KikouBlog de Le Lutin d'Ecouves - Avril 2011
Le Lutin d'Ecouves

Aucune participation prévue dans les 8 semaines à venir.

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Archives Avril 2011

LA FAUNE D'AVRIL

Par Le Lutin d'Ecouves - 29-04-2011 08:05:14 - 5 commentaires

 

 Jardin de Lutin (suite)



Les fourmis, premières sorties, semblent particulièrement apprécier les bleuets avant qu'ils ne s'ouvrent.


La corée marginée (c'est plus joli que punaise brune) a élu domicile sur une énorme feuille de rhubarbe dont elle se nourrit. Loin de moi l'idée de l'en déloger, j'ai de quoi faire des dizaines de tartes et quelques litres de compote. On peut partager...


Le clyte bélier, petit coléoptère xylophage n'est pas non plus bien gourmand et préfère même le bois mort. Son déguisement de guêpe ne trompera que les moins observateurs.


Autre xylophage, la cétoine dorée, superbe bijou vivant est un auxiliaire indispensable du jardinier car, non seulement elle nettoie le jardin de son bois mort, mais en plus elle pond ses œufs dans le compost et ses larves en accélèrent la décomposition.


Encore un ami : la Chrysope verte se nourrit de pucerons et de cochenilles ainsi que d'acariens.


On ne présente plus la coccinelle à sept points, grande consommatrice de pucerons mais...


... elle est en train d'être supplantée par la coccinelle asiatique importée dans les années 80 par des gens qui, trouvant cet animal plus écologique que les pesticides, n'avaient pas pensé que l'insecte ferait une féroce concurrence aux espèces autochtones, d'autant plus que l'animal se nourrit parfois des larves des autres espèces de coccinelles. L'enfer est parfois pavé de vertes intentions.


Reines du jardin au début de l'automne, les araignées sont fort discrètes car encore bien petites comme cette épeire concombre dont la lumière rasante du soleil couchant m'a permis d'en capturer l'ombre.




Photos prises fin avril sur les petits 80 m² de mon jardin de Lutin.



 

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NAGUÈRE, DES ÉCOLES - ÉPISODE 8

Par Le Lutin d'Ecouves - 26-04-2011 18:26:26 - 5 commentaires

 

La claque !



Je suis né citadin et, tout naturellement, je retournai à mes racines après une douzaine d’années d’enseignement à la campagne. 

Quand on n’a qu’une petite ancienneté en arrivant en ville, on ne trouve pas nécessairement les postes les plus confortables. C’est comme cela que je me suis retrouvé dans une école en zone sensible.

Une zone sensible, c’est comme une ZEP (zone d’éducation prioritaire) mais sans les moyens supplémentaires.

Pour le coup, l’école n’était pas familiale : douze postes d’instits plus une directrice plus le personnel de service. Et je ne compte pas la maternelle qui se trouvait de l’autre côté de la rue.

Pas de famille non plus au niveau des collègues. Comme disait mon grand-père, ici c’était au plus fort la pouche ! En salle des profs, les plus anciens dictaient la loi aux arrivants dans le bruit et la fumée de cigarette.

C’est comme cela que moi et mon épouse avions hérité des deux seules classes à double niveau de l’école. J’étais particulièrement gâté avec tous les cas difficiles du CE2 et du CM1 que les collègues à niveau simple avaient bien voulu me distribuer. Mais, après tout, c’était des enfants et c’était mon boulot…

Premier jour de classe, le temps que je fasse l’appel de la cantine, les gamins étaient sur les tables ou se fritaient dans les allées entre les rangs. Matinée houleuse ! Mon dernier poste en campagne avec des petits ruraux bonnes pâtes ne m’avait pas habitué à cela.

Le midi, le nez dans nos petits pois, mon épouse et moi faisions une drôle de tête. A un moment, nous nous sommes regardés et nous nous sommes compris : c’était eux ou nous… Ce sera nous. Ça allait péter dans les rangs !

