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Le Lutin d'Ecouves

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Dans la catégorie Lutin et billevesées

GR 34 2024 Etapes 12 à 15

Par Le Lutin d'Ecouves - 18-07-2024 17:21:07 - 2 commentaires

 

Etape 12 : 19 juin St Hernot - Morgat 7,8 km

C'est une étape très courte mais c'est aussi le terrain le plus difficile, l'est du Cap de la Chèvre, ce n'est pas du fromage !


 De St Hernot, il faut se frayer un passage en direction du chemin des douaniers, de très nombreux pins ont été jetés à terre lors de la tempête de novembre. C'est lors de cette étape que nous constaterons le plus de dégâts.


 Enfin le chemin, il est très escarpé et pour cette raison peu fréquenté car sans chaussures adaptées, il peut être problématique. Nous débouchons au nord le la fameuse Ile Vierge qui est en fait une presqu'île très prisée pour son eau verte et son côté méditerranéen.

 


Ne nous emballons pas, l'île et sa plage sont interdites pour des raisons liées à la sécurité et à la surfréquentation. Il y a des années, nous l'avions arpentée et je comprends que les autorités s'inquiètent car le terrain est plus fait pour les chèvres que pour les promeneurs...

 


Le chemin n'est qu'une succession de montées et de descentes dures aux pieds. Nous croisons deux jeunes avec des sacs à dos venant de Morgat ; après trois kilomètres, la jeune fille est déjà assise pour récupérer, elle n'a pas le physique pour ce type d'effort. Le jeune homme nous indique qu'ils sont partis faire le tour du cap soit 26 km jusqu'à Goulien. Il est 11h et quand je leur dis qu'ils sont à plus de 6 heures de Goulien, ils font les yeux ronds... Nous les avertissons du niveau de difficulté et leur souhaitons bonne chance. Il leur en faudra car ils n'ont pas l'air bien expérimentés.

Après presque huit kilomètres, nous arrivons à notre gîte de Morgat où nous mangeons et nous nous douchons. Nous passons le reste de l'après-midi à flâner à proximité de l'immense plage pendant que le ciel s'ennuage.


Le soir, nous dégustons une galette à l'andouille de Guéméné et confit d'oignons arrosée de cidre brut. On reste couleur locale !

 


Etape 13 : 20 juin Morgat - Telgruc sur Mer 16,2 km

Eh bien, le temps s'est remis au beau ! Je connais moins cette partie de la presqu'île et je ne suis pas déçu, c'est splendide et... pentu

 

 

Une fois sortis de Morgat, nous marchons sur une corniche vertigineuse où nous sommes environ à 80 m au-dessus de la mer. Là, nous rencontrons une dame, ancienne prof de sport qui nous donne le tuyau de la journée : "Passez par la plage de l'Aber elle-même et, au bout, vous traverserez un petit courant, vous allez économiser presque deux kilomètres."
 

Suivant ses conseils, nous marchons sur la plage. Effectivement, le GR part dans l'intérieur des terres pour contourner un marais. La marée basse nous permet donc d'économiser des efforts tout en profitant de cette impression d'immensité que procurent ces espaces découverts.
 

Le petit fleuve est facile à traverser. Un soigneux nettoyage des pieds et c'est reparti pour une d
euxième série de falaises et cette fois, nous grimperons jusqu'à 83 m lorsque nous arriverons à la Pointe du Guern. Mais avant, il faut pique-niquer et nous choisissons la plage du Poul.


Très bien la petite plage mais bonjour les escaliers une fois le repas fini. A déconseiller aux cardiaques.
 
Photo Josette

Pour le coup, il fait chaud et pourtant, nous ne frisons guère que les vingt degrés. Encore six kilomètres et nous arrivons à la plage du Trez Bellec. Il ne nous reste plus qu'à rejoindre notre camping où nous logeons dans le chalet des randonneurs où nous avons bien de la place car il peut accueillir six personnes. Par contre, il faut aller aux sanitaires du camping. 
 
On va se contenter du rdc...

 
 Etape 14 : 21 juin Telgruc sur Mer - Plonévez Porzay 18,7 km
 

Depuis deux jours, on nous annonce des orages mais rien ne vient, y a-t-il un dieu pour les lutins ?
 

 Nous sommes tôt partis et nous allons faire 13 km avant le repas du midi. Le paysage est toujours magnifique mais les nuages nous privent des couleurs de la mer. 
 

Nous n'avons croisé aucune épicerie depuis deux jours et nous ne trouverons rien avant ce soir au camping. Une fois arrivés à la plage de Pentrez-Lestrevet, je téléphone à un restau qui me paraît correct sur Google. Je dis au type où je suis, il me dit qu'il me faut une heure pour arriver. Je pense à ce moment que le gars me prend pour un débutant. En fait, la plage au total fait presque quatre bornes de long et nous devons passer par un accès accessible à marée basse pour contourner la dernière falaise.
 
 
Le restau m'avait l'air bien, euh peut-être trop car nous arrivons avec nos sacs les pieds pleins de sable ; le vent a transformé la coiffure de ma femme en foutoir à épis et moi, j'ai une barbe de quatre jours. On nous demande de planquer nos sacs puis on nous assoit parmi les touristes endimanchés. On fait tache mais la bouffe est drôlement bonne dans cette cantine. Nous faisons la fête au confit d'agneau, ça nous change du lembas...
 

 Il reste à peine six bornes pour digérer. Ce soir, on fera des nouilles avec du pâté. A un moment, j'emmène mon épouse sur un raccourci comme je les aime, inextricable et broussailleux ; j'adore l'aventure.
 

 Il ne reste plus qu'à traverser un marais et nous arrivons au camping de la plage de Tréguer. L'orage qui a attendu que nous soyons installés éclate à 19h. En bon Normands, nous apprécions la qualité de la pluie : C'est du qui mouille, pour sûr ! De d'pis que l'temps il s'abernaudissait, il fallait ben que ça renâpe à c't'heure !
 

Etape 15 :  22 juin Plonévez Porzay - Douarnenez 14 km
 

Une fois de plus, le temps menaçant nous épargnera car en Bretagne, il fait beau plusieurs fois par jour. Nous commençons par les belles dunes de Ste Anne la Palud (palud veut dire marais en ancien Français).
 
Photo Josette

Il nous reste encore quelques falaises à grimper et bientôt, nous apercevons Douarnenez, notre but.
 

En nous retournant, nous voyons Crozon à l'horizon et pouvons ainsi embrasser du regard nos quatre précédentes étapes. Boudiou, ça fait loin !
 
 

Après un rapide pique-nique, nous arrivons enfin à Douarnenez, une ville dans laquelle nous nous sentons toujours bien. Peut-être parce qu'elle est à taille humaine et sans affectation. 
 

Indispensable pour mettre un point de suspension à notre balade 2024 : la bière sur le port du Rosmeur avant de rejoindre notre gîte à Tréboul.
 

Tiens, on va rester deux jours, on est trop bien ici !
 

 

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GR 34 2024 Etapes 8 à 11

Par Le Lutin d'Ecouves - 16-07-2024 19:26:40 - 2 commentaires

Pour cette partie de notre périple, nous ferons quelques infidélités au GR 34. nous connaissons bien la presqu'île de Crozon et savons que le fond de la Rade de Brest n'a que peu d'intérêt. Le sentier ne pouvant pas suivre le rivage trop marécageux, il emprunte des routes, des chemins agricoles et au mieux des bouts de forêts. Nous prendrons donc le bateau pour éviter cinq étapes peu stimulantes dans des lieux que nous connaissons déjà.

 

Etape 8 : 14 juin Locmaria Plouzané - Brest 22,5 km


Pas si facile cette étape qui va friser les 700 m de dénivelé alors que le tour de la pointe St Mathieu n'en faisait qu'un peu plus de 500. La météo de la matinée n'est pas bien engageante mais une fois de plus, la Bretagne est pleine de surprises.


Ça va être une succession de montées et de descentes sur un GR souvent caillouteux, ce qui n'arrange pas l'aponévrose enflammée de mon épouse qui affronte la journée avec courage et détermination.



A certains endroits, nous rencontrons des ouvrages militaires dont certains nous obligent à faire de conséquents détours. Il faut un bon moment pour apercevoir le Phare du Petit Minou alors que l'atmosphère se fait un poil plus chaude et néanmoins plutôt humide.

Pour accéder, il faudrait le vouloir !

Encore une fois nous constatons les dégâts occasionnés par la tempête Ciaran sur le bord du chemin qui n'est dégagé que depuis peu. Pique-nique au bout de 3h30 d'efforts près du Fort de Dellec puis nous redémarrons en direction de Brest.


