Par Le Lutin d'Ecouves - 31-10-2007 16:08:44 - 5 commentaires
Dans la musique française du XVIIème siècle, le Tombeau était une pièce lente de forme assez libre composée après la mort d'un grand personnage, d'un collègue musicien (maître ou ami) ou d’un membre de la famille pour en honorer la mémoire.
Cette forme d'expression purement française peut revêtir l'aspect d'une Allemande ou de l'ancienne Pavane, danse de la Renaissance tombée en désuétude. Elle est certainement héritière des Funeralls et autres Lachrimae des compositeurs anglais de l'époque Elisabéthaine (le plus célèbre de ces dépressifs étant le génial John Dowland, mort en 1626 dont Sting a repris certains "songs" dans son dernier album).
Le Tombeau exprime avec grandeur et retenue une sorte d'effroi mâtiné de stupeur face à la mort. Il ne s'agit pas là de se lamenter en s'arrachant les cheveux comme dans le Lamento Italien mais bien de témoigner d'une douleur digne et fataliste.
Loin de moi l'idée d'infliger à mes trois lecteurs potentiels l'écoute de la quinzaine de Tombeaux de ma collection, j'ai choisi les plus significatifs de l'Esprit Français de l'époque :
Le plus ancien connu est certainement le Tombeau de Mezangeau (grand luthiste mort en 1638), oeuvre d'Ennemond Gaultier (né en 1575) qui emprunte à son début quelques notes des Lachrimae de John Dowland. Ce n'est pas un hasard si cette pièce est une oeuvre pour luth; la moitié des Tombeaux sont dédiés à cet instrument ou au théorbe (luth grave accordé différemment).
Quelques tombeaux furent aussi composés pour le clavecin comme en témoigne ce Tombeau de Chambonnières (fondateur de l'école française de clavecin) du compositeur Jean-Henry d'Anglebert (1635-1691).
La viole fut, après le luth l'instrument privilégié pour exprimer la souffrance du musicien français grâce à son timbre si proche de la voix humaine. Marin Marais composa trois Tombeaux pour Mr de Ste Colombe, pour Monsieur Meliton et pour Monsieur de Lully dont voici une interprétation :
Plus touchant, ce témoignage d'un père attristé par la mort de ses filles en bas âge : Le Tombeau de Mesdemoiselles de Visée par Robert de Visée, professeur de guitare de Louis XIV et théorbiste dans l'orchestre du Roi.
Terminons par le Tombeau le plus connu grâce au film d'Alain Corneau "Tous les matins du monde" : Le Tombeau Les Regrets de l'énigmatique Monsieur de Ste Colombe maître de la viole du XVIIème siècle qui fut à l'origine de l'ajout d'une septième corde grave à la basse de viole.
Si le tombeau fut un genre oublié dans la seconde partie de l'époque baroque (à l'exception de Jean-Marie Leclair), les compositeurs du début du vingtième siècle feront quelques pas sur les traces des anciens maîtres; citons Maurice Ravel pour Le Tombeau de Couperin ou Manuel de Falla pour le Tombeau de Debussy.
Pour tout renseignement supplémentaire (autres tombeaux, par exemple) contactez-moi par MP.
Par Le Lutin d'Ecouves - 27-10-2007 10:22:54 - 7 commentaires
Par Le Lutin d'Ecouves - 24-10-2007 23:37:27 - 1 commentaire
La corde raide
"Tightrope" de Laurie Anderson
Traduction : Le Lutin d'Ecouves
Et tous mes amis allaient et venaient le long d'un ponton.
Et ma grand-mère défunte vendait de la barbe à papa à l’extérieur d’une petite cabane.
Et il y avait une grande roue à peu près à huit cents mètres au large dans l’océan, mi-émergée, mi-immergée.
Et tous mes anciens petits amis étaient dessus. Avec leurs nouvelles petites amies.
Et les garçons faisaient des signes et hurlaient et les filles poussaient des cris aigus. Puis ils disparaissaient sous la surface puis reparaissaient à nouveau, riant et suffocant.
Dans ce rêve, je tente de rester en équilibre sur une corde raide, basculant d’avant en arrière. En dessous de moi, se trouvent tous les membres de ma famille et si je tombe, je les écrase.
Cette longue ligne étroite, cette mélodie, ce cri. C’est la seule chose qui me relie à ce monde tournoyant du dessous, à tous les gens, à tout ce bruit, ces sons, ces cris.
Ce fil fait de sons, ce long fil étroit constitué par mon propre sang.
Souvenez-vous de moi, c’est tout ce que je demande et si se souvenir devient une obligation, oubliez-moi.
Ce long fil ténu, ce fil si étroit ...
Cette corde raide faite de sons...
Par Le Lutin d'Ecouves - 22-10-2007 22:38:00 - 4 commentaires
Yessss : ils sont tous arrivés !!!