La reprise en main fut rapide, nous n’avions jamais eu l’habitude de nous laisser marcher sur les pieds… L’expérience sportive en self-défense de ma femme lui fut même utile pour s’imposer physiquement auprès de garçons peu habitués à obéir à des femmes.

Quant à moi, je retrouvai mon penchant naturel pour la combativité et je dressai (il n’y a pas d’autre mot) rapidement ma classe. Au niveau scolaire, ce n’était pas bien fameux mais on obtenait des résultats…

Il faut dire que la population du quartier était constituée de ce qu’on appelle le quart monde. La pauvreté y faisait des ravages et parents et enfants étaient souvent en triste état. La plupart du temps, les dégâts sur les familles étaient dus à une consommation immodérée d'alcool, puissant désinhibiteur dont les gosses étaient généralement les victimes directes ou indirectes.

Ceux qui s’en tiraient le mieux, c’était souvent les enfants d’immigrés qui étaient généralement mieux traités par leurs parents. 

Je me souviens particulièrement des mes deux petits berbères passionnés d’histoire et qui m’avaient poussé à étudier de manière plus approfondie les rapports entre l’Islam et les royaumes chrétiens au moyen-âge. Ils étaient fiers d’apprendre que l’armée d’Abd-Al-Rahman qui eut un différend avec Charles Martel en 732 était composée presque exclusivement de Berbères comme eux. Ils furent par contre étonnés d’apprendre que le grand Salâh ad dîn (Saladin) qui délivra Jérusalem était un Kurde.

Je me souviens de V… qui ne parlait pas un mot de français en arrivant du Vietnam et qui était si bon en maths ainsi que de D… et de sa face de lune souriante de Hmong si vif et si intelligent.

Finalement, tout n’était pas si noir et si les enfants étaient vraiment fatigants, ils étaient attachants dans leurs forces, leurs faiblesses et leurs différences.

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Au bout d’un an, ma réputation d’instit à poigne avait fait le tour de l’école et c’est comme cela qu’on me refila F… qui avait envoyé en congé maladie sa maîtresse d’une petite école d’un village de la Sarthe.

Ce blondinet nerveux au visage tendu et au regard dur avait été abandonné par sa mère et, après bien des tribulations, il fut placé chez une nourrice en zone rurale. Comme son comportement erratique et très violent avait mis le bazar dans sa petite école tranquille, on s’était dit : mettons-le dans une école où il y a des problèmes, ça se verra moins. Ben voyons… 

« Il a besoin d’un gars, me dit le responsable de l’enfance inadaptée, avec toi, il va comprendre… »

Tu parles qu’il va comprendre, F… était toujours prêt à la bagarre et malgré mon autorité naturelle, j’avais bien du mal à le contenir.

Un jour qu’il avait décidé de me pousser à bout, il se mit à jouer aux billes dans les escaliers de l’école, transformant chaque agathe en dangereux projectile rebondissant. 

Avant d’attraper le gamin je lui confisquai déjà ses billes en lui signifiant qu’il ne les reverrait plus. Il me regarda de ses yeux métalliques et me lâcha un sonore : « Enculé connard ! ».

En deux enjambées, j’étais à sa hauteur et je lui décochai un claque qui le sécha instantanément. Il me regarda d’un air à la fois étonné et furieux. J’avais osé le toucher ! Ce gosse, privé de l’affection si charnelle d’une mère dans les débuts de son enfance avait développé une détestation de tout contact physique. J’avais osé le toucher et violemment, en plus !

Ce geste qui pourrait me valoir actuellement une garde à vue n’était pas encore considéré comme un crime mais je me sentis cependant un peu mal à l’aise.

Je m’ouvris rapidement de l’incident à l’éducateur de l’enfant qui me permit d’user de ce genre de coercition si nécessaire mais je n’en eus plus besoin. Dès que F… faisait preuve de violence envers les autres, je levais la main et il plissait des yeux puis se calmait.