Mais l'Anse de Dellec et l'Anse de Ste Anne sont bien profondes et nous mettons un moment pour atteindre le phare de Portzic qui marque le début de l'agglomération de Brest. Il faut ensuite prendre la Route de la Corniche lui va longer pendant trois looongs kilomètres l'Arsenal de Brest.


Enfin, le port de plaisance puis le port de commerce où nous allons dormir à l'hôtel. L'orage va sagement attendre que nous soyons à l'abri pour éclater enfin. On se paye une bière au bar de l'hôtel ; je bois de moins en moins d'alcool mais cette bière on l'a méritée !

Etape 9 : 15 juin Brest - Camaret 9,5 km

Josette a les pieds qui crient la nuit, il va falloir faire des étapes plus courtes... ça tombe bien !


C'est la première rotation de l'année pour le Brestoa. Il s'agit de relier Brest au Fret, un village de Crozon situé à la base de l'Ile Longue. Le temps est grimaud mais il ne pleuvra pas finalement. La mer est bien houleuse et des paquets de mer déferlent sur les vélos stockés à l'avant du navire. 

 


Nous avons choisi de shunter la Pointe des Espagnols dont la moitié est ne se fait que sur la route. La partie ouest, nous l'avons arpentée deux fois déjà, ça suffit. Nous rejoignons donc la côte en traversant la campagne pour atteindre enfin la plage de Trez Rouz. De là, nous descendons la Mort Anglaise et toute la réserve géologique de Crozon. De là, nous voyons notre but : Camaret.


Plusieurs fois la pluie va menacer et nous sortirons les bâches. Finalement il ne pleuvra pas mais nous garderons l'habitude de fixer les protections des sacs à dos.


La distance étant modeste, nous arrivons pour le repas de midi, nous trouvons une brasserie ad hoc puis nous intégrons notre chambre à l'Hôtel de France. Comme nous avons du temps, nous flânons tout l'après-midi sans toutefois oublier de faire les courses pour demain. Petite crêperie le soir puis direction la rhumerie où on se finit au ti-punch. Ouais, je sais ça commence à faire mais une fois de plus on a mérité ! Ben quand on rejoint l'hôtel après ça, la vie nous paraît tout ensoleillée.


 
Etape 10 : 16 juin Camaret - Goulien 14 km
 

La distance n'est pas bien importante mais il faut d'abord grimper sur le plateau dominant Camaret. Direction la pointe de Toulinguet qui comporte encore des équipements militaires.
 

Il faut dire que toute la région à proximité de Brest est fortifiée et ce depuis la Renaissance. La Pointe des Espagnols fut le siège du massacre d'un détachement de 400 Espagnols coincés sur cette pointe en face de Brest (1594). Quant à la Mort Anglaise (Maro ar Saozon), je vous laisse deviner ce qu'il arriva aux malheureux Rosbifs qui débarquèrent près de cette falaise sur la plage désormais appelée Trez Rouz (la grève rouge) lors de la bataille de Camaret en 1694.
 

Une fois passée la pointe de Pen-Hir, le temps se met au franchement beau et la mer prend ses couleurs d'été. Le dénivelé est raisonnable car nous sommes la plupart du temps sur un plateau mais le chemin essentiellement constitué de cailloux de grès fatigue vite les pieds. Pendant qu'on y est, débarrassons nous d'une idée fausse : La presqu'île de Crozon est presque entièrement constituée de roches sédimentaires : grès et schistes. Quasiment pas de granite (sauf sur l'Ile Longue interdite au public) et un petit peu de roches volcaniques anciennes.
 

Quoi de plus sympa qu'un pique-nique  au bord de la falaise ? Nous nous contentons souvent de nourriture assez sommaire mais nous avons toujours avec nous un sachet de crêpes bretonnes que nous appelons du Lembas (cf Tolkien) car pour un minimum d'encombrement, nous avons l'essentiel : farine, lait, œuf et ça tasse bien.
 

Il reste cinq kilomètres avant d'arriver au camping, la côte étant un peu plus abritée, nous retrouvons un peu de végétation. A la moitié de cette distance, nous descendons sur la plage de Goulien.
 

Après 2500 m de plage, nous sommes fort bien accueillis au camping dans lequel nous louons un mobil-home pendant deux jours. Ouf ! On va enfin souffler.
 

Etape 11 : 18 juin Goulien - St Hernot 10,7 km


Il s'agit aujourd'hui de longer la Pointe de Dinan puis de rejoindre la plage de la Palue pour couper vers notre hébergement. Nous choisissons sciemment d'éviter le Cap de la Chèvre que nous avons parcouru deux fois déjà. Ce cap dont le tour fait 26 km comporte les sentiers les plus difficiles de Crozon et nous ne voulons pas tenter le Diable.


Malgré le temps couvert, nous apprécions de retrouver ce site aussi spectaculaire mais moins fréquenté que Pen-Hir. A un moment, nous voyons des filets sur la lande comme si on voulait jouer au volley-ball les pieds dans les bruyères. En fait, il s'agit de filets de capture de petits oiseaux comme nous l'explique le scientifique présent sur place qui les compte, les bague puis les relâche. Comme moi avec les insectes, il a remarqué que certaines espèces d'oiseaux montent plus au nord ou parfois ne repartent pas hiverner du fait du réchauffement climatique.


Nous mangeons sur la plage de la Palue puis Josette fait son inspection des falaises où elle a remarqué des roches volcaniques comme de la dolérite ou des pillow-lava qui sont à l'origine des coulées de lave sous-marine.


Après manger, nous quittons la plage pour pénétrer la campagne en direction de St Hernot où nous aurons une chambre dans le seul gîte du cap. Pour une fois, le musée des minéraux de Crozon situé tout près est ouvert. Nous passons deux heures à le visiter ainsi que son beau jardin minéral. Quand y'a du cailloux, ma Josette elle est heureuse et quand elle est heureuse, moi je suis content !

Photo Josette

 

 

 

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GR 34 2024 Etapes 4 à 7

Par Le Lutin d'Ecouves - 15-07-2024 12:27:02 - 2 commentaires

 

Etape 4 : 10 juin Lampau Ploudalmézeau - Landuvez 18 km

 

 

La météo sera imprévisible tout du long de notre randonnée. Grâce au crachin matinal, nous inaugurons nos bâches durant la matinée. Nous longeons de d'importantes zones dunaires avant d'arriver à Portsall où nous prenons le temps de manger et de faire les courses.


Au sortir de Portsall, le temps devient radieux et nous reprenons le chemin en direction de Landunvez.


Nous retrouvons avec plaisir les fameux Postiers Bretons, ces anciens chevaux de boucherie destinés dorénavant au tourisme et surtout à la tonte des prairies de bord de mer. A ce moment, je pense à ce jour de 2010 où au même endroit nous avions admiré ces magnifiques animaux en compagnie de mon cher ami le Mustang disparu en 2020. Et je pense à Rutebeuf ce poète du XIIIème siècle.


Que sont mes amis devenus
Que j'avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois que le vent les a dispersés...

Photo Josette

A Landunvez, nous sommes accueillis en pleine campagne par une vraie mamie bretonne avec cet accent chantant si particulier. La chambre est en fait un duplex avec terrasse. Le vent nous pousse cependant à nous mettre à l'abri. Au moins, nous ne souffrirons pas de la chaleur même si nos visages et nos jambes sont déjà presque brûlés.

 

Etape 5 : 11 juin Landunvez - Lampaul Plouarzel 18,7 km

 


Le matin scintillant annonce une magnifique étape. Nous marchons maintenant sur le front du Finistère face à Ouessant. Le terrain est doux, peu pentu et d'une grande beauté.
 

Nous traversons d'abord Argenton où nous faisons nos courses puis Porspoder. Les deux lieux sont magnifiques et nous nous jurons d'y retourner pour un séjour ultérieur. Après Porspoder, nous nous retrouvons sur une côte rocheuse et cherchons à y trouver un lieu pour pique-niquer. C'est à ce moment que nous avons la surprise de tomber sur nos deux logeurs de Tréglonou qui se promènent dans le coin. Nous mangeons donc ensemble avant de nous séparer non sans avoir fait un cliché du T-shirt de notre ancien hôte grand amateur de Pop Culture :
 
Photo Josette

Par le sentier des douaniers, cette étape fait 18 ou 33 km. Nous avons choisi l'option courte mais pour cela il faut rejoindre le port de Lanildut.



L'Aber Ildut se présente devant nous, il est modeste dans sa largeur mais son contournement représente quand même 15 km. En fait, j'ai téléphoné au port deux jours avant pour réserver un passage sur le petit bac permettant de traverser l'Aber. Il suffisait de savoir que ce service était quasiment offert par le port (2 €).


