Par Le Lutin d'Ecouves - 18-07-2024 17:21:07 - 2 commentaires
Etape 12 : 19 juin St Hernot - Morgat 7,8 km
C'est une étape très courte mais c'est aussi le terrain le plus difficile, l'est du Cap de la Chèvre, ce n'est pas du fromage !
De St Hernot, il faut se frayer un passage en direction du chemin des douaniers, de très nombreux pins ont été jetés à terre lors de la tempête de novembre. C'est lors de cette étape que nous constaterons le plus de dégâts.
Enfin le chemin, il est très escarpé et pour cette raison peu fréquenté car sans chaussures adaptées, il peut être problématique. Nous débouchons au nord le la fameuse Ile Vierge qui est en fait une presqu'île très prisée pour son eau verte et son côté méditerranéen.
Ne nous emballons pas, l'île et sa plage sont interdites pour des raisons liées à la sécurité et à la surfréquentation. Il y a des années, nous l'avions arpentée et je comprends que les autorités s'inquiètent car le terrain est plus fait pour les chèvres que pour les promeneurs...
Le chemin n'est qu'une succession de montées et de descentes dures aux pieds. Nous croisons deux jeunes avec des sacs à dos venant de Morgat ; après trois kilomètres, la jeune fille est déjà assise pour récupérer, elle n'a pas le physique pour ce type d'effort. Le jeune homme nous indique qu'ils sont partis faire le tour du cap soit 26 km jusqu'à Goulien. Il est 11h et quand je leur dis qu'ils sont à plus de 6 heures de Goulien, ils font les yeux ronds... Nous les avertissons du niveau de difficulté et leur souhaitons bonne chance. Il leur en faudra car ils n'ont pas l'air bien expérimentés.
Après presque huit kilomètres, nous arrivons à notre gîte de Morgat où nous mangeons et nous nous douchons. Nous passons le reste de l'après-midi à flâner à proximité de l'immense plage pendant que le ciel s'ennuage.
Le soir, nous dégustons une galette à l'andouille de Guéméné et confit d'oignons arrosée de cidre brut. On reste couleur locale !
Etape 13 : 20 juin Morgat - Telgruc sur Mer 16,2 km
Eh bien, le temps s'est remis au beau ! Je connais moins cette partie de la presqu'île et je ne suis pas déçu, c'est splendide et... pentu
Photo Josette |
Photo Josette |
Par Le Lutin d'Ecouves - 16-07-2024 19:26:40 - 2 commentaires
Pour cette partie de notre périple, nous ferons quelques infidélités au GR 34. nous connaissons bien la presqu'île de Crozon et savons que le fond de la Rade de Brest n'a que peu d'intérêt. Le sentier ne pouvant pas suivre le rivage trop marécageux, il emprunte des routes, des chemins agricoles et au mieux des bouts de forêts. Nous prendrons donc le bateau pour éviter cinq étapes peu stimulantes dans des lieux que nous connaissons déjà.
Etape 8 : 14 juin Locmaria Plouzané - Brest 22,5 km
Etape 11 : 18 juin Goulien - St Hernot 10,7 km
Photo Josette |
Par Le Lutin d'Ecouves - 15-07-2024 12:27:02 - 2 commentaires
Etape 4 : 10 juin Lampau Ploudalmézeau - Landuvez 18 km
Que sont mes amis devenus
Que j'avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois que le vent les a dispersés...
Photo Josette |
A Landunvez, nous sommes accueillis en pleine campagne par une vraie mamie bretonne avec cet accent chantant si particulier. La chambre est en fait un duplex avec terrasse. Le vent nous pousse cependant à nous mettre à l'abri. Au moins, nous ne souffrirons pas de la chaleur même si nos visages et nos jambes sont déjà presque brûlés.
Etape 5 : 11 juin Landunvez - Lampaul Plouarzel 18,7 km
Photo Josette |
Photo Josette |
Par Le Lutin d'Ecouves - 12-07-2024 18:08:34 - 3 commentaires
Après une petite centaine de kilomètres sur la Côte des Légendes en 2023, nous repartons pour un périple de 248 km et 5230 m de dénivelé sur le GR 34. Nous resterons dans le Finistère tout au long de nos quinze étapes. Mais avant, il faut rejoindre Brest puis prendre le bus pour accéder là où nous nous étions arrêtés : Plouguerneau. Nous débutons par un hébergement modeste mais confortable : La cabadienne que nous avions occupée l'année dernière.
Notre équipement ne diffère que peu de celui des autres années, l'indispensable (téléphones servant entre autres à la navigation, kindles pour économiser le poids des livres et affaires de toilette allégées) et trois jours de change. Josette portera 7 kg en moyenne et moi de 9 à 10 kg. Ce qui pèse le plus étant l'eau et la nourriture, surtout quand je dois en porter pour plusieurs repas par manque de points de ravitaillement.