Nos rapports finirent par s’améliorer et comme le CE2 ne s’était pas si mal passé, on remit le couvert pour le CM1. 

Comme le renard du Petit Prince, F… s’apprivoisait progressivement. Il n’y avait pas pour autant de marques d’affection de sa part mais un modus vivendi acceptable.

Mon dernier souvenir de F…, petit garçon de silex,  fut le plus émouvant...

Alors que le CM1 était bien avancé, nous étions dans une activité de travail manuel et je l’aidais à réaliser son ouvrage. Nous étions très proches physiquement l’un de l’autre et je m’attendais à ce qu’il s’écarte. Alors que nos mains étaient posées sur la table, F…, au lieu de fuir comme à l'accoutumée,  écarta le petit doigt de sa main droite jusqu’à ce qu’il atteigne le dos de ma main qu’il caressa furtivement deux ou trois fois. Je restai prudent et ne réagis pas hormis un sourire en coin. 

Je pris cela comme une marque d’affection. C’était sa manière à lui de me montrer qu’il ne m’en voulait pas, finalement…
 

 

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LES FOLIES D'ESPAGNE 31

Par Le Lutin d'Ecouves - 23-04-2011 10:01:17 - 3 commentaires

 

Nicola Matteis

 1650 ?-17??

 

Nicola Matteis est né à Naples vers 1650. Très jeune, il est parti à pied vers le nord, son violon sous le bras. C'est ainsi qu'on le retrouve d'abord en Allemagne puis en Angleterre dès 1670.

Arrivé à Londres, il suscite d'abord l'incompréhension à cause de son style de jeu tempétueux tout à fait nouveau pour l'époque, faisant passer son violon par toute la palette des sentiments humains.

D'abord rejeté par le public, il devient progressivement une sorte de star de la "Gentry" grâce au soutien de quelques membres influents de la société  anglaise du moment.

Matteis connaît alors une période de richesse mais sa vie de "pop star" baroque semble lui porter préjudice puisqu'il perd petit à petit ses facultés de violoniste funambulesque pour finir sa vie ruiné après 1713.

Matteis a eu un fils prénommé lui aussi Nicola et aussi habile violoniste et compositeur que son père. A cause de cela, on ne connaît pas toujours de manière précise la paternité des pièces signées Nicola Matteis.

A l'instar de ses contemporains, Matteis a composé une pièce comportant quelques variations sur la Folia nommée "Divisions on a ground" dont je n'ai jusqu'ici trouvé qu'une seule interprétation que voici :

 

 
 
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NAGUÈRE, DES ÉCOLES - ÉPISODE 7

Par Le Lutin d'Ecouves - 19-04-2011 18:48:16 - 4 commentaires

 

Bestioles et reproduction



Ce2-CM1-CM2 : trois niveaux à mener de front ! Parfois plus de  quarante-cinq heures de boulot par semaine quand on n’a pas encore assez d’expérience professionnelle. Chaque matin, trois leçons de maths, trois leçons de français, des exercices différenciés et trois textes de lecture différents. Tout cela débordait sur l’après-midi et il fallait ensuite que je place l’histoire-géo, l’art, la musique, le sport et les sciences.  Heureusement que la journée de travail faisait 6h45 car les enfants ne travaillaient pas le samedi pour des raisons liées aux transports scolaires.

Une fois le français et les maths bouclés, je n’avais pas d’autre choix que de proposer aux élèves des séances communes dans les autres matières, les plus jeunes comprenant ce qu’ils pouvaient dans des leçons destinées en priorité aux cours moyens.

Le problème, c’était que je ne pouvais pas resservir les mêmes plats aux mêmes gamins pendant trois ans. Il fallait donc varier…
 
 
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C’est pour cela qu’en sciences, entre autres, je choisissais plusieurs thèmes chaque année en accord avec les enfants.