Nous prenons place dans le bac qui n'est qu'une grosse barque, nous sommes accompagnés d'un autre voyageur avec son vélo. La traversée dure cinq minutes et nous avons le temps d'observer le déchargement d'un bateau goémonier. Lanildut, malgré sa modeste taille, est le premier port goémonier d'Europe ; le goémon, riche en azote et potasse a longtemps servi comme engrais mais il est maintenant aussi utilisé dans les industries chimique, alimentaire et pharmaceutique. 
 

De l'autre côté de l'Aber Ildut, nous rencontrons un marcheur épuisé assis sur un banc qui nous a vu débarquer. En nous questionnant, il s'aperçoit qu'il a fait 15 km de trop. Le pauvre est un peu cofi mais cependant nous accompagne car il va lui aussi à Lampaul Plouarzel. 


Nous discutons beaucoup lors de ces derniers kilomètres, ces rencontres fortuites sont un des plaisirs de la randonnée. Nous rejoignons un grand appartement confortable dans le bourg équipé du Graal des marcheurs : un lave-linge et un sèche-linge.
 
 
Etape 6 : 12 juin Lampaul Plouarzel - Le Conquet 17,2 km
 

Encore une très belle étape ; le terrain devient plus rocheux et pentu mais cela nous permet d'avoir de belles perspectives, nous sommes vraiment à la Fin des Terres.
 

D'ailleurs, nous arrivons à la pointe du Corsen, le point le plus à l'ouest de la France continentale (0°4' plus à l'ouest que la Pointe du Raz).
 

Pas facile le terrain, on n'en avait plus l'habitude depuis les Côtes d'Armor où nous avions cumulé 8400 m de dénivelé en deux semaines.
 

Encore neuf kilomètres pour atteindre l'immense plage des Blancs Sablons pour enfin arriver au Conquet proprement dit. Heureusement, une longue passerelle nous permet de traverser l'Aber Conq sans avoir à faire un détour de plusieurs kilomètres.


Il ne reste plus qu'à faire quelques courses en repérant éventuellement une crêperie pour y manger le soir. Mais une fois arrivés dans l'appartement loué pour la nuit, nous le trouvons tellement confortable que nous décidons de manger sur place. Je retourne vite à l'épicerie acheter une soupe de poisson et une bouteille de rosé.
 

En plus, il y a Netflix ! Nous finissons la soirée en regardant un film de requins dans lequel la Maire de Paris se fait bouffer à la fin et que même l'armée elle avait oublié son stock d'obus dans la Seine. Plus WTF tu meurs mais avec un bon coup de rosé, ça fonctionne !
 
 
Etape 7 : 13 juin Le Conquet - Locmaria Plouzané 19,2 km

On est en Bretagne donc la météo se joue aux dés. Nous allons donc faire le tour de la Pointe St Mathieu, un haut lieu de randonnée. Mais y'en a un qu'a dû chercher la corde à virer le vent comme on dit chez moi.
 
Photo Josette

Départ sous la grosse bruine bretonne avec un vent à 45 km/h en rafales. Nous avons mis nos capes de super randonneurs mais la prise au vent nous transforme en montgolfières, les boutons pression fixant les pans finissent par lâcher, les rafales forcissant jusqu’à 70 km/h …


Pas question de s'arrêter pour un pique-nique, les treize premiers kilomètres se font d'une traite dans l'inconfort et le bruit du vent. Ça fait partie du jeu, on ne randonne pas en Bretagne sans ce type d'aléa. Cela dit, la Pointe St Mathieu c'est majestueux mais nous l'eussions préférée sous une météo plus clémente.
 

Arrivés au Fort de Bertheaume, nous bifurquons vers la plage du Trez-Hir de Plougonvelin où nous avons la chance de trouver une pizzeria qui accepte de servir à 13h30. Nous ne sommes toujours pas secs en sortant...

Vite, rejoignons notre appartement loué à prix d'or situé à quatre kilomètres de là et un kilomètre au-dessus de la plage de Trégana. Pour 40 balles de plus que le superbe logement avec terrasse du Conquet avec vue sur mer, nous avons un étage d'un pavillon humide des années 70 dans son jus avec vue sur un quartier moche et vieillot. Trop bien. Bon, il y a du chauffage et il est nécessaire, nous séchons donc bien et dormons mal car le lit est d'époque. Demain sera un autre jour...

 

 

 

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GR 34 2024 Etapes 1 à 3

Par Le Lutin d'Ecouves - 12-07-2024 18:08:34 - 3 commentaires

 

Après une petite centaine de kilomètres sur la Côte des Légendes en 2023, nous repartons pour un périple de 248 km et 5230 m de dénivelé sur le GR 34. Nous resterons dans le Finistère tout au long de nos quinze étapes. Mais avant, il faut rejoindre Brest puis prendre le bus pour accéder là où nous nous étions arrêtés : Plouguerneau. Nous débutons par un hébergement modeste mais confortable : La cabadienne que nous avions occupée l'année dernière.

 

Notre équipement ne diffère que peu de celui des autres années, l'indispensable (téléphones servant entre autres à la navigation, kindles pour économiser le poids des livres et affaires de toilette allégées) et trois jours de change. Josette portera 7 kg en moyenne et moi de 9 à 10 kg. Ce qui pèse le plus étant l'eau et la nourriture, surtout quand je dois en porter pour plusieurs repas par manque de points de ravitaillement.

 


 

Etape 1 : 7 juin Plouguerneau - Aber Wrac'h 24,5 km

 


Et c'est reparti ! Il reste un petit bout de la Côte des Légendes avant de pénétrer le Pays des Abers. La région est toujours aussi magnifique et peu dénivelée ; quand on est chargé cela compte.

 


Arrivés sur Lilia, nous profitons de la marée basse pour passer par la plage. Nous nous engageons ensuite dans l'aber proprement dit et, malheureusement, il nous faut trop souvent rester dans la campagne en hauteur sans véritable contact avec le fleuve. La descente de l'Aber Wrac'h sera finalement assez décevante.

 

Nous avons à franchir un des bras avant de traverser l'Aber proprement dit. De nouveau des chemins sans visibilité, c'est long d'autant plus que le chemin est parfois balisé de manière imprécise. C'est à ce moment que nous rencontrons un groupe de marcheurs, l'un d'eux nous fait signe : "C'est par là !". Nous on suit... Résultat, deux kilomètres en plus ; on a abouti dans un cul de sac. C'est malin ! Finalement, je fais demi-tour et retrouve mon chemin, laissant les autres s'escrimer à passer des haies.


Mon épouse et moi arrivons enfin à destination au port de l'Aber Wrac'h. Heureusement, le logement est chouette avec une belle terrasse, euh non il fait trop frais malgré le soleil. Je laisse Josette à l'appartement pour aller acheter à manger au bourg car la prochaine étape sera désertique. Boum ! Quatre bornes de plus pour moi.

 

Etape 2  : 8 juin Aber Wrac'h - Tréglonou 22,3 km

 


En suivant la pointe de Penn Enez, nous longeons à nouveau la mer pendant onze kilomètres. Toujours ces belles plages de sable blanc. Juste après la maison de Jane Birkin dont le bord de mer est privatisé, nous pique-niquons à l'entrée de l'Aber Benoît sur la cale même.

 


Contrairement au précédent aber, nous cheminons le long de l'eau, ce qui est plus agréable. Nous n'effectuerons aujourd'hui que la descente du fleuve, c'est à dire encore onze kilomètres.

 


Juste avant d'arriver au bourg, nous nous apercevons que des barrières ont été posées dans un seul sens pour interdire l'accès au GR en raison des travaux dus à la tempête Ciaran qui avait fait de gros dégâts dans le Finistère avec des vents à 220 km/h. 

 


Nous traversons l'Aber Benoît qui est à cet endroit large comme un lac. Le village ne comporte qu'un bar et, comme nous sommes logés en chambre d'hôtes, nous allons pique-niquer dans notre chambre avec les victuailles achetées la veille. Eh bien non, nos hôtes nous proposent gratuitement leurs saucisses-pommes de terre excellentes et roboratives que nous dégustons dans le grand salon décoré des collections pop culture du propriétaire.

 

Et vous ne voyez pas le coin Star Wars...

 

Etape 3 : 9 juin Tréglonou - Lampaul Ploudalmézeau 16,6 km

Petit déjeuner de dingue tout fait maison, décidément la Patronne est une cuisinière hors pair ! De quoi bien aborder cette plus courte étape. Nous passons à nouveau une barrière d'interdiction de passage pour cause de travaux ; effectivement, beaucoup d'arbres sont tombés mais nous ne rencontrons ni travaux ni obstructions.
 


