Chaque photo a une histoire, chaque photo est une histoire... En décembre, je fais le bilan d'une année photographique, illustrant mes humeurs, mes goûts, ma vision du monde. Illustration de l'année 2018 en douze clichés qui, je l'espère, ne relèvent pas du cliché. (En cliquant sur les photos, vous pouvez les voir en plus grande définition.)
Janvier
Ecouves, bien sûr ! Ce 14 janvier, le ciel est dégagé et le froid bien présent. Je ne résiste pas à me livrer à mon vice préféré : le contre-jour qui révèle à ce moment l'intimidante personnalité des arbres. Cette photo mystérieuse ne rend compte que très partiellement de l'étrangeté de certains matins en Ecouves quand le corps perçoit par tous ses pores la présence quasi palpable de cette unité multiple qu'est la forêt d'Ecouves.
Compact Sony DSC-TX30
Février
Ecouves encore... Ce 9 février, malgré les injonctions des autorités nous demandant de ne pas emprunter les routes enneigées, mon épouse et moi ne pouvons résister à l'idée d'effectuer une balade en forêt. Notre parcours parmi la nature immaculée juste marquée par les traces d'animaux nous amène en vue du carrefour de la Croix-Madame. Ladite croix semble nimbée d'une lumière irréelle. A ce moment, le monde est ouaté et le silence a une blancheur de porcelaine.
Hybride Panasonic DMC-G80
Mars
Évora, ville portugaise au passé prestigieux mais à la modestie surprenante. On ne peut pas dire que le tourisme a endommagé la cité. Avant de continuer notre voyage vers l'Algarve, nous y faisons une halte de deux jours pour y admirer les nombreux monuments allant de l'époque romaine jusqu'au XVIIIème siècle. Les photos prises sur place ressemblent à de banales photos de touristes. Seul ce cliché recèle une authenticité et une vie correspondant à ce que nous avons vécu sur place. Je voulais une image d'une de ces nombreuses rues étroites quadrillant la ville. Je n'avais en fait pas vu la silhouette si typique de la dame au cabas quand j'ai appuyé sur le déclencheur. A ce moment, il y eut un coup de vent qui fit s'envoler un groupe de pigeons ainsi que les rideaux d'une maison proche.
Compact Sony DSC-RX100M2
Avril
J'aurais pu ici mettre une photo des magnifiques falaises de la Côte Vincentine ou de ses immenses plages désertes en avril. J'aurais pu mettre mes clichés du littoral de l'Algarve magnifiquement découpé dans le calcaire et je vous aurais présenté une jolie carte postale. J'ai préféré vous montrer un moment : après un hiver en Normandie, nous nous accordons une parenthèse ensoleillée au sud du Portugal pour fêter nos 40 ans de mariage. Il fait doux, la mer est calme et le ciel sans nuage. Lors de notre promenade sur le sentier des Sept Vallées Suspendues, nous nous arrêtons sur une plage, profitant de la paix accordée aux vacanciers du printemps. Soudain, un galion apparaît. Il ne revient pas chargé de l'or du Brésil, c'est juste un bateau permettant aux touristes encore peu nombreux d'admirer les spectaculaires découpes des falaises de craie ocre mais, pour un instant, nous sommes des enfants et nous arpentons les pages d'un roman d'aventures.
Hybride Panasonic DMC-G80
Mai
Difficile de quitter l'Océan. Belle-Ile-en Mer, jamais nom ne fut plus mérité. Dix ans après un premier tour complet, les Trailers d'Ecouves font à nouveau les 75 km du tour de l'île et ses 1900 m de dénivelée. Pour ce faire, il faut partir à l'aurore. La petite bande trottine depuis peu quand j'effectue ce cliché. Le contre-jour est brutal et le contraste découpe les silhouettes avec précision. Habituellement, je n'aime pas trop les artefacts laissés sur mes photos par ce type de pose mais ici l'effet de flare m'a gratifié de deux petits spots rose et jaune aussi jolis que mystérieux.
Compact Sony DSC-TX30
Juin
Radon, à l'orée d'Ecouves, ici la fête de la St Jean est une institution solidement ancrée. Juste avant l'embrasement du grand bûcher, un feu d'artifice est tiré. Pour photographier ce genre d'événement, il faut avoir une profondeur de champ maximum et une pose longue (ici 0.33s). Sans trépied, le cliché sans flou est une gageure. Je me cale solidement contre le montant d'un but de foot et je tiens mon appareil collé à mon front. Ecouves en jaune, Ecouves en vert, Ecouves en rouge... je garde ce dernier cliché pour ces ombres nettes et cette fin d'heure bleue qu'on devine au-dessus de la forêt. Finalement, le sujet ne sera pas les feux d'artifice mais plutôt l'ambiance d'une soirée de début d'été marquée par la décontraction et la convivialité.