Par Le Lutin d'Ecouves - 21-10-2007 21:20:11 - 5 commentaires
Diagonale des Fous : des héros pas si ordinaires
Par Le Lutin d'Ecouves - 16-10-2007 23:20:18 - 6 commentaires
Salut les Kikous, vu l'immense succès de mon billet sur la polyphonie Franco-Flamande, je vais recentrer temporairement mon blog sur la course à pied.
Aujourd'hui, je vais vous parler de gens qui sont dans l'avion à l'heure où je vous écris, tous sont Alençonnais et tous vont participer au Grand Raid de la Diagonale des Fous. Je sais qu'ils ne sont pas des champions mais ce sont mes héros à moi et je suis fier d'être leur copain.
D'abord, Loïc. Il est chirurgien et il part pour son tout premier ultra après un échauffement au semi du Morbihan. Loïc, j'ai pour lui beaucoup d'admiration mais il ne le sait pas. Il faut dire qu'il y a trois ans, il s'est trouvé un cancer du poumon (il ne fumait plus depuis dix ans à peine). Il s'est dit : "Eh bien, un cancer, ça se soigne !" Et il s'est remis à courir dès qu'il a pu : entraînements entre deux chimios et première compétition six mois après son opération. Il faut ajouter à cela que c'est un gars simple et ouvert, ça ne gâte pas le portrait !
Par Le Lutin d'Ecouves - 13-10-2007 19:39:06 - 8 commentaires
Billet mis à jour le 18 octobre 2018
Qu’est-ce que la polyphonie ?
L’aire franco-flamande
Les caractéristiques de la polyphonie franco-flamande
Les musiciens :(certaines œuvres sont données en extraits, Ref est un lien pour l'interprétation)
Les précurseurs
Le royaume de France
L’apogée
Les héritiers
Par Le Lutin d'Ecouves - 12-10-2007 08:02:45 - 3 commentaires
Par Le Lutin d'Ecouves - 10-10-2007 00:13:06 - 11 commentaires
La Culture, c'est comme la confiture...
Par Le Lutin d'Ecouves - 06-10-2007 10:11:00 - 10 commentaires
L'autre jour, j'étais dans une salle d'attente et je suis tombé par hasard sur cet article de l'Express datant de juin :
Durant la campagne présidentielle, Hervé Morin s'est adressé à Claire Gibault députée européenne proche de Bayrou et chef d'orchestre dans le civil pour lui demander : "J'ai entendu l'Adagio d'Albinoni, c'est superbe, de qui est-ce ?" Et Claire Gibault, devenue depuis membre du MoDem tandis que Morin a été nommé ministre de la défense de Nicolas Sarkozy, de répondre : "C'est comme la couleur du cheval blanc d'Henri IV."
Là, vous voyez le gars, il a une bonne tête de victime.
Là, vous riez et fustigez le pauvre troufion qui n'a pas le droit d'accéder à la Culture car ce n'est qu'un béotien ignare qui pue des pieds.
Eh bien, vous vous trompez ! L'Adagio d'Albinoni n'est pas d'Albinoni !
Le Lutin qui est un amateur, entre autres, de musique baroque a tout de suite vu le gag : Le fâââââmeux Adagio d'Albinoni est un faux, madame ! C'est une composition de 1945 due au musicologue Remo Gaziotto, inspirée de fragments d'une sonate en trio d'Albinoni (1671-1750-51).
Madame Gibault, tout chef d'orchestre qu'elle est, s'est pris les pieds dans la baguette. Cela ne m'étonne pas, j'ai rencontré de nombreux musiciens peu cultivés en matière de musique. Ce n'est pas un paradoxe car la musique est un art tellement exigeant que la spécialisation dans un domaine instrumental ou autre exclut souvent la connaissance générale par manque de disponiblité.
Curieux comme un Lutin et féru de toutes les cultures, je n'ai moi-même pas toujours échappé à ce mal appelé pédantisme dont est atteinte Madame Gibault ainsi qu'une bonne partie de nos élites intellectuelles. Le sport, lieu de brassage social, m'a aidé à recentrer mes idées et à respecter autrui pour ce qu'il est et non pour ce qu'il sait. Et je peux vous dire que pour un enseignant, c'est une sacrée bouffée d'oxygène !
Pendant qu'on y est, le Concerto d'Aranjuez, il est de Rodrigo (1901-1999) mais le canon de Pachelbel est bien de Pachelbel (1653-1706). (Ça y est, je ressors la confiture...)
Quant au véritable Adagio d'Albinoni, le voici; c'est le deuxième mouvement d'un concerto pour haubois de l'opus IX prenez le temps de l'écouter et laissez-vous bercer par ce rythme de barcarolle (rythme vénitien du roulis de la barque) :