A nouveau onze kilomètres pour sortir de l'Aber Benoît, le chemin est agréable, rien à voir avec l'Aber Wrac'h. On trouve même de charmants coins dans les parties marécageuses fréquentes dans la région.

 

 

Nous arrivons enfin au bord de mer à St Pabu. Le temps est frais mais très agréable. Durant ces deux grosses semaines, nous ne dépasserons de toute façon pas les 20 degrés.

 


Nous choisissons de longer la plage de Koulouarn, profitant de la marée basse. Nous prenons notre temps vu qu'il nous reste peu de kilomètres.


Au bout de la plage, nous bifurquons pour entrer dans une belle zone dunaire d'un km de profondeur au bout de laquelle nous rejoignons notre hébergement non sans avoir visité une allée couverte. Notre hôte, instit à la retraite comme nous, a préparé un repas avec des produits locaux fameux arrosé avec un petit vin du Sud à base de syrah bien épais comme j'aime. Ça repose de tout...
 
 

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KRABARDAF ! CHLONK !

Par Le Lutin d'Ecouves - 02-07-2024 19:35:42 - 10 commentaires


Reprise entraînement trail après 250 km sur le GR 34 avec ma chère épouse. Depuis un certain nombre d'années, je me considère à la retraite en tant que pisteur. Ce sont Katia et Jean-Michel qui ont repris le flambeau du groupe. Comme les deux tourteaux tourtereaux en pincent pour l'ultra, qu'ils viennent de terminer un 225 km à Volvic et qu'ils repartent pour le Val d'Hareng d'Aran pour un 110, les entraînements se rapprochent plus de la sortie commando que de la promenade de santé. En gros, on passe son temps à monter puis descendre puis monter... 

Depuis fort longtemps, nous avons coutume de nommer les côtes remarquables du nom d'un des Trailers d'Ecouves ; au bout d'une dizaine de kilomètres de montagnes russes, nous abordons un passage récemment ouvert sur le Rocher du Vignage par Jean-Michel qu'il a nommé du nom de son égérie : "la Katia".

Ma Josette sur la "Katia"


Quand on parle de côte, on devrait plutôt dire paroi car il faut mettre les mains pour parvenir au sommet. La vue est magnifique mais on ne traîne pas et nous redescendons le Vignage par la Gaëtanne, une sorte de monstre abrupt que d'habitude nous grimpons. Je me suis toujours amusé en descente et je prends les devants.

Mais voilà, je suis dans ma soixante-neuvième année et mon pied n'est plus aussi sûr : je glisse. Bêtement. Je tombe à plat ventre dans l'espoir d'accrocher quelque chose. Nada, que dalle ! Le problème c'est qu'après cette forte pente dans laquelle je roule et je boule sur trois mètres en un peu plus de deux secondes (j'ai vérifié sur mon GPS), j'ai encore quatre mètres à parcourir verticalement. Un étage et demi en gros...

Itinéraire d'un Lutin gâteux


J'entends Jean-Michel crier mon nom, il a l'air inquiet.

Comme chacun sait, la vitesse de chute dépend de l'équation v = √2gh, vu la hauteur de 4 mètres du rocher je vais toucher le sol à 32 km/h (en fait un peu plus vite car j'ai déjà accéléré en roulant) et vu mon poids, ça fait 32 809 joules d'énergie cinétique (E = 1/2mv²). J'avais déjà bouffé du joule lors d'une chute de 3 mètres en escaladant une falaise pourrie et j'y avais laissé une épaule.

Cela dure moins de deux secondes mais j'ai quand même le temps de me mettre en boule pour protéger ma tête et mes cervicales. Vingt-cinq ans de judo m'ont donné de bons réflexes et m'ont souvent sauvé la mise.

Ça donne ceci pour les deux parties de la chute : Krabardaf ! puis Chlonk ! C'est le Chlonk ! qui m'inquiète le plus...

Je suis sur le dos et je ne respire plus. Je me retourne douloureusement et me mets à ventiler comme un malade le museau dans les feuilles mortes. Jean-Michel arrive très vite, je me remets sur le dos (ouille !) et commence à glisser car il reste encore une bonne pente. Katia arrive et me bloque pendant que Jean-Mi maintient la partie supérieure. Je suis en état de choc : je suis tout pâle, j'ai très chaud et je me mets à débiter des âneries. Katia en bonne kiné fait un premier bilan : j'ai réussi à éviter les nombreux blocs de grès armoricains qui parsèment la pente et je bouge encore.

Près de moi, David notre petit jeune est fort inquiet et, pour le rassurer, je lui dis que je serai prêt fin juillet pour démarrer l’entraînement pour son premier 100 km de Millau. Là, c’est mon côté tranche-montagne ou matamore comme disent les espagnols. Ce type de rodomontades débitées à rythme continu m'évite tout simplement de tomber dans les pommes. C'est mon côté boomer macho. Cela dit, je me demande si je ne suis pas en passe de devenir un homme déconstruit... au sens propre !

On n'a pas de réseau, Fabrice arrête une voiture pour que plus loin la conductrice appelle les pompiers pendant qu'Eric galope jusqu'à Radon où se trouve mon épouse.

Une fois arrivés, les pompiers doivent grimper à mi-pente où je me trouve. Je commence à avoir franchement mal. Le cadre pompier me fait un premier examen sur place : tension normale, glycémie normale et pouls à 75, ce qui fait 20 points de trop pour moi mais normal vu mon état de stress. Le gars regarde vers le haut et écarquille les yeux "C'est le jour pour jouer au loto, vous avez eu un sacré bol ! Attendez-vous à avoir des côtes cassées, tiens, on vérifie s'il n'y a pas de pneumothorax". Là je fanfaronne moins. Apparemment, non... ouf !

Ses collègues arrivent avec le matériel pour me mettre en barquette, moi qui ai arrêté les plats cuisinés depuis des années ! Chouette, il y a une belle pompière trentenaire et une jolie débutante de 17 ans. Le débitant de calembredaines se remet au boulot : à la limite, je délire. Les pompiers pensent que la tête a dû porter mais les copains les rassurent :"Il est toujours comme ça !"

Je descends donc en luge jusqu'à la route. J'essaie de ne pas trop grimacer car il y a des filles.

Chouette descente en luge


Vu le côté spectaculaire de ma prestation, les pompiers ont appelé le médecin du SAMU avant de m'emmener aux urgences. Chouette ! C'est une femme et elle est super gentille. 
Elle me demande d'évaluer ma douleur de un à dix. Je lui dis cinq, elle sourit. Bon, six ou sept quand on me déplace dans mon sarcophage.

Elle me branche et m'injecte une petite dose de morphine. "Rassurez-vous, je vous ai mis une dose pour enfant". Pendant qu'elle m'examine, je déblatère évidemment. Elle me demande à nouveau d'évaluer la douleur. "Maintenant trois à quatre répondis-je et je possède ma propre échelle ; dix c'est quand on m'a enfoncé une sonde dans le rectum pour me faire une échographie de la prostate, j'ai bien failli tomber dans les pommes." 

Elle rigole : "On voit bien que vous n'avez jamais accouché, vous !" Logé le Lutin !

Direction les urgences d'Alençon pimpon pimpon ! Je suis pris en charge tout de suite. Je ne vois que des plafonds mais j'entends une infirmière dire au médecin que les pompiers ont amené un monsieur de 69 ans mais qui en fait dix de moins... Elle est mignonne.

Je suis transféré sur un lit à roulettes et rapidement envoyé au scanner. La manipulatrice a la gentillesse de me dire : "Je ne suis pas médecin mais je peux vous dire que vous n'avez rien au rachis." Quoi, c'est du rachis Parmentier ? Meuh non, je me rappelle, ça veut dire colonne vertébrale.

J'attends ensuite deux bonnes heures avec l'interdiction de m’asseoir avant la lecture du radiologue. Ça tombe bien, les 2 mg de morphine ne font plus d'effet.

Il règne une ambiance particulière en ce jour d'élections, il faut dire que 80% des médecins sont étrangers à l'hôpital d'Alençon. Malgré cette atmosphère un peu pesante, tout le personnel est très gentil avec moi. Le médecin me fait enfin une ordonnance qu'il tend à ma Josette qui se remet petit à petit de ses émotions. Je suis désolé pour elle, elle ne mérite pas un mari aussi excentrique.

