CENT MÈTRES CARRÉS : MES COLÉOPTÈRES (I)
Le Lutin d'Ecouves

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CENT MÈTRES CARRÉS : MES COLÉOPTÈRES (I)

Par Le Lutin d'Ecouves - 27-11-2019 17:28:13 - 8 commentaires

Cette série de billets a pour but de faire un catalogue forcément incomplet des arachnides et insectes photographiés par mes soins dans mon petit jardin urbain d'Alençon de seulement 100 m². J'avais déjà commis un billet en 2017 mais je m'étais arrêté à 100 spécimens alors que chaque année m'apporte de nouvelles surprises ; de plus, ce billet ne comportait que des photos. Ce  petit hobby scientifique m'a beaucoup appris, entre autres que, pour qui sait regarder, la beauté de la nature est infinie. J'estime l'identification des espèces exacte à 95%. Que les spécialistes pardonnent mes éventuelles erreurs et qu'ils m'en fassent part que je les rectifie.
 
 
Coléoptères (1ère partie)
 
Pour ceux qui auraient oublié la leçon de choses de la septième, euh... du CM2, les coléoptères sont ces insectes qui ont les ailes protégées par des élytres. Le terme vient du grec "koleos" désignant le fourreau de l'épée mais aussi, par analogie, un des mots désignant le vagin, les conducteurs de SUV Renault apprécieront.

On va commencer par la famille des coccinelles dont je n'aurais pas imaginé la variété avant de me pencher sur le sujet.

Coccinella septempunctata
 
A tout seigneur tout honneur, la terrible coccinelle à sept points, l'Attila des pucerons. Au sortir de l’œuf, elle ressemble à ça :
 
 

Et "ça" c'est une larve tellement vorace que quand elle est en manque de pucerons, elle n'hésite pas à manger ses petites sœurs de taille inférieure ou encore dans l’œuf. Faut pas se gêner d'autant plus qu'elle est la seule à digérer ses congénères (en dehors d'Harmonia la coquine) car les autres animaux hésitent à boulotter de la coccinelle sous la forme œuf, larve ou adulte car elle contient un dangereux alcaloïde (coccinelline) qui dissout instantanément l'intérieur du puceron quand il est mordu mais qui donne aussi cet horrible goût amer* à l'insecte quand il est ingéré. L'oiseau qui a mangé une coccinelle s'en souvient toute sa vie et ne recommence plus, averti qu'il est par la couleur rouge de l'animal qui est un signe naturel de danger.


Eh bien, elle n'est pas rouge la coccinelle quand, après métamorphose, elle sort de sa nymphe mais rassurez-vous, en quelques heures elle passe du jaune au rouge pendant que des points noirs apparaissent sur ses élytres.

*Je confirme, j'ai goûté.

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Adalia bipunctata

Un tiers plus petite que sa cousine à sept points, la coccinelle à deux points est elle aussi une grande consommatrice de pucerons. Malheureusement pour elle, l'introduction des coccinelles asiatiques en Europe a considérablement réduit sa population et dans certains pays comme en Angleterre, son effectif a déjà été réduit de moitié.
 
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 Harmonia axyridis

La voilà justement la coupable ! Ce que vous voyez sur la photo n'est pas une fornication contre nature mais bien un accouplement de deux spécimens de la même espèce : la coccinelle asiatique. Les Américains la nomment "coccinelle arlequin" à cause de sa grande diversité de couleurs. Elle est de grande taille, semblable à notre coccinelle à sept points et est largement aussi vorace, tellement vorace qu'elle n'hésite pas à manger ses consœurs européennes quand elles sont à l'état de larves ; ce qui n'est pas réciproque, la larve d'harmonia axyridis étant hérissée de piquants et bourrée de défenses chimiques. De bonnes âmes voulant limiter le recours aux pesticides contre les pucerons avaient trouvé malin d'introduire massivement cette goinfre au début des années 80. Résultat : elle met en danger les coccinelles indigènes en créant un déséquilibre écologique. Le phénomène est d'ailleurs mondial car l'introduction de notre gentille coccinelle à sept points alliée pour une fois à la coccinelle asiatique a réduit d'au moins 60% la population de coccinelles à bandes transversales indigènes des Etats-Unis et du Canada. Comme quoi on est toujours l'envahisseur de quelqu'un...

