Une fois sortis de Roscoff, nous allons essentiellement longer des plages de sable blanc issu de la désagrégation d'un granite très fin. Le temps est bien couvert alors que nous nous dirigeons vers Santec où nous avions vécu nos réfrigérantes aventures de Roscoff to Roscoff.
En chemin, nous rencontrons une charmante dame qui nous accompagne un moment en commentant le paysage avec son accent chantant du Léon.
Après avoir cassé la croûte, nous entreprenons la traversée de l'immense plage du Dossen. Le temps se dégage mais le vent est toujours aussi frisquet. Au bout d'un long moment, nous sommes amenés à remonter un courant et ce contournement nous paraît interminable. Après tout, lors de la course Roscoff to Roscoff, nous passions les courants en mettant les pieds dans l'eau...
Qu'à cela ne tienne, nous passons à gué l'Horn puis le Guillec, économisant ainsi six kilomètres de marche. Avec l'âge, on devient fainéant...
Nous dormons de l'autre côté de l'anse du Guillec dans un adorable petit logement en pleine nature avec vue sur le fleuve.
Etape 2 : 8 juin Sibiril-Plounévez Lochrist (24,83 km - 257 m D+)
On s'habitue vite à la beauté de la côte des Légendes d'autant plus que le terrain reste facile. Malgré un soleil magnifique, nous débutons avec deux épaisseurs de vêtements, la faute à ce vent du nord propre à rameuter les pingouins...
Nous ne connaissions pas cette partie de la Bretagne et nous profitons grandement du lieu. Les locaux interrogés à propos de leur pays sont unanimes, pour rien au monde ils n'iraient vivre ailleurs hormis le prix des terrains et des maisons qui depuis une dizaine d'années atteint des sommes déraisonnables.
L'étape ne devait pas excéder vingt kilomètres vu qu'à Plouescat, nous devions traverser le Kérallé à gué mais juste avant de ce faire, un natif nous avertit que le courant serait trop fort... Effectivement, j'avais sous-estimé la taille du cours d'eau.
Qu'à cela ne tienne, nous allons faire le tour des marais pour atteindre notre camping situé de l'autre côté. Ça fera une bonne heure de marche en plus, juste le temps pour l'orage de s'installer et de nous arroser copieusement pendant une demi-heure.
Il y a tout ce qu'il faut sur place pour laver et sécher. On propose même de nous faire à manger pour pas cher... A côté de notre emplacement, une classe d'ados de Landivisiau campe avec ses profs. Ça va faire du boucan... ben non. Les gamins sont calmes bien élevés et étonnamment silencieux. Nous passons la nuit dans une cabane de la taille d'un cercueil biplace dont l'exigüité nous garantit une chaleur humaine suffisante malgré la fraîcheur ambiante.
Etape 3 : 9 juin Plonévez Lochrist - Brignogan Plage (18,44 km - 111 m D+)
Sous un temps menaçant, nous débutons la journée en arpentant les immenses dunes de Kéremma qui nous font furieusement penser à celles de Biville dans le Cotentin, les épaves de chars d'assaut en moins...
Nous avançons dans une réserve ornithologique classée Natura 2000 donc pas de troquet ni aucune autre forme de commerce. Arrivés dans le fond de la Baie de Goulven, nous nous apercevons que bien que d'aspect naturel et sauvage, le paysage reste façonné par la main de l'homme qui, pour maîtriser cette côte fluctuante, a drainé les marais et construit une digue pour dégager les terrains agricoles.
Une fois à Goulven, nous trouvons l'unique crêperie ouverte dans laquelle nous sommes les uniques clients. La patronne est à sa cuisine et a l'air dérangée de devoir nous servir. Cela va prendre du temps car elle ne cesse de bouiner dans son office mais cela dit, c'était bon. Nous prenons ensuite le chemin pour remonter la baie et le GR nous fait une farce en disparaissant dans une propriété privée.
Nous demandons notre chemin à un jardinier au look de musicien de rock à la retraite. S'en suit une discussion très sympa sur les plantes locales au comportement tropical, les insectes qui les fréquentent et les vipères qui grouillent dans le coin. Mon épouse dont l'erpétologie est accidentelle préfère le sable et nous descendons dans la baie pour rejoindre Brignogan où nous sommes logés chez un original collectionneur de tout dont le gîte a l'air d'une brocante à la Prévert.
Etape 4 : 10 juin Brignogan Plage - Guissény (17,2 km - 186 m D+)
Papy et Mamie repartent sur les chemins... Nous découvrons une côte magique entre Brignogan et Guissény d'autant plus que le temps finit par se mettre au beau. On va finir par avoir chaud si ça continue !
Pas de doute, on est en Bretagne.... Au niveau du camping de Rudoloc, le GR se met à suivre une petite route appelée "La Digue". Le détour me semble exagéré et je prends l'initiative de filer tout droit.
Trop bien, c'est quand même plus sympa par là. C'est pas parce que les ancêtres ont endigué les marais pour dégager du terrain agricole qu'on va se gêner !
Oups ! Qui dit digue dit cours d'eau et nous v'là 'core obligés de s'déchausser !
Il ne reste plus qu'à longer la rive du Quillimadec pour rejoindre notre chambre d'hôtes située à l'entrée de Guissény. Le GR nous énerve derechef en suivant des routes écartées du rivage et nous prenons à nouveau le risque de cheminer sur l'estran tant que nous le pouvons.
La descente dans le fond de l'embouchure fera cinq kilomètres. Le gîte est sis dans un ancien moulin à marée, très confortable mais loin des commerces et vu le prix du repas proposé, nous mangerons ce soir du pâté et un Yabon en regardant les oiseaux au bord du marais.
Etape 5 : 11 juin Guissény - Plouguerneau (15,45 km - 222 m D+)
Dernière étape sur la Côte des Légendes, Plouguerneau étant la porte d'entrée du Pays des Abers. Il nous faut d'abord remonter le Quillimadec, ce qui ne fait que 3,5 km de ce côté.
Nous franchissons la digue qui sépare la mer du marais de Curnic, nouvel espace façonné par la main de l'homme et véritable paradis pour les oiseaux. Je n'ai malheureusement pas le temps d'observer les 17 espèces de libellules locales ni d'admirer les orchis tachetées ou les droséras. La rando avec un sac de 10 kg, ça a ses limites.
Seule difficulté de ces 90 km des Légendes, le contournement de la plage du Vougo avant d'arriver à Plouguerneau. Il nous faut grimper un peu et pour aider, il se met à faire chaud. Comme l'étape est courte, il nous tarde de déposer nos sacs dans la "cabadienne" que nous avons réservée au camping pour aller sur la Plage de la Grève Blanche. Manque de bol, le temps qu'on s'installe, la chaleur sur la mer à 15 degrés a généré une brume qui va envahir la côte pour y rester plusieurs jours.
Bon, on repartira d'ici l'année prochaine si les petits cochons ne nous mangent pas...