Je m'assois enfin, j'ai très chaud soudain : premier malaise vaginal vagal. Je m'allonge. Ne voulant pas que le médecin décide de me garder, je me rassois, deuxième malaise vagal. A nouveau sur le dos le Lutin ! Au bout de cinq bonnes minutes, je tiens enfin debout. C'est un peu comme si on m'avait enfoncé un balai en flammes dans le rectum et qu'il montait jusqu'à la base des cervicales. Je commence à comprendre ce qu'était le supplice du pal...

Je mets un temps infini à sortir de l'hôpital, les muscles de mon dos se bloquent plusieurs fois. Quelques heures plus tard, avec les médicaments que ma chère femme est allée chercher, je gagne en mobilité même si je ne peux pas encore ôter mes pompes tout seul. Pendant ce temps, la messagerie tintinnabule comme le traîneau du Père Noël... La famille et les amis viennent aux nouvelles.

Le lendemain matin, je suis mieux que la veille en me couchant. Quand je dis mieux, c'est physiquement et aussi psychologiquement car j'ai bien conscience qu'un bout de rocher ou une racine bien dure aurait pu mettre un point final à ma carrière de sportif. C'est le genre d'événement qui me fait encore plus apprécier la chaleur humaine et réaliser la beauté de la nature qui m'entoure.

 

Merci à ma famille et mes amis pour leur aide et leur soutien.

 

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DOUZE IMPRESSIONS, DOUZE MOIS

Par Le Lutin d'Ecouves - 22-12-2023 17:48:08 - 6 commentaires

Cette année, pas de commentaires sur mes douze photos préférées de l'année mais des haïkus (5,7,5) plus à même d'exprimer l'instant qui s'enfuit aussitôt saisi (Plus grand format en cliquant sur les images) .

Janvier
Forêt d'Ecouves


La forêt de verre
Au bord de l'année fragile
Sourire frissonnant


Février
Champfrémont


Dépouillé je suis
Le miroir des sentiments
Ignore ma douleur

 

Mars
Paris


Traverser le fleuve
Sans un regard en arrière
Au seuil du printemps



Avril
Alençon


Il pleut sur ton pays
Du feu, du fer et du sang
Et pourtant l'espoir

 

Mai
Belle-Île-en-Mer


Le chant des sirènes
A couvert le bruit des vagues
Sortir et renaître

 

Juin
Portsall


Absence de couleur
A l'extrémité du monde
Auprès de ma brume

 

Juillet
Alençon


Éclat de soleil
Posé sur un chardon bleu
Mon jardin d'été


Août
Barneville-Carteret



Heure dorée, quiétude
Ta peau, odeur de vanille
Les dents du soleil

 

Septembre
Alençon


Tels des funambules
Ils ont repeint l'avenir
En ombres chinoises

 

Octobre
Barfleur


Automne assoupi
Illusion d'éternité
Tu me prends la main


Novembre
Forêt d'Ecouves


Je ris sous la pluie
Tombent les gouttes et les feuilles
La vie sous mes pas

 

Décembre
Forêt d'Ecouves


Ces étranges branches
À l'orée du matin calme
Le Monde à l'envers

 

 

 

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GR 34 2023 : La Côte des Légendes

Par Le Lutin d'Ecouves - 12-07-2023 09:51:08 - 4 commentaires

 

Cette année, moi et mon épouse allons nous contenter de 90 km en cinq étapes sur la Côte des Légendes. Peu de dénivelé mais une nature toujours aussi magnifique...

 

Etape 1 : 7 juin Roscoff-Sibiril (14,58 km - 141 m D+)
 


Aglagla, alors que le reste du pays débute une puissante vague de chaleur, il ne fait pas chaud à Roscoff en cette veille de départ. Nous reprenons notre tour de Bretagne là où on l'avait laissé en 2022. L'étape de demain doit faire 20,5 km mais nous sommes des gens qui n'hésitent pas à se mouiller et le kilométrage en sera fort raccourci.


Une fois sortis de Roscoff, nous allons essentiellement longer des plages de sable blanc issu de la désagrégation d'un granite très fin. Le temps est bien couvert alors que nous nous dirigeons vers Santec où nous avions vécu nos réfrigérantes aventures de Roscoff to Roscoff.


En chemin, nous rencontrons une charmante dame qui nous accompagne un moment en commentant le paysage avec son accent chantant du Léon.

 


Après avoir cassé la croûte, nous entreprenons la traversée de l'immense plage du Dossen. Le temps se dégage mais le vent est toujours aussi frisquet. Au bout d'un long moment, nous sommes amenés à remonter un courant et ce contournement nous paraît interminable. Après tout, lors de la course Roscoff to Roscoff, nous passions les courants en mettant les pieds dans l'eau...

 


Qu'à cela ne tienne, nous passons à gué l'Horn puis le Guillec, économisant ainsi six kilomètres de marche. Avec l'âge, on devient fainéant...

Nous dormons de l'autre côté de l'anse du Guillec dans un adorable petit logement en pleine nature avec vue sur le fleuve.

Etape 2 : 8 juin Sibiril-Plounévez Lochrist (24,83 km - 257 m D+)


On s'habitue vite à la beauté de la côte des Légendes d'autant plus que le terrain reste facile. Malgré un soleil magnifique, nous débutons avec deux épaisseurs de vêtements, la faute à ce vent du nord propre à rameuter les pingouins... 

 

 

Nous ne connaissions pas cette partie de la Bretagne et nous profitons grandement du lieu. Les locaux interrogés à propos de leur pays sont unanimes, pour rien au monde ils n'iraient vivre ailleurs hormis le prix des terrains et des maisons qui depuis une dizaine d'années atteint des sommes déraisonnables.

 


L'étape ne devait pas excéder vingt kilomètres vu qu'à Plouescat, nous devions traverser le Kérallé à gué mais juste avant de ce faire, un natif nous avertit que le courant serait trop fort... Effectivement, j'avais sous-estimé la taille du cours d'eau.

 


Qu'à cela ne tienne, nous allons faire le tour des marais pour atteindre notre camping situé de l'autre côté. Ça fera une bonne heure de marche en plus, juste le temps pour l'orage de s'installer et de nous arroser copieusement pendant une demi-heure.

 


Il y a tout ce qu'il faut sur place pour laver et sécher. On propose même de nous faire à manger pour pas cher... A côté de notre emplacement, une classe d'ados de Landivisiau campe avec ses profs. Ça va faire du boucan... ben non. Les gamins sont calmes bien élevés et étonnamment silencieux. Nous passons la nuit dans une cabane de la taille d'un cercueil biplace dont l'exigüité nous garantit une chaleur humaine suffisante malgré la fraîcheur ambiante.

 

Etape 3 : 9 juin Plonévez Lochrist - Brignogan Plage (18,44 km - 111 m D+)

 

Sous un temps menaçant, nous débutons la journée en arpentant les immenses dunes de Kéremma qui nous font furieusement penser à celles de Biville dans le Cotentin, les épaves de chars d'assaut en moins...

 


Nous avançons dans une réserve ornithologique classée Natura 2000 donc pas de troquet ni aucune autre forme de commerce. Arrivés dans le fond de la Baie de Goulven, nous nous apercevons que bien que d'aspect naturel et sauvage, le paysage reste façonné par la main de l'homme qui, pour maîtriser cette côte fluctuante, a drainé les marais et construit une digue pour dégager les terrains agricoles. 

 


Une fois à Goulven, nous trouvons l'unique crêperie ouverte dans laquelle nous sommes les uniques clients. La patronne est à sa cuisine et a l'air dérangée de devoir nous servir. Cela va prendre du temps car elle ne cesse de bouiner dans son office mais cela dit, c'était bon. Nous prenons ensuite le chemin pour remonter la baie et le GR nous fait une farce en disparaissant dans une propriété privée. 

 


Nous demandons notre chemin à un jardinier au look de musicien de rock à la retraite. S'en suit une discussion très sympa sur les plantes locales au comportement tropical, les insectes qui les fréquentent et les vipères qui grouillent dans le coin. Mon épouse dont l'erpétologie est accidentelle préfère le sable et nous descendons dans la baie pour rejoindre Brignogan où nous sommes logés chez un original collectionneur de tout dont le gîte a l'air d'une brocante à la Prévert.

 

 Etape 4 : 10 juin Brignogan Plage - Guissény (17,2 km - 186 m D+)

 


 Papy et Mamie repartent sur les chemins... Nous découvrons une côte magique entre Brignogan et Guissény d'autant plus que le temps finit par se mettre au beau. On va finir par avoir chaud si ça continue !

 


 Pas de doute, on est en Bretagne.... Au niveau du camping de Rudoloc, le GR se met à suivre une petite route appelée "La Digue". Le détour me semble exagéré et je prends l'initiative de filer tout droit.

