Cette série de billets a pour but de faire un catalogue forcément incomplet des arachnides et insectes photographiés par mes soins dans mon petit jardin urbain d'Alençon de seulement 100 m². J'avais déjà commis un billet en 2017 mais je m'étais arrêté à 100 spécimens alors que chaque année m'apporte de nouvelles surprises ; de plus, ce billet ne comportait que des photos. Ce petit hobby scientifique m'a beaucoup appris, entre autres que, pour qui sait regarder, la beauté de la nature est infinie. J'estime l'identification des espèces exacte à 95%. Que les spécialistes pardonnent mes éventuelles erreurs et qu'ils m'en fassent part que je les rectifie. (Mise à jour du 11 avril 2022).
Hyménoptères (2ème partie)
Megachile centuncularis
Continuons avec les abeilles solitaires. Cette petite abeille (entre 0,8 et 1 cm) est un mégachile du rosier. Comme son nom l'indique, elle découpe des morceaux de feuilles de rosier, non pour s'en nourrir mais pour fabriquer des petites cellules pour ses œufs en les repliant en cigare qu'elle introduit dans des galeries creusées dans la terre ou la pulpe de bois. Contrairement à d'autres abeilles, elle ne récolte pas le pollen avec ses pattes mais avec une brosse située sous son ventre. Si vous constatez de jolies découpes en cercle sur vos feuilles de rosier, ne vous inquiétez pas, les dégâts resteront minimes et cette petite abeille participe grandement à la pollinisation. Les avantages de cet insecte restent donc bien supérieurs à ses inconvénients d'ordre esthétique.
J'ai une seule fois réussi à photographier un mégachile à la sortie de son terrier. Remarquez les feuilles découpées net autour du trou, ce ne sont pas des feuilles de rosier, ce qui semblerait indiquer que cet insecte est plus opportuniste qu'on ne le croit.
******
Anthidium manicatum
Autres mégachiles, les anthidies sont aussi appelées "abeilles cotonnières" car elles cardent et feutrent les feuilles et récoltent ainsi de la matière duveteuse pour tapisser leurs nids creusés dans le sol, leur donnant ainsi l'aspect du coton. L'anthidie à manchettes présentée ici est une femelle, le mâle quant à lui est beaucoup plus gros et présente quatre épines à l'arrière de son abdomen qu'il utilise pour agresser tout autre insecte (guêpes, abeilles...) qui approche de son territoire en lui lacérant les ailes.
******
Note : Un certain nombre d'espèces sont présentées sur du chardon bleu qui n'est pas la fleur qu'elles butinent habituellement mais qui me sert bien car sa légère odeur de cadavre fascine bon nombre d'espèces.
Anthidium septemspinosum
Autre abeille cotonnière (les Anglais les appellent abeilles cardeuses), l'anthidie à sept épines a les mêmes mœurs belliqueuses en ce qui concerne le mâle (présenté ici) mais vous ne risquez rien car il ne s'attaque pas aux humains contrairement aux abeilles sociales.
******
Chelostoma rapunculi
Le chélostome des campanules est une toute petite abeille mégachile qui, comme son nom l'indique, est spécialisée dans le butinage des campanules mais aussi de la centaurée, ce qui ne l'empêche pas d'apprécier mon chardon bleu.
******
Coelioxys elongata
Si elle butine pour se nourrir, cette petite abeille mégachile facile à reconnaître avec son abdomen pointu ne récolte pas de pollen car c'est une abeille cleptoparasite : elle pond ses œufs dans les nids d'autres mégachiles, ses larves mangent ensuite les œufs de leurs hôtes pour mieux assurer leur survie.
Halictus scabiosae
L'halicte de la scabieuse niche dans des tunnels creusés au sol, parfois en bourgade. Elle se nourrit de pollen et de nectar, c'est aussi la nourriture des larves élevées dans les tunnels.