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Hippodamia variegata

La coccinelle des friches est une petite espèce de la taille de la coccinelle à deux points et elle a le même régime alimentaire (pucerons, cochenilles) qu'elle peut diversifier en consommant du pollen ou du miellat.

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Propylea quatuordecimpunctata
 
La coccinelle à damier, elle aussi de petite taille, est appelée comme cela car, parmi l'importante variété de formes, elle peut présenter des taches presque rectangulaires. Très présente dans les herbacées (ortie, berce, armoise etc...), c'est aussi une grande consommatrice de pucerons. C'est une espèce très prolifique qui produit deux générations par an.

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 Coccinula quatuordecimpustulata
 
Elle aussi est censée avoir 14 points mais c'est la coccinule à quatorze taches qui n'est semble-t-il pas renseignée dans ma région. Elle mange des pucerons comme tout le monde, enfin presque...
 
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 Platynaspis luteorubra
 
La coccinelle fulgurante est très petite (3mm) et couverte de fins poils ce qui lui donne un aspect duveteux. Sa biologie est peu connue mais on sait qu'elle se nourrit de pucerons. Sa présence dans mon jardin est une énigme car c'est une espèce de prairies et de bords d'étangs.
 
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Henosepilachna argus

Toutes les coccinelles ne se nourrissent pas de pucerons, la coccinelle de la bryone est une espèce phytophage (qui mange des végétaux)  que l'on a des chances de trouver sur les cucurbitacées mais qui a été attirée en l'occurrence par mon chardon bleu qui diffuse une légère odeur de cadavre. La bryone étant une plante hautement toxique, je déconseillerais la consommation de cette coccinelle...

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Psyllobora vigintiduopunctata

La petite coccinelle à 22 points est mycétophage (qui mange des champignons), elle se nourrit essentiellement des champignons responsables de l'oïdium, maladie des plantes due à l'humidité.
 
 
 

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Myrrha octodecimguttata

La coccinelle à dix-huit points était considérée comme assez rare et ne vivant qu'au niveau des cimes de pins jusqu'à ce qu'on s'aperçoive qu'elle était plus courante qu'on ne croyait. Elle est donc sensée ne se nourrir que de pucerons du pin... Tout cela est absent de mon jardin. Ce spécimen provient peut-être de conifères d'un jardin proche ou alors cet animal est moins difficile qu'il n'y paraît.


Mise à jour du 9 novembre 2021


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8 commentaires

Commentaire de peky posté le 27-11-2019 à 19:30:14

Bonjour,

Super j'ai appris plein de trucs.
Je vérifierai dans le jardin.

Commentaire de Twi posté le 28-11-2019 à 13:59:24

Quelques miligrammes de douceur ... (je dis juste ça parce que je suis pas un puceron).

A noter les deux derniers numéros de l'excelllentissime journal la Hulotte (disponible uniquement sur abonnement) sur le sujet passionnant des "bêtes à bon dieu".

Commentaire de philibert69 posté le 28-11-2019 à 17:40:47

Superbes photos, comme d'habitude, et on apprend plein de choses. Mais tu n'es pas obligé de goûter à tous les insectes que tu nous présentes...

Commentaire de philtraverses posté le 30-11-2019 à 11:00:40

Il y a vraiment du beau monde dans ton jardin. On voit que tu n'utilises pas de glyphosate. Maintenant je comprends aussi le secret de ta longévité, sportive, tu manges les insectes de ton jardin, forme originale de dopage..

Commentaire de CAPCAP posté le 02-12-2019 à 07:38:48

"Sa présence dans mon jardin est une énigme car c'est une espèce de prairies et de bords d'étangs."
Sans doute a-t-elle senti un lieu agréable, accueillant et bienveillant ;-)
Superbe reportage !

Commentaire de Free Wheelin' Nat posté le 15-12-2019 à 09:27:53

Je plussoie Twi, la Hulotte, c'est bien, lisez la!
Mais je recommande aussi chaleureusement le blog 'Le Lutin et ses bestioles", coloré et instructif, il est tout aussi passionnant, lisez le!
Merci le Lutin!

Commentaire de loiseau posté le 19-12-2019 à 20:17:36

Super, et tout ça dans ton jardin 8-) !
Quand j'étais petit on me raccontait que le nombre de points donnait l'age de la bestiole, mais ce n'est donc pas ça ;-) !

Commentaire de philkikou posté le 26-12-2019 à 19:36:56

Ah que c'est chouette d'avoir un Lutin observateur et pédagogue sur kikourou ;-)

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