 


 Trop bien, c'est quand même plus sympa par là. C'est pas parce que les ancêtres ont endigué les marais pour dégager du terrain agricole qu'on va se gêner !

 


 Oups ! Qui dit digue dit cours d'eau et nous v'là 'core obligés de s'déchausser !

 


Il ne reste plus qu'à longer la rive du Quillimadec pour rejoindre notre chambre d'hôtes située à l'entrée de Guissény. Le GR nous énerve derechef en suivant des routes écartées du rivage et nous prenons à nouveau le risque de cheminer sur l'estran tant que nous le pouvons.

 


La descente dans le fond de l'embouchure fera cinq kilomètres. Le gîte est sis dans un ancien moulin à marée, très confortable mais loin des commerces et vu le prix du repas proposé, nous mangerons ce soir du pâté et un Yabon en regardant les oiseaux au bord du marais.

Etape 5 : 11 juin Guissény - Plouguerneau (15,45 km - 222 m D+)

 


Dernière étape sur la Côte des Légendes, Plouguerneau étant la porte d'entrée du Pays des Abers. Il nous faut d'abord remonter le Quillimadec, ce qui ne fait que 3,5 km de ce côté. 

 


Nous franchissons la digue qui sépare la mer du marais de Curnic, nouvel espace façonné par la main de l'homme et véritable paradis pour les oiseaux. Je n'ai malheureusement pas le temps d'observer les 17 espèces de libellules locales ni d'admirer les orchis tachetées ou les droséras. La rando avec un sac de 10 kg, ça a ses limites.

 


Seule difficulté de ces 90 km des Légendes, le contournement de la plage du Vougo avant d'arriver à Plouguerneau. Il nous faut grimper un peu et pour aider, il se met à faire chaud. Comme l'étape est courte, il nous tarde de déposer nos sacs dans la "cabadienne" que nous avons réservée au camping pour aller sur la Plage de la Grève Blanche. Manque de bol, le temps qu'on s'installe, la chaleur sur la mer à 15 degrés a généré une brume qui va envahir la côte pour y rester plusieurs jours.

 


 Bon, on repartira d'ici l'année prochaine si les petits cochons ne nous mangent pas...

 



 

 

 

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JE DONNE MA LANGUE AU ChatGPT

Par Le Lutin d'Ecouves - 02-06-2023 18:27:52 - 4 commentaires

 

Curieux de nature, j'ai récemment discuté avec l'intelligence artificielle ChatGPT. Après quelques tâtonnements, j'ai réussi à lui faire écrire quelques poèmes dans le style de ceux que j'ai pu produire sur ce blog. Le résultat peut tromper le néophyte mais je l'ai trouvé un peu euh... artificiel. Cela dit ChatGPT peut produire des alexandrins sur commande et ne fait pour le moment pas de faute d'orthographe. Je l'ai d'ailleurs félicité pour son travail appliqué, ce à quoi il m'a répondu :

"Je vous en prie ! Je suis ravi d'avoir pu répondre à vos attentes et de vous avoir offert des poèmes dans le style du Lutin d'Ecouves. Si vous avez d'autres questions ou besoin d'une aide supplémentaire, n'hésitez pas à me le faire savoir. Je suis là pour vous aider. Merci pour vos aimables paroles et votre appréciation."

Il est mignon !

Promis, mes prochains billets ne seront pas écrits à l'aide de cette aimable machine mais cependant, je ne résiste pas à vous livrer la réponse qu'il m'a faite à cette question :

Connais-tu le Lutin d’Ecouves ?

"Oui, je suis familiarisé avec le Lutin d'Ecouves. Le Lutin d'Ecouves est une créature légendaire qui est souvent associée à la forêt d'Ecouves en Normandie, en France. Selon les récits populaires, il s'agit d'un lutin espiègle et farceur qui habite la forêt et joue des tours aux personnes qui s'y aventurent.

Le Lutin d'Ecouves est décrit comme étant petit, avec une apparence facétieuse et une nature taquine. On raconte qu'il aime se cacher dans les fourrés, faire du bruit pour effrayer les promeneurs et déplacer des objets d'un endroit à un autre. Il est considéré comme le gardien mystique de la forêt, protégeant son territoire des intrus.

Les histoires sur le Lutin d'Ecouves sont souvent transmises de génération en génération, créant ainsi une aura de mystère et d'aventure autour de la forêt. Les personnes qui se promènent dans la région d'Ecouves peuvent parfois entendre des rires étouffés ou remarquer des mouvements furtifs dans les bois, attribués aux farces du Lutin d'Ecouves.

Bien que le Lutin d'Ecouves soit généralement perçu comme une créature inoffensive, il est conseillé de respecter la forêt et ses habitants, en évitant de perturber leur habitat naturel. Ainsi, la légende du Lutin d'Ecouves ajoute une touche de magie et de merveilleux à la beauté déjà captivante de la forêt d'Ecouves."

Etonnant, non ?

 

 



 

 

 

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DOUZE MOIS, DOUZE DÉAMBULATIONS

Par Le Lutin d'Ecouves - 20-12-2022 20:01:29 - 8 commentaires

 Rétrospective photo 2022
 
Cette année, j'ai fait le choix de ne présenter qu'une facette de mes pérégrinations photographiques en n'incluant dans cette présentation que des photos de rue. Loin de moi l'idée de me comparer aux grands représentants de l'école française de photographie urbaine ni à Tonton Gilles qui m'accompagne bien souvent lors de mes balades dans ma bonne ville d'Alençon. Exit donc les clichés de paysages ou d'insectes bien plus colorés et agréables à voir dont je suis accoutumé. Pour tous les genres photographiques du Lutin, consulter mon Flickr.

Un petit point de droit concernant la photo de rue : En France depuis 2008, pour que quelqu’un réussisse à faire interdire la publication d'une photo de rue sur laquelle il paraît, il faut qu’il prouve que cela lui porte préjudice. Le simple fait de se reconnaître sur une image ne suffit pas. S’il n’y a aucun préjudice, aucune conséquence sur la personne photographiée, le photographe est dans son droit. La liberté d’expression artistique prime sur le simple désir d’une personne qui ne souhaite pas voir son image diffusée. Cela dit, quand il s'agit manifestement de mineurs, je préfère les prendre de loin ou je floute leur visage...

 

Janvier

 

Rose Gourmandise

Pas besoin de floutage pour ces garçons, le masque fait le travail. La photo la plus colorée de l'année prise près de la Basilique un jour bien froid lors duquel il est si bon de chercher un réconfort sucré à la sortie de l'école. 

 

Hybride Panasonic DMC-GX80

Février

 

Différentes rêveries

La photo de rue doit raconter une histoire, le "joli" y a peu de place. Pour appuyer mon discours, j'ai souvent recours à la couleur partielle qui ne doit cependant pas être systématique au point de devenir un tic.
 
 Hybride Panasonic DMC-GX80
 

Mars

 

Gare aux lignes !

Là, c'est le photographe qui se livre sur cette photo prise sur le parvis de la gare. On y perçoit bien la psychologie du maniaque compulsif qui ne supporte que les lignes bien rangées et les angles bien marqués. Heureusement, un personnage vient donner un peu de vie à cette froide géométrie ainsi qu'une fort discrète tache de couleur rouge.

 

Compact Panasonic DMC-TZ100

Avril

 

Relais en couple

Toujours le parvis de la gare, pas besoin de travailler le cadre ou la couleur, cette photo fonctionne toute seule. Ce couple vient fort à propos habiller de vie cette débauche de lignes droites. Signe des temps, ils contemplent un smartphone en bons enfants du siècle.

 Hybride Panasonic DMC-GX80

Mai

A la Porte de Lancrel    


Autrefois, la ville d'Alençon était entourée d'une muraille percée de portes donnant sur les faubourgs. De la porte de Lancrel ne reste plus qu'un fort discret accès piétonnier. Ici, on sent le poids de l'Histoire accentué par ce vénérable personnage à la crinière blanche.


Hybride Panasonic DMC-G85
 
Juin
 
Traversé !

Autre ville : Morlaix et ses superbes maisons anciennes comme bien souvent en Bretagne. Ligne de fuite, regard, personnage... rien à rajouter et tout cela avec un malheureux téléphone portable !

Téléphone portable iPhone 13
 
Juillet
 
Deux amies

Sur le site de la Providence en bord de Sarthe, je me trouve un moment à suivre ces deux amies (ou sœurs ?) qui devisent sous l'écrasant soleil de juillet. J'aurais pu appeler cette photo "Contraste" ou "Diversité".