******
Lasioglossum malachurum
Les Français n'ont semble-t-il pas donné de nom vernaculaire à cette petite abeille de la famille des halictidés qui, au contraire de beaucoup de ses collègues n'est pas solitaire mais sociale. Les reines fécondées de l'année précédente hivernent à plusieurs dans un seul nid (un simple terrier) et quand la belle saison pointe le bout du nez, c'est la bagarre jusqu'à ce qu'une seule reine entre en possession de tout le nid, les autres allant en fonder de nouveaux plus loin. La reine pond ensuite ses œufs d'où sortiront quelques femelles ouvrières qui vont la seconder. Lors de cette première période, la reine s'absente fréquemment pour butiner et ainsi rapporter de la nourriture destinée au couvain. Ces absences du nid s'accompagnent d'un risque élevé d'usurpation du nid par des abeilles coucous du genre sphecodes. Une fois la première génération au travail, la reine reste dans le nid, faisant office de pondeuse mais aussi de gardienne, surveillant constamment l'entrée du nid. Les mâles et les futures reines sont produits au mois d'août. A l'automne, une fois les jeunes reines fécondées, les ouvrières et les mâles meurent et le nid se met en hibernation.
******
Lasioglossum albipes
Autre abeille sociale proche de la précédente, photographiée en plein vol. La reine lasioglosse à pattes blanches creuse un tunnel vertical d'environ 15 cm dans le sol où elle va pondre dans des cellules avant d'être secondée par ses ouvrières. Cette espèce se nourrit et nourrit ses larves en butinant.
******
Lasioglossum calceatum
Le lasioglosse commun peut être confondu avec le lasioglosse à pattes blanches. Si je ne me suis pas trompé, il s'agirait là d'un mâle. On peut l'observer de mars à octobre. Le nid est construit dans un gazon ras ou dans d'autres situations ouvertes au soleil mais ne semble pas se trouver en grands rassemblements. Dans la situation la plus typique, la femelle fondatrice solitaire creuse toute la longueur du terrier principal, qui est presque vertical. Elle construit ensuite un court tunnel latéral à une certaine distance du fond qui mène à un groupe de cellules en forme de peigne entourées d'une chambre à air. La femelle construit 4 à 7 cellules dans lesquelles elle élève des ouvrières plus petites aux ovaires sous-développés et parfois un ou deux mâles. Les ouvrières prennent ensuite en charge la recherche de nourriture.
******
Lasioglossum nitidulum
Le lasioglosse brillant se distingue des autres par sa couleur vert bronze. Peu de renseignements sur cette espèce à part qu'elle niche sur des parois en pente, murs en pierre sèche ou de maison. Elle se nourrit sur des astéracées.
******
Halictus quadricinctus
L'halicte à quatre bandes est un des plus longs de la famille. C'est une abeille solitaire creusant des nids à plusieurs cellules mais on a observé des nids coopératifs de plusieurs femelles. Cette espèce butine le souci des champs, la centaurée, le chardon d'Espagne, la moutarde...
******
Sphecodes albilabris
En zoologie, le labre est l'équivalent de la mâchoire supérieure chez les insectes. Le sphécode à labre blanc est aisé à identifier grâce à cette petite moustache et à son abdomen rouge. C'est aussi une abeille de la famille des halictidés mais elle se s'embête pas à fonder une colonie car c'est une abeille-coucou qui va pondre dans le nid d'autres abeilles, généralement les mégachiles du rosier cités plus haut.
******
Vespula vulgaris
Nous quittons enfin le monde des abeilles pour entrer dans celui des guêpes (vespidés). Ces satanées guêpes sont très courantes mais constamment en mouvement, ce qui les rend difficiles à photographier. La guêpe commune est un insecte social (une reine et des ouvrières essentiellement puis des mâles et des jeunes reines destinés à la reproduction) qui vit en nids pouvant compter 5000 à 10 000 individus. Elles sont responsables d'une bonne moitié des attaques sur les humains qui passent près de leurs nids fabriqués en papier à partir de débris de bois. La guêpe n'est pas commode à proximité de chez elle mais juste énervante quand elle vient voler au-dessus de votre steak. C'est une espèce prédatrice des autres insectes mais c'est surtout pour alimenter ses larves car la guêpe adulte se nourrit de miellat, de nectar et de fruits tombés ou abîmés. En fin de saison, le nid est abandonné et les reines fécondées vont hiverner à l'abri dans des cavités ou même dans votre grenier.