La nature environnante nous fournissait de nombreuses pistes de travail et c’est ainsi que mon épouse et moi avons eu en classe des phasmes, des tourterelles, une buse (nourrie avec des tranches de taupes), des mulots, des hérissons, des escargots et même des chauves-souris que nous nourrissions avec de gras tipules (cousins), sans parler des cadavres de ragondins, renards et autres blaireaux ramassés sur la route ou dans la nature par les parents et qui parfumaient l’école pour un jour ou deux.

Aujourd’hui, tout cela serait impossible avec  les règles sanitaires imposées aux écoles et destinées à protéger nos petits devenus depuis allergiques à tout.

Adeptes fanatiques de la Hulotte (le journal le plus lu dans les terriers), nous avions aussi constitué des aquariums pleins à ras bord des plus exotiques bestioles trouvées dans les mares voisines. 

Les enfants ont ainsi découvert l’incroyable faune qui grouillait sous les lentilles d’eau : limnées, nèpes, gammares, sangsues, notonectes, gerris et les fameuses larves de phryganes qui s’habillaient en fonction de ce qu’elles trouvaient dans leur milieu.

Tout cela vivait sous la menace des plus terribles prédateurs que la nature ait porté : les larves gloutonnes des différentes espèces de libellules et surtout le fameux Dytique bordé, énorme coléoptère dont la morsure dissout l’intérieur de ses proies. Un tel individu peut vous stériliser une mare en peu de temps. Pratique pour nettoyer un aquarium dont on n’a plus besoin…
 
 
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Parmi les sujets d’études proposés par les enfants, je me souviens particulièrement de ce que me demandèrent mes élèves ce printemps lors duquel ma femme s’arrondissait à vue d’œil …

Cette année-là, j’avais une écrasante majorité de filles en CM et elles étaient, comme souvent à cet âge-là, bien plus mûres que les  garçons.

J’aurais dû m’y attendre… A la question : « -Que voulez-vous qu’on étudie maintenant  en sciences ? », la réponse fut vite apportée : « On veut savoir comment on fait les bébés ! »

C’était effectivement dans le programme et je ne pouvais pas reculer. Il allait falloir aborder le sujet avec tact,  précision et sans circonlocutions.

Après une première séance consacrée à un simple échange avec les enfants, je m’aperçus qu’ils n’avaient qu’une vision floue de la chose et, s’ils avaient une vague idée de ce qu’était la petite graine, aucun de mes élèves n’avait une connaissance précise du jardinage nécessaire pour arriver à la récolte, sans parler des outils ... 

Tout était à construire et comme on était à la campagne, j’attaquais directement avec les mammifères domestiques présents dans les fermes.

Las, cela faisait bien longtemps qu’on ne menait plus la vache au taureau comme autrefois. Tout se faisait déjà grâce à la technologie vétérinaire.

Cependant, j’avais le gars E… qui était certainement le dernier garçon de sa génération à parler avec un fort accent normand. Très proche de son grand-père, il avait, grâce à lui,  une connaissance approfondie de la Nature en général et des animaux en particulier. 

 Avec l’aide d’E… et de quelques documents, nous pûmes aborder la reproduction des chèvres, des vaches, des cochons, des moutons sans éluder la question de l’accouplement, employant des termes précis que j’apportais au fur et à mesure de la progression des leçons.

Au bout de quelques séances, je pensais que tout s’était éclairci et je posai la question à mille francs :

« Bon, on a tous bien compris, donc ça se passe comme ça chez les mammifères et vous tous êtes des …

-      Mammifères m’sieur !
-      Donc, en ce qui concerne la reproduction… »


Là, j’ai vu le E… devenir tout vert. Lui qui savait que le coq coquait la poule, que le mouton grimpait la moutonne et que le cochon allait amont la coche (c’est comme ça qu’on dit chez moi), il n’avait jamais imaginé un seul instant que Papa pouvait faire de même avec Maman.

