en Normandie intérieure (par contre, sur la presqu'île du Cotentin, on rencontre naturellement un certain nombre d'espèces sudistes ; cela est dû à la quasi absence de gel). Sa piqûre est réputée très douloureuse mais comme c'est une guêpe solitaire, n'ayant pas de nid à défendre, elle est nullement agressive et il faut être bien empoté pour se faire piquer. La femelle a une manière bien à elle de nourrir ses larves : plutôt que de faire un nid, elle repère au sol les larves de scarabées tels que la cétoine, creuse éventuellement pour y accéder, paralyse la larve avec son aiguillon et dépose un œuf fécondé à côté. Elle ressort au besoin en creusant à nouveau en laissant sa larve se débrouiller pour dévorer sa proie après son éclosion.
 
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 Philanthus triangulum
 
Encore un voyou détesté par les apiculteurs ! Ce petit crabronidé est un philanthe apivore qui, comme son nom l'indique, est un prédateur de l'abeille qui est pourtant un peu plus grosse que lui... C'est un insecte solitaire qui creuse des galeries dans le sol où il dépose des œufs fécondés accompagnés de deux à trois abeilles paralysées par œuf. Je l'ai personnellement vu procéder, attaquant une abeille en plein vol, les deux insectes sont tombés à terre et avaient l'air de se battre comme des chiffonniers. Le philanthe pique l'abeille sous la gorge, ce qui a pour effet de la paralyser grâce au venin puis il transporte son imposante proie jusqu'à son nid où elle sera dévorée à l'éclosion des petits.
 
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 Cerceris rybyensis
 
Le cerceris commun est lui aussi un petit crabronidé solitaire qui a les mêmes mœurs que le philanthe mais il s'attaque surtout à des petites abeilles de type lasioglossum qu'il mord au niveau de la nuque et qu'il pique pour les paralyser avant de les donner à manger à ses larves qui nichent dans un trou au sol.
 
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 Ectemnius cephalotes
 
Ectemnius cephalotes est aussi un petit crabronidé solitaire mais on peut le trouver dans des habitats collectifs creusés dans du bois tendre où chaque femelle s'occupe de ses propres larves en leur amenant des proies, essentiellement des syrphes (famille de mouches souvent rayées jaune et noir). Pour se nourrir, cet insecte butine des apiacées mais ne dédaigne pas pour autant les larves ou les petits insectes.
 
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Crossocerus podagricus
 

Ce petit crabronidé a pour proies de petits diptères qu'il capture pour nourrir ses larves. L'animal est très peu étudié et je n'en sais pas plus... désolé.

 

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 Isodontia mexicana
 
Les sphécidés sont une famille de "guêpes" particulièrement élégantes. Provenant d'Amérique, l'isodonte mexicaine s'est implantée dans la partie méditerranéenne de la France dès les années 1960 et elle ne s'est répandue au nord qu'à partir de 2003. Son arrivée dans mon jardin date de 2014, elle y vient butiner mes chardons bleus qui ont un grand succès car j'y ai compté jusqu'à 40 individus en même temps. Elle fait son nid dans des cavités de bois ou de bâtiments. Elle nourrit ses larves de sauterelles qu'elle aura préalablement paralysées en les piquant au niveau des ganglions nerveux. Les adultes (le mâle est nettement plus petit) sont des butineurs.
 
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 Podalonia hirsuta
 
L'ammophile hérissée est censée vivre dans la partie sud des Alpes et dans le Cotentin mais elle semble bien avoir rejoint le sud de l'Orne où j'habite, nouvelle preuve du radoucissement progressif du climat dans cette partie de la Normandie. Ce sphécidé creuse son terrier dans des endroits sablonneux où il entasse des chenilles paralysées servant à la nourriture de ses larves. 
 
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 Macrophya annulata

 
Les tenthrèdes (appelés "mouches à scie" bien que ce ne soit pas des mouches) sont des hyménoptères primitifs dont les femelles ont la particularité d'avoir un ovipositeur en forme de"scie" avec lequel elles incisent le feuillage ou les tiges des plantes hôtes pour y déposer leur ponte. De cette ponte sort ce qu'on appelle des "fausses chenilles" qui se nourrissent du feuillage sur lequel elles ont été pondues tout comme le font les "vraies chenilles" du papillon. Les chenilles de macrophya annulata sont des prédatrices du rosier, de la ronce et de la potentille.
 
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Tenthredo notha
 
Ce tenthrède se nourrit de petits insectes de pollen et de nectar d'apiacées. Sa larve se développe essentiellement sur le trèfle blanc.
 
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Arge pagana
 
La tenthrède du rosier, comme son nom l’indique, dépose ses œufs sur les rosiers ou églantiers où les fausses chenilles qui en sortiront risquent de faire pas mal de dégâts. Avec sa "scie", la femelle pratique une incision dans une tige, y dépose ses œufs en ligne puis referme la plaie grâce à une sécrétion qu'elle produit (Voir ici sur insectes-net.fr). 
 
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 Cladardis elongatula
 
Pauvre rosier encore un ravageur ! Cette tenthrède s'attaque aussi au rosier et à sa famille en perforant les tiges pour y pondre ses œufs, permettant à ses larves de s'y développer.
 
