31 mai 2019
La Normandie n'est pas plate mais comme les Normands, ses reliefs sont pleins de mesure. Ce sont les premiers touristes visitant ce pays situé à cheval sur le Calvados et l'Orne qui ont eu cette idée saugrenue de qualifier les vallées de l'Orne et de ses affluents de "Suisse Normande".
Restons dans l'Orne, le pays des derniers lutins normands. Nous démarrons notre randonnée au Mesnil-Villement et plus précisément au Pont-des-Vers témoin maintenant inerte du passé industriel de l'Orne qui a compté jusqu'à 450 000 habitants du temps de la splendeur des filatures (aujourd'hui 285 000 h). L'usine maintenant désaffectée a longtemps fabriqué les fameuses blouses grises des instituteurs et fonctionnaires ainsi que le tissu vichy des tabliers d'écoliers, blouses de femmes et même de la robe de mariée vichy rose-mauve de Brigitte Bardot en 1959.
Nous suivons d'abord le cours de la Rouvre qui serpente parmi les hautes collines dont la modeste splendeur printanière brille de tous ses feux.
On est ici en plein pays de Faërie où grouillent les êtres magiques pour qui sait voir. En ces lieux, les Peuples sont tranquilles car peu nombreux sont les fâcheux parmi les collines.
Les prés ne sont que vie et douceur, certains semblent des constellations florales. Je déplore à ce moment le nombre trop restreint de papillons, eux qui couvraient la campagne par milliers lors de mon enfance au milieu du vingtième siècle.
Déjà 13 km parmi des sentiers parfois escarpés. Nous faisons une pause sur le nez de la roche d'Oëtre qui domine la Vallée de Rouvre d'une bonne centaine de mètres. La vue est grandiose et le calme olympien. Le temps s'étire... Je pense à mon Mustang que j'avais poutré d'importance lors du trail local il y a dix ans et qui en avait fait un désopilant exercice de style à la Queneau.
Nous quittons enfin la Rouvre pour suivre les méandres de l'Orne, fleuve tranquille bordé d'immenses prairies parfois trouées de marécages. La balade est aisée sauf quand il faut escalader les falaises formées par le cheminement serpentin de l'eau. C'est lors d'une de ces longues montées que nous manquons de marcher sur une magnifique vipère péliade de cinquante bons centimètres de long qui semblait digérer son repas au soleil. Las, me voyant sortir mon appareil photo, le gracieux animal situé à moins d'un mètre se glisse entre les herbes et disparaît.
Arrivés sur le plateau surplombant l'Orne, nous marchons un bon moment parmi les cultures de blé, d'orge ou de fèves. Il fait très chaud pour des lutins... vingt-trois degrés au moins.
Le retour se fait par des routes de campagne le long du cours de l'Orne rejoint par d'aimables ruisseaux dont la présence nous donne à penser que cette belle journée n'est pas terminée.
Retour par le Pont-des-Vers et son viaduc SNCF dont les rails sont partis en Allemagne dans les années quarante. Nous avons parcouru 24 km dans la paix ensoleillée de notre beau pays d'Orne. Finalement, la vie est belle.