Etape 1 : 7 juin Plouguerneau - Aber Wrac'h 24,5 km
Nous avons à franchir un des bras avant de traverser l'Aber proprement dit. De nouveau des chemins sans visibilité, c'est long d'autant plus que le chemin est parfois balisé de manière imprécise. C'est à ce moment que nous rencontrons un groupe de marcheurs, l'un d'eux nous fait signe : "C'est par là !". Nous on suit... Résultat, deux kilomètres en plus ; on a abouti dans un cul de sac. C'est malin ! Finalement, je fais demi-tour et retrouve mon chemin, laissant les autres s'escrimer à passer des haies.
Etape 2 : 8 juin Aber Wrac'h - Tréglonou 22,3 km
Et vous ne voyez pas le coin Star Wars... |
Etape 3 : 9 juin Tréglonou - Lampaul Ploudalmézeau 16,6 km
Petit déjeuner de dingue tout fait maison, décidément la Patronne est une cuisinière hors pair ! De quoi bien aborder cette plus courte étape. Nous passons à nouveau une barrière d'interdiction de passage pour cause de travaux ; effectivement, beaucoup d'arbres sont tombés mais nous ne rencontrons ni travaux ni obstructions.
A nouveau onze kilomètres pour sortir de l'Aber Benoît, le chemin est agréable, rien à voir avec l'Aber Wrac'h. On trouve même de charmants coins dans les parties marécageuses fréquentes dans la région.
Par Le Lutin d'Ecouves - 02-07-2024 19:35:42 - 10 commentaires
Reprise entraînement trail après 250 km sur le GR 34 avec ma chère épouse. Depuis un certain nombre d'années, je me considère à la retraite en tant que pisteur. Ce sont Katia et Jean-Michel qui ont repris le flambeau du groupe. Comme les deux tourteaux tourtereaux en pincent pour l'ultra, qu'ils viennent de terminer un 225 km à Volvic et qu'ils repartent pour le Val d'Hareng d'Aran pour un 110, les entraînements se rapprochent plus de la sortie commando que de la promenade de santé. En gros, on passe son temps à monter puis descendre puis monter...
Depuis fort longtemps, nous avons coutume de nommer les côtes remarquables du nom d'un des Trailers d'Ecouves ; au bout d'une dizaine de kilomètres de montagnes russes, nous abordons un passage récemment ouvert sur le Rocher du Vignage par Jean-Michel qu'il a nommé du nom de son égérie : "la Katia".
Ma Josette sur la "Katia" |
Quand on parle de côte, on devrait plutôt dire paroi car il faut mettre les mains pour parvenir au sommet. La vue est magnifique mais on ne traîne pas et nous redescendons le Vignage par la Gaëtanne, une sorte de monstre abrupt que d'habitude nous grimpons. Je me suis toujours amusé en descente et je prends les devants.
Mais voilà, je suis dans ma soixante-neuvième année et mon pied n'est plus aussi sûr : je glisse. Bêtement. Je tombe à plat ventre dans l'espoir d'accrocher quelque chose. Nada, que dalle ! Le problème c'est qu'après cette forte pente dans laquelle je roule et je boule sur trois mètres en un peu plus de deux secondes (j'ai vérifié sur mon GPS), j'ai encore quatre mètres à parcourir verticalement. Un étage et demi en gros...
Itinéraire d'un Lutin gâteux |
J'entends Jean-Michel crier mon nom, il a l'air inquiet.
Comme chacun sait, la vitesse de chute dépend de l'équation v = √2gh, vu la hauteur de 4 mètres du rocher je vais toucher le sol à 32 km/h (en fait un peu plus vite car j'ai déjà accéléré en roulant) et vu mon poids, ça fait 32 809 joules d'énergie cinétique (E = 1/2mv²). J'avais déjà bouffé du joule lors d'une chute de 3 mètres en escaladant une falaise pourrie et j'y avais laissé une épaule.
Cela dure moins de deux secondes mais j'ai quand même le temps de me mettre en boule pour protéger ma tête et mes cervicales. Vingt-cinq ans de judo m'ont donné de bons réflexes et m'ont souvent sauvé la mise.
Ça donne ceci pour les deux parties de la chute : Krabardaf ! puis Chlonk ! C'est le Chlonk ! qui m'inquiète le plus...
Je suis sur le dos et je ne respire plus. Je me retourne douloureusement et me mets à ventiler comme un malade le museau dans les feuilles mortes. Jean-Michel arrive très vite, je me remets sur le dos (ouille !) et commence à glisser car il reste encore une bonne pente. Katia arrive et me bloque pendant que Jean-Mi maintient la partie supérieure. Je suis en état de choc : je suis tout pâle, j'ai très chaud et je me mets à débiter des âneries. Katia en bonne kiné fait un premier bilan : j'ai réussi à éviter les nombreux blocs de grès armoricains qui parsèment la pente et je bouge encore.
Près de moi, David notre petit jeune est fort inquiet et, pour le rassurer, je lui dis que je serai prêt fin juillet pour démarrer l’entraînement pour son premier 100 km de Millau. Là, c’est mon côté tranche-montagne ou matamore comme disent les espagnols. Ce type de rodomontades débitées à rythme continu m'évite tout simplement de tomber dans les pommes. C'est mon côté boomer macho. Cela dit, je me demande si je ne suis pas en passe de devenir un homme déconstruit... au sens propre !