J’intervins :

« Qu’en conclus-tu E… ? Tu es bien venu au monde, tu as bien eu un petit frère.
-      Ah, tout de même ! Tout même… Ben, euh…, ben non tout de même ! Maman, elle est allée à l’hôpital et on lui a fait une piqûre…
-     Tu es sûr ? Nous sommes bien des mammifères comme les autres, non ? »


J’entendis les rouages du cerveau d’E… grincer un moment. Il passa par toutes les couleurs mais comme il était plutôt intelligent derrière son aspect mal dégrossi, il dut se rendre à l’évidence même si ce n’était pas facile pour lui. Il avait grandi, subitement.

Les filles, elles, avaient tout compris ; il ne restait plus qu’à aborder l’évolution du fœtus puis l’accouchement et le cycle était bouclé. Mes gamins avaient la connaissance et surtout les mots exacts pour la formuler.

L’évaluation notée qui suivit fut un gros succès, les notes allant de 15 à 20/20.

Nous terminâmes comme nous avions commencé : par une discussion. Je demandai aux enfants ce que ce travail leur avait apporté et s’ils en avaient profité pour avoir des échanges à ce propos avec leurs parents.

Apparemment, les familles avaient apprécié et, voyant le sourire malin de L…, une jolie petite brunette, je l’interrogeai sur la réaction de ses parents. En guise de réponse, elle me fit une imitation désopilante de sa mère qui tournait en rond en se posant des questions sur la façon dont elle allait aborder la chose avec sa fille qui allait bientôt avoir onze ans puis du soulagement qui fut le sien quand elle apprit que, finalement, l’école avait pourvu à cela.
 
 
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Cette année-là, mon fils est né et le mur de Berlin est tombé. Les CM2 de cette époque ont maintenant 33 ans et beaucoup sont certainement de jeunes parents. Se remémorent-ils toujours de ce beau printemps de 1989 et de leurs dernières semaines dans cette petite école si familiale et si paisible ?

Deux ans plus tard, nous quittions la campagne pour retourner dans notre pays d’Alençon.



 
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HYACINTHOIDES NON-SCRIPTA

Par Le Lutin d'Ecouves - 17-04-2011 17:00:50 - 3 commentaires


De retour en Ecouves


Après des semaines d'entraînement sur route pour le marathon de Cheverny, je suis de retour dans ma forêt pour une nouvelle matinée de galopades insensées. Que c'est bon de faire n'importe quoi !


Ce printemps précoce et très sec a littéralement fait exploser la nature, les hêtres se sont couverts de feuilles d'un vert tendre en quelques jours et la vie se met à grouiller comme si la sécheresse qui menace déjà l'obligeait à mettre les bouchées doubles.


Nous pénétrons dans un de ces nombreux sous-bois mystérieux où l'on s'attend à rencontrer quelque esprit de la forêt ; le soleil me fait un signe à travers les ramures, mon regard s'abaisse :

 

Le sol est tapissé de fleurs sur une immense surface ; je me mets à hauteur de Lutin pour mieux apprécier le spectacle.


Des jacinthes sauvages embaument sous les frondaisons. Dans deux semaines, elles seront défleuries ; il ne fallait pas rater ce spectacle. 


Je me relève et quitte à regret cette symphonie vernale de senteurs et de teintes pour rejoindre les Trailers d'Ecouves dans leur course chimérique. 



Epilogue :

 
 

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NAGUÈRE, DES ÉCOLES - ÉPISODE 6

Par Le Lutin d'Ecouves - 13-04-2011 12:22:38 - 4 commentaires

 

 Histoire et patins à roulettes


Peut-on enseigner quelque chose que l’on ne maîtrise pas ? La réponse est oui. J’en eus la preuve avec ma meilleure réussite pédagogique en terme de sport.