Hybride Panasonic DMC-GX80
 
Août
 
Bâton de Maréchal

Alençon fut la première ville prise par la 2ème DB du Maréchal Leclerc, personnage toujours respecté localement qui a sa statue non loin de son ancien QG. Ce cliché clin d’œil doit tout au hasard, le genre de photo qu'il ne faut pas laisser passer. 
 
 Hybride Panasonic DMC-GX80
 
Septembre
 
Rue Étroite

Autre région, autre urbanisme. A Millau, on sait s'abriter du soleil. Mon épouse Josette me permet d'effectuer un cliché vivant de cette voie singulière appelée... Rue Étroite.
 
Téléphone portable iPhone 13
 
Octobre
 
De l'Asie à la Normandie

Alençon ne manque pas de Saints et est devenue un lieu de pèlerinage catholique. Parfois, les pèlerins viennent du bout du Monde comme ce joyeux groupe d'Asie du sud-est. Je me mets à la place de ces gens et essaie de ressentir le caractère puissamment exotique de ma bonne ville normande pour qui vient d'aussi loin.

Hybride Panasonic DMC-G85
 
Novembre
 
Féminin

Cette sculpture de Louis Derbré trône place de l'Hôtel de Ville à Alençon. C'est la première fois que je fais une photo correcte de cette sculpture grâce à ces trois personnages féminins qui illustrent cette œuvre dont le véritable intitulé est "Amour".

 Hybride Panasonic DMC-GX80
 
Décembre
 
Lumière intérieure

On se réchauffe comme on peut en cette mi-décembre sombre et froide. Cette photo prise après le coucher du soleil vaut pour moi surtout pour ses lignes géométriques mais elle ne serait rien sans cette ombre mélancolique.
 
Compact Sony DSC-RX100M3
 
 
 

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NAGUÈRE, DES ÉCOLES - ÉPISODE 18

Par Le Lutin d'Ecouves - 07-09-2022 09:55:47 - 16 commentaires


Le côté obscur
 
Quand je relis les 17 précédents épisodes de cette série, je m'aperçois finalement que j'y ai gommé la plupart des aspects négatifs de ma carrière. Serais-je un incurable optimiste, un Bisounours ou serait-ce plutôt de l'auto-censure ? Non, en fait j'ai signé en 1977 à mon recrutement un document m'imposant de ne parler qu'en termes élogieux de mon métier pour éviter que les générations futures ne le fuient à toutes jambes. Nan, je déconne ! En réalité si je n'ai pas parlé de mes galères c'est qu'il n'y a pas de raison que je me fasse avoir et pas les autres. Nan, je re-déconne, j'ai beaucoup aimé ce métier très prenant de plus en plus mal payé au fil du temps et qui n'a attiré que mépris de la part de la majorité de la population et surtout de mon administration. 
 
 
 École Normale d'Alençon
(Centre de formation des instituteurs : deux ans de formation après le bac)
 
Dans cet établissement, il y avait deux types de profs :
 
- Ceux qui ne savaient pas trop ce qu'ils faisaient là, n'ayant qu'une vague idée de ce qu'était l'enseignement en primaire et encore moins en maternelle. Je me souviens de ce prof d'audio-visuel ((à l'époque c'était à la mode) qui ne faisait rien mais qui notait bien, de ce prof d'arts aux cheveux longs qui n'avait jamais de matériel mais qui approuvait n'importe quel gribouillage. Et ce prof remplaçant d'histoire-géo qui avait regardé avec nous les rencontres de Roland-Garros au lieu de faire cours, et cette prof de psycho qui lisait ses cours à longueur de temps d'un ton monocorde sans lever les yeux de sa feuille. Son absence de personnalité et de pédagogie l'avaient amenée à monter en grade : elle était devenue inspectrice.
 
Ces gens-là, conscients de leurs faiblesses étaient plutôt sympas avec nous et notaient correctement. Quand ils nous visitaient en stage, ça se passait bien, émerveillés qu'ils étaient de découvrir ce qu'était le vrai boulot d'un pédagogue (et dans pédagogue, il y a gogues).

- Ceux qui avaient des idées arrêtées sur l'enseignement et qui étaient bien décidés de les faire entrer de gré ou de force dans la tête des étudiants. La plupart étaient des militants persuadés du fait qu'ils allaient changer le monde en changeant les esprits des jeunes enseignants qui changeraient ensuite les esprits des enfants. Ceux-là étaient vindicatifs pour les étudiants qui ne suivaient pas la ligne. Face à eux, la seule bonne stratégie était l'évitement : il était impératif de leur servir la soupe et de cacher le reste. Je me souviens de cette prof de sciences qui n'acceptait que la modernité et pour laquelle il fallait faire table rase des méthodes de nos maîtres d'école. Tout ce qui appartenait au passé était mauvais et nous devions construire notre propre monde pédagogique. Quand nous lui demandions comment, elle nous répliquait d'un ton cinglant qu'elle n'était pas là pour nous donner des recettes. Je me souviens de ce prof de français spécialiste en linguistique qui interdisait entre autres la grammaire ou la dictée, sans parler de la conjugaison. Les enfants devaient construire leurs apprentissages et d'ailleurs, ce n'était pas des élèves mais des apprenants. Mais comment nous faisions pour leur apprendre à construire ? Mystère... Je me souviens de stages en classe où je faisais planquer dictées et leçons de grammaire aux enfants lors des visites de ces commissaires de la pensée pédagogique tout en leur montrant un boulot bien dans la ligne de la pensée moderne mais à l'efficacité anecdotique. Ces professeurs n'eurent que peu d'impact sur moi, mon passé de cancre m'avait finalement bien servi, je m'étais retrouvé en stage pour la première fois devant des enfants à l'âge de 23 ans, je n'étais pas aussi influençable qu'un jeune de moins de vingt ans. Et puis, mon vécu d'ex-fainéant m'en avait beaucoup appris sur les mécanismes liés à la motivation ou à son absence chez l'enfant. 


A la campagne

Nous connaissions les termes du contrat : avant d'enseigner en ville, nous devions faire plusieurs années de goulag campagne. Les premières années étaient rock and roll car nous (couple d'instits mariés) n'étions nommés qu'en dernière minute.
 
Pour mon premier poste, ce fut cool car nous avons été nommés dans la même école à seulement 40 km de chez nous et avertis... quelques jours avant. Nous n'avions pas d'enfants et peu de meubles, il y avait une passoire thermique disponible à côté de l'école. Cool... En fin d'année scolaire, sachant qu'on allait virer car nous n'étions pas encore titulaires de nos postes, nous avions entreposé nos meubles dans le garage du voisin et étions partis deux mois en vacances vu que nous étions SDF.
 
La rentrée de septembre était un jeudi et nous avions réservé un camion pour déménager mais nous n'avions pas pu remplir le kilométrage car nous n'avons su où nous allions enseigner que le vendredi soir, donc après la rentrée. Un week-end pour se retourner, pas de problème ! Cette année, j'avais été obligé de refuser un logement de fonction sans chauffage avec un trou gros comme ma tête dans la cheminée qui laissait voir le jardin. Le maire, qui avait la plus belle maison du village et qui était cadre à l'EDF m'en avait voulu et ne m'avait pas reversé l'indemnité de logement que la municipalité recevait chaque mois. J'avais donc fait la route chaque jour et comme ma femme bossait autre part dans la campagne et qu'un couple d'instits ne gagnait pas assez pour avoir deux bagnoles, elle me déposait à l'école à 7h30 et ne revenait me chercher qu'à 18h. Comme il n'y avait pas de cantine le midi, je mangeais dans ma gamelle et je retournais bosser. il faut dire que c'était une classe unique et qu'il y avait du taf, j'étais donc seul ; quant aux parents, ils étaient indifférents à l'école. Il n'y eut d'ailleurs personne pour se présenter au comité de parents d'élèves.
 
L'année suivante, nous obtînmes des postes de titulaires dans un bled d'éleveurs de chevaux où nous fûmes pris de haut en tant que fonctionnaires pendant trois années. J'avais fini par sympathiser avec un éleveur de chèvres auquel j'avais demandé pourquoi nous étions à ce point méprisés par la population. "C'est normal, t'as vu leurs Mercedes et ta Renault 14 ? Avec ta paye d'instit, t'es tout en bas de l'échelle juste au-dessus des chômeurs. Tu n'auras leur respect que quand t'auras une grosse bagnole." 
 
Bien... on a compris, notre poste suivant était situé dans un village pauvre où nous fûmes bien accueillis et logés dans une nouvelle passoire thermique sans chauffage. Nous avons dû acheter nous-mêmes nos convecteurs électriques et Madame le Maire nous a offert l'installation par un électricien. C'est pratique le chauffage électrique et c'est très joli quand le givre fait des fleurs sur les carreaux. C'est moins bien quand la glace se forme à l'intérieur, surtout quand vous avez un bébé à la maison.
 
