L'HOMME QUI N'AIMAIT PAS LES FEMMES
Le Lutin d'Ecouves

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L'HOMME QUI N'AIMAIT PAS LES FEMMES

Par Le Lutin d'Ecouves - 19-02-2015 17:46:30 - 10 commentaires

Nouvelles conférences sur la psychanalyse 
de Sigmund Freud (1932)
 (Traduit de l'allemand par Anne Berman -  Idées Gallimard)

Durant ma carrière professionnelle, j'ai plusieurs fois côtoyé Sigmund Freud dont l'influence de la théorie psychanalytique était considérable dans la formation des enseignants (tout particulièrement en France). Méfiant de nature et allergique aux vérités assénées, j'ai vite compris qu'il y avait un rat dans la soute comme dirait Jacques... J'ai découvert assez rapidement que ce qu'on nous présentait comme une théorie scientifique tenait plus de la métaphysique ou même du chamanisme quant à l'interprétation des rêves, des contes de fées (Bettelheim) ou des dessins d'enfants (auteurs divers). Mais ce n'est que petit à petit, en me débarrassant avec l'âge de mes oripeaux de mâle dominant que j'ai réalisé que la première victime de tonton Sigmund était la femme dont il a toujours nié la réalité de la féminité, allant dans certains écrits jusqu'à pratiquer une excision symbolique de la petite fille quand il explique son passage supposé du stade clitoridien au stade vaginal.

Les extraits présentés sont tirés de conférences que Freud a écrites mais pas présentées du fait de son grand âge. Comme quoi, on ne s'améliore pas forcément en vieillissant. Pour détendre l'atmosphère, j'ai intercalé entre les paragraphes des dessins de la graphiste chinoise Yang Liu.
 

 

 
Extraits de la conférence sur la féminité

 
En général, vous employez le mot « viril » dans le sens d' « actif » et le mot « féminin » dans le sens de « passif », non sans raison d'ailleurs. La cellule sexuelle mâle est active, mobile, elle va au-devant de la cellule féminine, l'ovule immobile et passif. Du reste, le comportement des individus mâle et femelle durant les rapports sexuels est calqué sur celui des organismes sexuels élémentaires.
 

Le complexe de castration de la fillette naît aussi à la vue des organes génitaux de l'autre sexe. Elle s'aperçoit immédiatement de la différence et en comprend aussi, il faut l'avouer, toute l'importance. [...] La fillette, quand elle découvre son désavantage, ne se résigne pas facilement : au contraire, longtemps encore elle espère se trouver un jour pourvue d'un pénis et cet espoir persiste parfois très tardivement.


 Parmi les mobiles capables d'inciter la femme adulte à se faire analyser, il faut compter le désir de posséder enfin le pénis. Le bien qu'elle attend raisonnablement du traitement, par exemple la possibilité d'exercer quelque profession intellectuelle, n'est souvent qu'une forme sublimée de ce désir refoulé.
 

Le désir du pénis a une indéniable importance. On cite quelquefois comme un exemple d'injustice masculine certain reproche adressé à la femme, à savoir que l'envie et la jalousie jouent un rôle plus considérable dans la vie spirituelle de la femme que dans celle de l'homme.


Nous imputons à la féminité un narcissisme plus développé qui influence le choix objectal, de sorte que, chez la femme, le besoin d'être aimée est plus grand que celui d'aimer. C'est encore l'envie du pénis qui provoque la vanité corporelle de la femme, celle-ci considérant ses charmes comme un dédommagement tardif et d'autant plus précieux à sa native infériorité sexuelle. La pudeur, vertu qui passe pour être spécifiquement féminine et qui est, en réalité, bien plus conventionnelle qu'on pourrait croire, a eu pour but primitif, croyons-nous, de dissimuler la défectuosité des organes génitaux.
 

On pense que les femmes n'ont que faiblement contribué aux découvertes et aux inventions de l'histoire de la civilisation. Peut-être ont-elles cependant trouvé une technique, celle du tissage, du tressage. [...] La nature elle-même aurait fourni le modèle d'une semblable copie en faisant pousser sur les organes génitaux les poils qui les masquent. Le progrès qui restait à faire était d'enlacer les fibres plantées dans la peau et qui ne formaient qu'une sorte de feutrage. 


La femme, il faut bien l'avouer, ne possède pas à un haut degré le sens de la justice, ce qui doit tenir, sans doute, à la prédominance de l'envie dans son psychisme. [...] Nous disons aussi que les femmes ont moins d'intérêts sociaux que les hommes, et que chez elles la faculté de sublimer les instincts reste plus faible.
 

Un homme âgé de trente ans environ est un être jeune, inachevé, susceptible d'évoluer encore. [...] Une femme du même âge, par contre, nous effraie par ce que nous trouvons chez elle de fixe, d'immuable; sa libido ayant adopté des positions définitives semble désormais incapable d'en changer. [...] tout se passe comme si le processus était achevé, à l'abri de toute influence, comme si la pénible évolution vers la féminité avait suffi à épuiser les possibilités de l'individu.


N'oubliez pas cependant que nous n'avons étudié la femme qu'en tant qu'être déterminé par sa fonction sexuelle. Le rôle de cette fonction est vraiment considérable, mais, individuellement, la femme peut être considérée comme une créature humaine. 