|
Vespula vulgaris (Reine)
|
|
Ce spécimen nettement plus gros (environ 2 cm) a été photographié un 29 mars. c'est une reine qui va d'abord se nourrir quelques semaines avant de commencer la fabrication de son nid.
******
Polistes dominula
Le poliste gaulois est une guêpe un peu plus grosse que la guêpe commune facile à reconnaître par ses deux pattes arrières beaucoup plus longues que les autres qui traînent derrière elle quand elle vole. Cette espèce est très peu agressive et se laisse facilement photographier. Ses mœurs sont semblables à celle de la guêpe commune mais son nid en papier mâché est considérablement plus petit, accueillant au maximum 100 à 200 individus. Le poliste est un prédateur de chenilles donc un utile auxiliaire du jardinier.
******
Euodynerus dantici
De la sous-famille des Eumènes, cette très belle guêpe est solitaire et fait son nid dans des loges ou terriers parfois abandonnés par d'autres espèces. pour nourrir ses larves, elle capture des chenilles de microlépidoptères (petites espèces de papillons). Elle semble assez rare mais elle est cependant répandue sur toute la surface eurasiatique.
******
Ancistrocerus nigricornis
Autre Eumène, cette guêpe maçonne fait partie des premières arrivées au printemps. Les mâles meurent en automne et seules les femelles ressortent de leur cache dès mars pour faire leur nid dans un trou quelconque (bois, mur...) dans lequel elles maçonnent une série de cellules séparées par des cloisons d'argile. Grand classique, elle y amène des proies vivantes (chenilles) préalablement paralysées par son dard. Ses larves se chargeront des proies pour se développer tranquillement et émerger en juin.
******
Ancistrocerus Gazella
La forme des antennes et les dessins du thorax me font penser à une autre espèce d'ancistrocerus, probablement gazella. L'identification reste difficile sur photo et je ne suis pas prêt à trucider les insectes pour les observer à loisir... L'intérêt de ce cliché est de montrer dans quel type d'habitat cette guêpe peut installer ses nids.
******
Delta unguiculatum
La plus belle et la plus impressionnante des guêpes, ma préférée : l'Eumène unguiculé est une guêpe courante en Espagne qui remonte chez nous depuis quelques années. De la taille d'un gros frelon, cette élégante à la taille de... guêpe est aussi intimidante que pacifique comme toutes les guêpes et abeilles solitaires. Au pire, quand je l'ennuie trop avec mon appareil photo, elle pratique devant mon nez un vol d'intimidation histoire de me signifier que je la gêne. Son dard ne lui sert qu'à paralyser les chenilles qu'elle capture pour ses larves. C'est une guêpe potière qui fabrique de petites amphores avec de la terre, du sable et sa salive. Dans chaque pot souvent collé sur une paroi rocheuse ou plus simplement sur les murs des maisons, elle met un œuf et une chenille encore vivante qui sera dévorée par la larve à sa sortie de l’œuf.
******
Eumenes pomiformis
On pourrait le confondre avec son cousin unguiculé nonobstant le fait que cette guêpe potière est beaucoup plus petite. Cela dit, l'eumène couronné a des mœurs identiques et fabrique aussi de petits pots pour y loger ses œufs et les chenilles destinées à nourrir sa progéniture.
******
1 commentaire
Commentaire de Free Wheelin' Nat posté le 15-04-2020 à 21:27:17
Poliste, Eumène.. De jolis noms et de très beaux insectes, de quoi se réconcilier avec les guêpes, ces incomprises!
Merci pour ces magnifiques photos!
Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.