Elisabeth quitta la Cour pour se marier avec Marin de la Guerre lui aussi musicien. Ce mariage n'arrêta pas la carrière de la musicienne qui se forgea une réputation due à la grande qualité de son œuvre. Elle fut la première Française à avoir composé un opéra et ses cantates et sonates furent très appréciées, même par le défunt Lully qui, trois ans après sa mort, écrivait ceci dans le Mercure Galant :
"..Du Train de l'Opera demandant des nouvelles
Aux Mortels depuis peu descendus icy bas,
Ils m'en ont à l'envy débité des plus belles,
Et m'ont dit que là-haut vous faisiez grand fracas.
Qu'on vantoit à la Cour, de mesme qu'à la Ville,
Un Opera nouveau, que vous avez donné,
Et quoy qu'on vous connust pour femme très-habile,
Que d'un si grand travail on étoit étonné.
L'entreprise, il est vray, n'eut jamais de pareille.
C'est ce qu'en vostre Sexe aucun Siècle n'a veu,
Et puis qu'il devoit naistre une telle Merveille,
Au Règne de LOUIS ce prodige étoit deu."
Dans ce monde d'hommes jaloux de leur pouvoir, il fallait qu'Elisabeth fût bien talentueuse pour qu'on l'apprécie ainsi et on imagine qu'en dehors de ses compétences musicales, elle devait avoir une personnalité et une force de caractère peu communes pour s'imposer ainsi.
Pour illustrer ce billet, j'ai choisi un prélude pour clavecin non mesuré aux allures d'improvisation, hérité de la toccata italienne, suivi par une chaconne dont la puissance et la majesté font regretter sa trop grande brièveté.