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 Athalia rosae
 
La tenthrède de la rave se nourrit sur les ombellifères alors que sa fausse chenille de larve s'attaque aux crucifères.
 
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Amblyteles armatorius
 
Les ichneumons sont des hyménoptères dont la femelle possède un long ovipositeur parfois rétractable avec lequel elle dépose ses œufs dans les insectes hôtes (souvent des chenilles ou des chrysalides mais aussi des larves de coléoptères) sans les tuer ou les paralyser. L'hôte continue un moment sa vie pendant que la larve le grignote provoquant in fine sa mort. Amblyteles armatorius pond ses œufs dans des chenilles de noctuelles qui font de sacrés dégâts dans le jardin. Voilà pourquoi les ichneumons sont très appréciés des jardiniers.
 
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Ichneumon xanthorius
 
Autre espèce proche de la précédente : Ichneumon xanthorius parasite aussi les chenilles de noctuelles. Il s'agit ici d'une femelle (ovipositeur rétractable) reconnaissable à ses antennes tricolores. Le mâle a les antennes noires et le bout de son abdomen est noir au lieu d'être rayé.
 
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Ctenichneumon inspector ssp.nigriventris
 
Voici une magnifique femelle d'ichneumon sous-espèce de Ctenichneumon inspector. Comme beaucoup d'hyménoptères, si leurs larves sont souvent carnivores, les adultes butinent les fleurs pour se nourrir, mon pied d'angélique officinale est d’ailleurs apprécié par pas mal d'espèces...
 
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Ophion luteus
 
L'ophion jaune (il est en fait plutôt roux...) est un insecte tardif qui émerge à la fin de l'été. J'ai photographié ce spécimen un 16 novembre à une époque où on ne voit plus guère d'insectes hormis une ou deux femelles frelon asiatique à la recherche d'un abri. Cet ichneumon parasite lui aussi diverses chenilles.
 
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Tromatobia lineatoria
 
 
Encore un ichneumon tardif photographié en novembre, celui-ci fait partie de la sous-famille des Pimplines et c'est à peu près tout ce que j'ai trouvé sur cet hyménoptère...
 
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Gasterupion assectator
 
 
Proches des ichneumons, les gasteruptiidés sont aussi appelés ichneumonides. La femelle a un très long ovipositeur qui lui permet de pondre ses œufs dans les larves d'abeilles solitaires qui sont ensuite dévorées par la larve du gastérupion. Les adultes se nourrissent sur les apiacées.
 
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Lasius emarginatus
 
On allait oublier les fourmis ! Ce sont bien des hyménoptères comme les guêpes ou les abeilles et comme ces dernières, elle possèdent une organisation sociale sophistiquée et même plus complexe. Une fourmilière a non seulement une organisation architecturale (différentes salles pour différentes fonctions) mais les fourmis ont aussi une organisation sociale plus développée que les abeilles car s'il y a bien une reine (qui peut vivre parfois dix à quinze ans), des femelles et des mâles destinés à la reproduction, là où les ouvrières abeilles font toutes les tâches au cours de leur brève vie, les ouvrières fourmis sont parfois divisées en catégories : simples ouvrières minor ou ouvrières major puissamment armées pour la guerre. D'autres fourmis ont des ouvrières monomorphes, les tâches intérieures étant réservées aux plus jeunes, le pourvoi en nourriture étant effectué par les plus âgées. Chez certaines fourmis champignonnistes, on atteint jusqu'à 29 tâches différentes mêlant âge et morphologies particulières. Dans le cas de mes lasius emarginatus, point de polymorphisme, les ouvrières sont toutes identiques. Il s'agit d'une espèce de petites fourmis bicolores qu'on trouve fréquemment dans les constructions humaines, en l'occurrence dans un muret de mon jardin et certainement sous ma terrasse. Les ouvrières peuvent rayonner à plusieurs dizaines de mètres pour chercher de la nourriture. Une dernière précision : les fourmis comme tous les hyménoptères ont des ailes mais chez les ouvrières, ces ailes ne se développent pas. Seuls les mâles et les jeunes reines en possèdent et en usent le jour du vol nuptial lors duquel ils s'accouplent, ce qui provoque la mort du mâle et la dispersion des femelles qui s'enterrent ensuite en arrachant leurs ailes dans le but de créer une nouvelle fourmilière. Ce phénomène de "fourmis volantes" se passe généralement lors de fins d'après-midis chaudes en été et est très apprécié des oiseaux et autres prédateurs des insectes.
 

  Mise à jour du 25 août 2023
 
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2 commentaires

Commentaire de L'Dingo posté le 03-05-2020 à 11:43:00

Toujours aussi plaisant à lire.
Les fourmis mériteraient à elles seules un chapitre entier je crois.
J'en vois tous les jours , des noires , des brunes, des rouges, des géantes ou des minuscules, quelles familles !!

(j'ai même ouïe dire que les "fourmis jaunes" auraient repris le chemin de la ̶f̶o̶u̶r̶m̶i̶l̶l̶i̶è̶r̶e̶ , pardon de l'usine oops :-)) )

Commentaire de L'Dingo posté le 03-05-2020 à 11:45:12

zut alors !
̶f̶o̶u̶r̶m̶i̶l̶l̶i̶è̶r̶e̶ = fourmilière ( en barré)

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