Hybride Panasonic DMC-G80
Juillet
En arrivant à Notre Dame de la Salette (Isère), nous méconnaissions l'importance de ce sanctuaire marial accroché à la montagne. C'était Lourdes dans les Alpes... Ce n'était pas vraiment ce que nous recherchions avec mon épouse. Qu'à cela ne tienne, le lieu est spectaculaire et plusieurs sentiers partent du sanctuaire. J'en avise un bien raide et bien long qui mène au sommet du Gargas (2208m), là nous serons à l'abri de la foule et des touristes religieux en chaussures de ville. Sportifs et bien équipés, nous mettons cependant presque une heure trente à arriver au sommet. La vue sur le massif des Ecrins est magnifique mais, ô surprise, nous entendons ce qui semble bien être un office religieux. Un groupe de jeunes prêtres polonais est en train de célébrer une messe en se servant de la table d'orientation comme d'un autel, messe suivie par quelques fidèles. En cet endroit, la scène est étonnante et je prends une photo incluant ce drôle de nuage en forme de S comme Salette qui va se désagréger aussi vite qu'il s'est formé. Nous pique-niquons ensuite et les prêtres font de même en se défroquant pour finir en t-shirt, short et chaussures de montagne. Ces barbus ont l'âge d'être mes fils et sont taillés comme des bûcherons.
Hybride Panasonic DMC-G80
Août
En août, les retraités restent à la maison. J'en profite pour me livrer à une autre de mes occupations : l'entomologie photographique locale. En substance, je continue le catalogue des différentes espèces d'insectes présentes dans mon jardin. Même si mon challenge consistant à identifier 100 espèces pour 100 m² est terminé, je continue de trouver de nouveaux spécimens (108 actuellement) comme ce Sympetrum sanguineum venu sécher ses ailes chez moi avant de chercher un endroit plus propice à la reproduction des libellules. Tout me plaît dans cette photo, l’orientation du corps et des ailes marquant les quatre coins, la netteté de la tête, la fuite vers le flou de l'abdomen et l'attitude d'orant prise par l'animal.
Compact Sony DSC-TX30
Septembre
Retour à Belle-Ile. La photo que tout le monde fait ici, c'est bien celle des aiguilles de Port Coton immortalisées par le peintre Claude Monet. C'est beau mais c'est banal. Pourtant, ce soir de septembre, je suis quand même là à mitrailler les aiguilles avec mon Canon Powershot. Sur l'écran, je ne vois que des cartes postales et je ne suis pas satisfait. Le soleil se couche et les couleurs s'estompent, je sors mon téléphone portable et prends une photo pour envoyer un souvenir à mes enfants. Le cliché, pris en format portrait, révèle les limitations techniques de l’appareil et ce sont ces mêmes limitations qui en font le charme tout comme ce personnage finalement indispensable à l'appréhension de l'échelle de ce lieu d'exception.
Téléphone portable Huawei MYA-L11
Octobre
L'automne est magnifique. Comme bien souvent, j'arpente la ville avec Tonton Gilles, écoutant avec attention ses conseils en technique photographique. Lors de ces pérégrinations, nous prenons généralement les mêmes scènes en photo mais nos images sont toujours très différentes, lui avec son Reflex Canon et sa batterie d'objectifs et moi qui ne photographie qu'avec de petits appareils hybrides ou compacts. Sur l'esplanade de la gare de bus, cet anachronisme : une boule de Noël que les services de la ville n'ont finalement jamais démontée. Avec toutes ces ombres, le cliché en contre-jour est indispensable, la profondeur de champ maximum rajoute les lignes solaires et les pavés complètent l'aspect géométrique de l'image. Les couleurs sont très belles mais je décide que la photo sera en noir et blanc, ce qui souligne son esthétique presque abstraite.
Hybride Panasonic DMC-G80
Novembre
Peu de promenades photographiques ce mois-ci. La naissance d'une deuxième petite-fille m'a bien occupé l'esprit et c'est légitime ! Quatre jours après sa venue, je me promène en forêt et réalise ce cliché. On est à la fin de la période magique lors de laquelle les couleurs explosent. Mon petit TX30 me gratifie de cette photo (encore un contre-jour !) sur laquelle on peut voir le soleil nimbé de rose transpercer le dense feuillage des hêtres. Le Lutin appelle cela "La Fée Lumière", moi je pense à ma deuxième petite fée qui vient elle aussi illuminer mes années d'automne.
Compact Sony DSC-TX30
Décembre
Arboretum d'Alençon, je suis de nouveau avec Tonton Gilles. La nuit tombe et j'expérimente la photo avec trépied, technique indispensable si l'on veut faire quelque chose de net avec si peu de lumière. La pose est d'un tiers de seconde et la profondeur de champ maximale. Le temps brumeux impose un noir et blanc filtré sur le vert pour que l'herbe ne soit pas trop sombre. Tonton Gilles me prête sa silhouette typique qui se découpe nettement sur le fond. Une nouvelle photo mystérieuse comme je les aime.
Compact Sony DSC-RX100M3