 

 
 

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10 commentaires

Commentaire de philtraverses posté le 19-02-2015 à 23:58:00

Là tu t'attaques à du lourd.Michel Onfray, dans son essai que tu as certainement lu, "le crépuscule d'une idole", voit lui aussi, entre autre, freud comme un misogyne, un phallocrate et rejette en bloc toute la théorie psychanalytique.
Je connaissais ce texte et je n'avais jamais été convaincu par cette argumentation, qui m'a toujours paru la partie la moins convaincante et la moins défendable de l'oeuvre de Freud.
Freud était certes un homme imprégné des préjugés de son époque, particulièrement la bonne société viennoise dont il fit partie, pas vraiment réputée pour son ouverture d'esprit.
On pourrait citer d'autres écrits de lui, tout aussi dévalorisants pour les femmes.
Pourtant, bien qu'étant féministe convaincu, révolté par le sort réservé aux femmes dans le monde, je pense que tout n'est pas à jeter dans Freud du seul fait que certains de ses écrits sont imprégnés de la plus vile misogynie.
En effet, il reste indéniablement de lui les grands concepts, dont il est l'inventeur, qui ont révolutionné la façon de concevoir les maladies mentales et le fonctionnement psychique:
Il en est ainsi des notions d’inconscient, du refoulement à l'origine des névroses, du moi, du surmoi, les mécanismes et de l'étude des rêves, des actes manqués dans la psychopathologie de la vie quotidienne etc.
C'est aussi lui qui est à l'origine entre autres du surréalisme, courant artistique et de pensée qui valorisait l'inconscient dans la création. J'en passe ce n'est pas le lieu.

Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 21-02-2015 à 18:37:16

Dans L'Orne, c'est vrai qu'on ne l'aime pas le Freud. Demande au Mustang qui connaît bien Onfray, ils sont du même pays.
Le sujet était la femme et j'ai voulu rester léger avec les illustrations mais si j'avais abordé les psychoses et l'autisme que j'ai étudiés, j'aurais été beaucoup plus sévère avec la psychanalyse qui a fait des dégâts irréparables dans les familles. Désolé, mais en lisant Freud, je ne vois aucune explication scientifique de la présence de ce qu'il avance mais plutôt une philosophie qui essaie de tordre les faits pour qu'ils collent au discours.

Commentaire de Bacchus posté le 20-02-2015 à 16:58:15

Très intéressant,
je ne connaissais pas cet aspect de Freud, normal je n'ai lu que l'introduction à la psychanalyse et c'était il y a très longtemps.
Merci de m'avoir éclairé, je vais sans doute rejeter un oeil là-dessus.

Commentaire de Khanardô posté le 21-02-2015 à 19:04:57

Salut Thierry,

tiens, un lien que j'avais conservé à l'époque, suite à une discussion avec toi et Lucas ; je m'étais dit qu'on en recauserait bien un jour !

http://www.lemonde.fr/idees/chronique/2010/04/28/l-idole-d-un-crepuscule_1343757_3232.html

(je suis preneur de toute idée pour classer tous ces trucs (des centaines peut-être plus) que je mets dans mes favoris comme un chien enterre ses os... !)

A+

Alain

Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 23-02-2015 à 22:52:44

Que de haine dans cet article ! Les réactions toujours violentes aux écrits d'Onfray (qui n'est pas un tendre, c'est vrai) prouvent bien qu'il dérange un système bien huilé qui aimerait bien continuer à ronronner tranquillement.

Commentaire de Khanardô posté le 24-02-2015 à 09:19:54

Ouh là... Je n'ai pas particulièrement perçu de la haine dans cet article (qui plus est, dans l'époque actuelle, mieux vaut peser les mots qu'on utilise et celui-ci me semble un peu fort ? ! ).

L'argu de Lévy est construit, étayé, à la différence manifestement du livre de Onfray, et de ses interventions et attaques orales ad hominem qui n'élèvent certainement pas le débat.

Comme souvent, il faut se garder de juger l'homme si l'on veut comprendre sa pensée, ce qu'explique bien Lévy dans son article, je trouve.

Il faudrait pouvoir en parler à plusieurs (entre hommes ? ! :-) ) autour d'une table un soir d'hiver.

A+

Alain

Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 23-02-2015 à 22:46:34

Un billet sur les femmes écrit par un homme à propos de l’œuvre d'un autre homme et commenté seulement par des hommes. Étonnant, non ?

Commentaire de Benman posté le 24-02-2015 à 21:54:34

C'est normal, les femmes sont à la cuisine pendant que les hommes sont sur internet en train de faire les beaux. Ah, non, c'est pas ça?
Bon, je mets un smiley ^-^ pour faire passer le suppôt.
Onfray n'importe quoi pour mettre des commentaires sympa au Lutin qui essaie d'élever le niveau en freudonnant, quand d'autres (surtout moi) le rabaissent.

Commentaire de philkikou posté le 24-02-2015 à 21:51:06

Psychanalyse :
"Faut-il réévaluer la spéculation astro-mythologique de Freud dans son approche structuraliste de la psychosomatique fliessienne ?"...
Réponse : "Ah, ça dépend." (Desprosges)

Freud : usurpateur ou génie ? je l'ignore. Mais ce qu'il y a de sûr c'est que j'aime bien écouter Michel onfray, l'empêcheur de penser en rond...

Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 25-02-2015 à 08:42:43

Amusant, on parle plus de Onfray que des femmes. Est-ce parce-qu'il est particulièrement clivant ou parce que parler du statut de la femme est plus dérangeant que je ne le supposais.

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