Je ne sais pas pourquoi mais je n’ai jamais tenu plus de cinq minutes sur des patins à roulettes. Or, cette année-là, Madame le Maire nous ayant fait goudronner la cour, je lui proposai d’acheter un certain nombre de rollers qui, à cette époque, avaient évolué mais gardaient encore leurs roues parallèles.

Devant l’enthousiasme des gamins qui se mirent à tourner des récréations entières sur une moitié de cour aménagée, je décidai d’intégrer les rollers à ma pédagogie sportive, adaptant nombre de jeux connus au déplacement sur roulettes. Cela allait du béret à la passe à dix en passant par le ballon chasseur.

Si mon épouse, qui s’occupait de la classe enfantine, était plutôt habile sur ce genre de véhicule et conseillait les enfants, je ne me risquai pas une seule fois à chausser les terribles rollers de peur du ridicule.

Ce n’était d’ailleurs pas nécessaire et, le succès aidant, la mairie nous fournit encore plus de patins car le matériel, tournant toutes les récrés et pendant les séances de sport, s’usait rapidement. Un atelier de réparation avait même été créé par des CM2 qui réparaient les rollers usés ou bien faisaient de nouvelles paires avec des pièces de récupération.

Au bout d’un moment, les petits du primaire s’y étaient mis et même la grande section s’initiait à ce sport. Il fallait les voir ces petits montés sur leurs patins, des bâtons en plastique à la main, en train de faire du ski à roulettes, fiers de faire comme les grands !

Avec l’aide de ma femme et grâce à la bienveillance de la mairie, nous avions juché une école entière sur des patins et constitué une super équipe de hockey en achetant l’équipement nécessaire.

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C’est aussi à cette époque que ma classe de CE2-CM1-CM2 participa à un concours académique sur le thème de l’époque de Guillaume le Conquérant qui était mort des conséquences d’une malheureuse chute de cheval il y avait juste neuf cents ans.

Cette fois encore, j’eus besoin de l’aide de mon épouse, plus curieuse et plus imaginative que moi.

Grâce à l’enthousiasme de Madame la Maire, nous élaborâmes une exposition sur l’histoire normande du village qui se trouvait, à l’époque de Guillaume, à la marche du duché.

Nous mîmes ainsi en évidence la présence des restes d’une motte féodale déjà répertoriée et la consultation du cadastre napoléonien des archives départementales nous permit de faire le rapport entre une route et l’existence d’un fossé fortifié long de plusieurs dizaines de kilomètres dont le but était de se protéger des barbares percherons.

A la suite de nos travaux, le conseil municipal décida de renommer cette route du nom exact de la fortification ainsi que de faire planter un panneau commémoratif au carrefour  appelé "le poteau" où nous avions découvert qu’il s’appelait comme cela car on y pendait les délinquants jusqu’au XIVème siècle.

Tout cela déboucha sur une exposition retraçant l’histoire normande avec force textes et dessins et le clou en fut incontestablement une reproduction en maquette du château du premier seigneur du village que nous avions réussi à identifier. Histoire, géographie, français, maths, dessin, travail manuel et débrouillardise, toutes les connaissances et énergies étaient mobilisées.

Peu manuel, je laissai mon épouse diriger une équipe d’enfants habiles et motivés qui réalisèrent une superbe forteresse en bois avec sa motte, son donjon, son enceinte, sa basse-cour et sa haute-cour.

Tout cela faisait un bon mètre de long et pesait son poids. Sa conception et sa construction avaient permis à certains enfants de révéler de surprenantes capacités dans ce que j’appelle l’intelligence manuelle. Je pense particulièrement à M…, faible en français et dont le niveau spéléologique en maths était très préoccupant mais qui possédait une compréhension supérieure des volumes et perspectives qui en faisait un surdoué dans ce genre d’activité  alors qu’il se traînait comme un pauvre malheureux dans les matières classiques. 

L’œil et la main, voilà ce que je n’avais jamais eu et que j’admirais chez cet enfant. Et c’est lui que la société considérait comme étant en échec.