On n'a pas de réseau, Fabrice arrête une voiture pour que plus loin la conductrice appelle les pompiers pendant qu'Eric galope jusqu'à Radon où se trouve mon épouse.
Une fois arrivés, les pompiers doivent grimper à mi-pente où je me trouve. Je commence à avoir franchement mal. Le cadre pompier me fait un premier examen sur place : tension normale, glycémie normale et pouls à 75, ce qui fait 20 points de trop pour moi mais normal vu mon état de stress. Le gars regarde vers le haut et écarquille les yeux "C'est le jour pour jouer au loto, vous avez eu un sacré bol ! Attendez-vous à avoir des côtes cassées, tiens, on vérifie s'il n'y a pas de pneumothorax". Là je fanfaronne moins. Apparemment, non... ouf !
Ses collègues arrivent avec le matériel pour me mettre en barquette, moi qui ai arrêté les plats cuisinés depuis des années ! Chouette, il y a une belle pompière trentenaire et une jolie débutante de 17 ans. Le débitant de calembredaines se remet au boulot : à la limite, je délire. Les pompiers pensent que la tête a dû porter mais les copains les rassurent :"Il est toujours comme ça !"
Je descends donc en luge jusqu'à la route. J'essaie de ne pas trop grimacer car il y a des filles.
Chouette descente en luge |
Vu le côté spectaculaire de ma prestation, les pompiers ont appelé le médecin du SAMU avant de m'emmener aux urgences. Chouette ! C'est une femme et elle est super gentille. Elle me demande d'évaluer ma douleur de un à dix. Je lui dis cinq, elle sourit. Bon, six ou sept quand on me déplace dans mon sarcophage.
Elle me branche et m'injecte une petite dose de morphine. "Rassurez-vous, je vous ai mis une dose pour enfant". Pendant qu'elle m'examine, je déblatère évidemment. Elle me demande à nouveau d'évaluer la douleur. "Maintenant trois à quatre répondis-je et je possède ma propre échelle ; dix c'est quand on m'a enfoncé une sonde dans le rectum pour me faire une échographie de la prostate, j'ai bien failli tomber dans les pommes."
Elle rigole : "On voit bien que vous n'avez jamais accouché, vous !" Logé le Lutin !
Direction les urgences d'Alençon pimpon pimpon ! Je suis pris en charge tout de suite. Je ne vois que des plafonds mais j'entends une infirmière dire au médecin que les pompiers ont amené un monsieur de 69 ans mais qui en fait dix de moins... Elle est mignonne.
Je suis transféré sur un lit à roulettes et rapidement envoyé au scanner. La manipulatrice a la gentillesse de me dire : "Je ne suis pas médecin mais je peux vous dire que vous n'avez rien au rachis." Quoi, c'est du rachis Parmentier ? Meuh non, je me rappelle, ça veut dire colonne vertébrale.
J'attends ensuite deux bonnes heures avec l'interdiction de m’asseoir avant la lecture du radiologue. Ça tombe bien, les 2 mg de morphine ne font plus d'effet.
Il règne une ambiance particulière en ce jour d'élections, il faut dire que 80% des médecins sont étrangers à l'hôpital d'Alençon. Malgré cette atmosphère un peu pesante, tout le personnel est très gentil avec moi. Le médecin me fait enfin une ordonnance qu'il tend à ma Josette qui se remet petit à petit de ses émotions. Je suis désolé pour elle, elle ne mérite pas un mari aussi excentrique.
Je m'assois enfin, j'ai très chaud soudain : premier malaise vaginal vagal. Je m'allonge. Ne voulant pas que le médecin décide de me garder, je me rassois, deuxième malaise vagal. A nouveau sur le dos le Lutin ! Au bout de cinq bonnes minutes, je tiens enfin debout. C'est un peu comme si on m'avait enfoncé un balai en flammes dans le rectum et qu'il montait jusqu'à la base des cervicales. Je commence à comprendre ce qu'était le supplice du pal...
Je mets un temps infini à sortir de l'hôpital, les muscles de mon dos se bloquent plusieurs fois. Quelques heures plus tard, avec les médicaments que ma chère femme est allée chercher, je gagne en mobilité même si je ne peux pas encore ôter mes pompes tout seul. Pendant ce temps, la messagerie tintinnabule comme le traîneau du Père Noël... La famille et les amis viennent aux nouvelles.
Le lendemain matin, je suis mieux que la veille en me couchant. Quand je dis mieux, c'est physiquement et aussi psychologiquement car j'ai bien conscience qu'un bout de rocher ou une racine bien dure aurait pu mettre un point final à ma carrière de sportif. C'est le genre d'événement qui me fait encore plus apprécier la chaleur humaine et réaliser la beauté de la nature qui m'entoure.
Merci à ma famille et mes amis pour leur aide et leur soutien.