Le village était calme et les enfants plutôt gentils, d'ailleurs, nous n'avons été cambriolés qu'une fois par des anciens élèves de l'école qui avaient vite été rattrapés. Nous n'avions pas porté plainte. Un des trois gamins de quinze ans était venu s'excuser et offrir en repentance de tondre notre pelouse. Les parents des deux autres nous avaient fait la gueule, vexés qu'ils étaient de se trouver en défaut. Après douze ans de goulag campagne, nous avons retrouvé notre bonne ville d'Alençon dotés d'une solide expérience pédagogique et d'une maturité certaine.

En ville

Quand vous avez moins de quarante ans, il faut vous contenter des postes les moins prestigieux mais on vous laisse le choix : les pauvres ou les immigrés. En fait, c'est pareil. Dans notre premier poste en zone "sensible" (tous deux dans la même école), on a subi un choc : les gamins ne tenaient pas en place et certains s'asseyaient même sur les tables. En récré, certains se barraient de l'école. On avertissait juste la directrice qui téléphonait aux parents. Le boulot était très dur mais j'eus cependant des satisfactions avec certains enfants dont j'eus des retours positifs bien des années après (aucun ne m'a cassé la figure). 
 
La première année, nous avons hérité de deux doubles niveaux: les classes dont les collègues en place ne voulaient pas emplies des élèves dont on ne voulait pas non plus. Mon épouse avait un CP-CE1 dont les plus âgés étaient des grands brûlés de la pédagogie moderne : Ils avaient eu l'année précédente une maîtresse qui avait appliqué à la lettre les préceptes du prof de Français cité plus haut et qui aura sévi toute sa carrière dans l'Orne. La dame avait donc enseigné la lecture en utilisant la méthode "Naturelle"sans colorants ni additifs. A notre époque, on dirait Vegan, à l'inverse des bouffeurs de barbecue burnés. Bref, la dame donc, avait été inspectée en fin d'année et citée comme exemple dans les conférences pédagogiques ; elle avait pris un maximum de points et cela lui avait permis de retourner en maternelle d'où elle était venue. Une glorieuse année de CP lui avait suffi. Problème : les gamins ne savaient pas lire et on avait scindé en deux la classe. Une partie en CE1-CE2 avec l'aide d'une collègue supplémentaire qui prenait les enfants de CE1 en petit groupes et un CP-CE1 (mon épouse) pour que les CE1 apprennent enfin à lire avec les CP. Moi, j'avais eu du bol, mes CE2-CM1 étaient très durs mais savaient raisonnablement lire.
 
A cette époque, le redoublement devenait obsolète pour des raisons budgétaires ("Vous vous rendez compte combien ça coûte", nous disait-on.) L'inspecteur nous accordait cependant un quota de redoublements d'un ou deux enfants par classe. Il fallait choisir et envoyer les autres au hachoir. Ensuite, les tableaux EXCEL de l’Éducation Nationale ont rendu le redoublement tellement caca qu'il a été interdit. Ouf ! Moi qui ai redoublé mon CM2, ma 4ème et ma Terminale, je l'ai échappé belle...
 
Tout allait finalement pas si mal dans cette école où je m'étais accoutumé à la difficulté de la tâche en prenant un peu de distance avec le boulot. Question de survie : le nez dans le guidon, tu meurs. J'ai juste fait une erreur, un jour à cours d'argent, j'ai refusé de faire la grève et à partir de ce moment j'ai été traité comme un paria par la directrice qui a fait déménager ma classe à l'autre bout du couloir, monté les parents contre moi et envoyé mes cahiers à l'inspecteur pour lui signaler des pratiques pédagogiques non-conformes. L'inspecteur était bien embêté, il ne m'a rien reproché mais m'a fait comprendre qu'on ne contrariait pas une directrice en place depuis tant d'années. Il faut dire que pour être inspecteur, en plus du fait qu'on fait moins de dégâts derrière un bureau que devant des élèves, il faut avoir une certaine dose d'hypocrisie et c'est pas donné à tout le monde d'être à la fois autoritaire et fourbe. On doit faire des études pour cela.
 
Mon épouse a ensuite travaillé en ZEP jusqu'à la fin de sa carrière car elle y a trouvé une équipe soudée et fort sympathique. Les parents, en grande majorité étrangers, étaient bien loin des préoccupations pédagogiques de la société française, on ne peut pas leur en vouloir mais on peut en vouloir à une administration prompte à monter des actions de communication dans ces quartiers sinistrés de la République pour montrer qu'on se soucie des pauvres et que la France n'est pas raciste puisqu'on met tant de moyens dans ces zones dites sensibles. Le problème, c'est que la com' ça coûte cher et ce n'est que de la com'. Ma femme terminera sa carrière avec une classe de trente-cinq petits de maternelle. Le jour de sa retraite, elle prit un pot avec ses collègues et n'eut ni courrier ni coup de fil de son inspectrice. Moi, j'ai eu de la chance, j'ai reçu un courrier type signé à la main par mon inspectrice. Trop généreuse ! Elle n'allait quand même pas se déplacer pour me dire au revoir vu que l'inspection était à un bon kilomètre de mon école.
 
J'ai passé mes dix-neuf dernières années dans une école de centre-ville. La première année, on m'a refilé le CP car personne n'en voulait. Ce fut une révélation pour moi, je m'y suis vraiment éclaté. Les six dernières années, j'ai changé de niveau pour ne pas m'encroûter. Moins de galères car moins de problèmes dans une école de bourgeois à partir du moment où on sait remettre le bourgeois à sa place.
 
Le côté obscur ne se trouvait qu'au niveau de l'administration avec les Dark Inspectors et ses Conseillers Pédagosiths tous chargés de relayer les délires venus de la Planète Gouvernementale. A cette époque, j'avais assez de bouteille pour résister aux injonctions maboules des différents ministres et j'ai enseigné comme je l'entendais. Il m'a constamment fallu résister à la folie auto-destructrice du système due au libéralisme qui, non content de dézinguer l'industrie s'est insidieusement immiscé dans l'enseignement sous des oripeaux apparemment progressistes appelés "concertation", "projet d'école", "évaluations"... produisant une avalanche de réunions toutes aussi inutiles et venteuses les unes que les autres (en presque quarante ans, je suis passé de moins de 10 heures à 36 heures de réunions par an).
 
Sous couvert de modernité, on a mis de l'ordre dans une profession fort indépendante et autonome à coups d'évaluations, de rapports et d'injonctions autoritaires, il fallait rendre des comptes, nous devenions des gratte-papier. Les tableaux EXCEL et les POWER POINT ont été assénés par les obéissants rouages de l'administration. On en est venu à évaluer jusqu'aux enfants de trois ans ! Je me souviens d'une inspectrice soutenant aux enseignants de ZEP que leurs résultats n'étaient pas acceptables par rapport au centre-ville car, disait-elle, "des études ont montré que le niveau socio-culturel des parents n'avait pas d'incidence sur le niveau scolaire des enfants". "Des études ont montré", ça c'est un truc fort ! Nonobstant le fait que les études en question, on ne nous les montre pas... Et quand des vieux ronchons comme moi protestent : "Je ne peux pas vous laisser dire ça !" Trop fort ce qu'ils apprennent sur la planète des Siths !
 
J'ai fini par me taire et seulement noter à haute voix les fautes d'orthographe et de grammaire sur les POWER POINT, ça les énervait mais ils fermaient leur clapet pour le coup. Quant aux évaluations qui ne me servaient à rien (j'avais assez de pratique pour ne pas en avoir besoin), je finis par les truquer pour avoir la paix. Facile : la semaine précédente, je faisais faire trois jours d'entraînement à mes élèves avec les évaluations de l'année d'avant et, comme d'une année sur l'autre cela variait peu, j'avais un taux de réussite stratosphérique et j'étais félicité par l'inspection pendant que les mauvais mais surtout naïfs collègues étaient regardés de travers comme du temps où Charlemagne chapitrait les cancres sur les illustrations des livres d'histoire de mon enfance.

 
Tout ceci est bien sûr écrit avec la mauvaise foi qui me caractérise. Si j'ai commis ce texte huit ans après le précédent, c'est en réaction à la situation actuelle où l'on s'aperçoit que l'on manque de profs après les avoir paupérisés, trop souvent traînés dans la boue et traités comme des pions. Je me suis cependant épanoui dans ce métier et je ne regrette rien. Je devais être fait pour cela...
 

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