Tout cet enthousiasme nous a valu un voyage d’une journée entièrement payé par un sponsor du concours lors duquel nous visitâmes les châteaux de Falaise et de Caen ainsi que la tapisserie de Bayeux que nous avions fini par connaître sur le bout des doigts.

Sans vraiment y penser et surtout sans intervention de notre administration, nous expérimentions la pédagogie du projet qui, à cette époque, commençait à se mettre en place au niveau national.

Quelques années plus tard, le Projet d’Ecole prit deux majuscules et devint une obligation administrative, tuant par son caractère obligatoire, toute initiative spontanée et parfois foutraque comme ce fut le cas pour nous en cette année 1987.


 Ici, le duc Guillaume dans un grand navire
 
 

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LE PARASITE LE PLUS CRADE DU MONDE

Par Le Lutin d'Ecouves - 11-04-2011 19:04:52 - 5 commentaires

 

Monsieur Alien n'est pas très content, 

 

 
 
Voici la raison de son courroux :



Lui, c'est le vivaneau rose, il vit dans les eaux pacifiques à hauteur de l'Amérique du sud et il mène sa vie de poisson tout à fait normalement...


Sauf que...

3 à 4 cm de long

Lui, c'est cymothoa exigua, un crustacé que vous n'aurez pas envie de bouffer avec de la mayonnaise comme une vulgaire crevette quand je vous aurai raconté sa vie.

Au départ, ce crustacé est si petit qu'il pénètre dans la bouche du vivaneau rose en passant par les branchies. Il se fixe aussitôt sur la langue du poisson grâce aux solides griffes de ses pattes antérieures. Il extrait alors le sang de la langue qui s'atrophie progressivement pendant que notre parasite grandit. 
 
 
Il pourrait faire de l'alpinisme avec ça...
 
 
Une fois la langue complètement atrophiée, le cymothoa se fixe sur les fibres musculaires du moignon et ne cause plus de dommages à son hôte, ne se nourrissant que de ses sécrétions. Mieux, le vivaneau peut alors se servir du crustacé comme langue de remplacement et continue de vivre sa vie comme si de rien n'était, nonobstant un côté un peu Alien quand il ouvre son clapet...
 
 
 Miam !


Espérons que ce charmant crustacé n'aura pas un jour l'idée de venir parasiter l'espèce humaine...


Dessin de Tom Doughboy



Lire aussi le désopilant billet de Marion Montaigne sur son blog : "Tu mourras moins bête".

 

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NAGUÈRE, DES ÉCOLES - ÉPISODE 5

Par Le Lutin d'Ecouves - 08-04-2011 19:38:16 - 7 commentaires

 


Madame et Monsieur


Après quelques années de balade, j’avais pu poser les valoches pendant sept années dans un village aux marches du Perche. Enfin, je devrais dire nous car nous formions enfin une famille, moi, mon épouse et notre petite fille de neuf mois.

Houlà, remplacer un couple de vieillissimes instituteurs quinquagénaires dans un village de cinq cents habitants, cela pouvait paraître délicat d’autant que mon épouse, plus ancienne que moi dans le métier, prenait la direction de l’école.

Ce genre de situation, nous connaissions, mais il fallait peser le pour et le contre…

 ******

Une direction à la campagne, c’était l’assurance d’avoir un logement de fonction et le logement en question paraissait récent, enfin, construit après 1960, quoi ! Ah bon, il n’y a pas de chauffage ? Mais il n’y a pas d’isolation thermique non plus ! Nous n’eûmes pas le choix, il nous fallut acheter des convecteurs électriques qui donnèrent des bouffées de chaleur à notre budget tout en n’empêchant pas la moquette de geler en hiver sur une dizaine de centimètres de large le long de la porte-fenêtre.

Tiens, il y a le téléphone. Ah ben, non, c’est le téléphone de l’école. La mairie paie l’abonnement et le directeur paie les communications.

Hou, mais ça sent l’arnaque ça ! Et comment elle fait l’administration pour appeler la directrice pendant les heures d’école étant donné que son logement est de l’autre côté de la cour ? Ben, l’inspection, elle envoie des lettres. Nous sommes en 1985… 

Finalement, le problème du téléphone fut réglé et l’école en fut pourvue pour la première fois de son histoire. Le vingtième siècle arrivait enfin d’autant plus que nous trouvâmes, oh surprise, une douzaine d’ordinateurs dans la classe des grands.

Ah non, à l’époque, on ne parlait pas de Windows qui venait juste de naître aux Etats-Unis ; non, nous étions pourvus d’ordinateurs purement français invendables au grand public qu’un ministre de l’Education passé précédemment par l'Industrie avait réussi à fourguer dans sa nouvelle administration. Ça marchait avec des programmes enregistrés sur cassettes, ces bêtes-là. Mon premier contact avec l’informatique fut rude mais enrichissant. Après cela, les célèbres erreurs fatales de Windows me semblèrent d’aimables broutilles.

Le niveau social du village était plutôt modeste et seul le médecin, en tant que parent d’élève, était plus diplômé que les instits. En conséquence, nous eûmes droit à l’appellation honorifique de « Monsieur » et « Madame » de la part de nos élèves.

Les enfants qui appelaient notre autre collègue (nous étions trois classes) par son nom de famille nous appelaient ainsi car nous étions le couple de la direction. Un peu comme si nous étions les châtelains du pays...
 
 
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Il y avait aussi une autre coutume amusante : la séparation des sexes. La première fois que je fis ranger mes élèves devant la porte de la classe, je les vis se mettre en deux files indiennes : les garçons à gauche et les filles à droite. 

« C’est comme ça que Monsieur (l’autre) voulait qu’on fasse avant… »

Même chose quand je leur demandai de se mettre en tenue de sport pour la première fois.

« Mais, les filles, vous espérez faire du rugby dans cette tenue ? Vous n’avez pas de short à la maison ? 

-      Ben non, l’ancien directeur ne voulait pas qu’on montre nos cuisses, rapport aux garçons. »

Boudiou, il fallait secouer le pommier et nous changeâmes quelques habitudes acquises au fil du temps. Les enfants finirent par m’appeler « maître », ce qui convenait tout à fait à ma mégalomanie sans pour autant faire aristocrate et les filles purent montrer leurs jambes et même venir avec des jupes courtes en jeans fort à la mode à cette époque, ce qui leur faisait plaisir, d’autant que la chose était encore interdite au collège du village voisin.
 
 
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Sept années passèrent et elles furent plutôt heureuses d’autant que la famille s’agrandit avec la venue d’un petit garçon qui fit l’adoration de sa grande sœur.

L’apogée de cette carrière de notable fut certainement la visite du Ministre.

Passé par là pour distribuer quelques médailles, le Ministre du Commerce fit, à l’initiative de Madame le Maire, un crochet par l’école pour admirer les travaux cyclopéens effectués par la municipalité : goudronnage de la cour (à notre initiative)  et construction d’un énorme portique d’évolution en bois dessiné par mon épouse. Nous étions fiers de nos réalisations et encore plus fiers quand nous vîmes le Ministre, le Préfet et l’Inspectrice au garde à vous devant mes élèves qui leur interprétèrent la Marseillaise et l’Hymne à la Joie de Beethoven à l’aide de leurs flûtes à bec en plastique.

Tout n’a pas été rose dans ce village mais je garde un bon souvenir de ces gens simples et  tolérants ainsi que de leurs enfants si calmes que je dirigeais avec l’autorité parfois un peu raide d’un jeune adulte pas toujours sûr de lui.
 
 
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Bien des années plus tard dans une pizzeria d’Alençon…

Je dîne avec un couple de collègues quand soudain, deux grands flandrins abordent notre table :

« Ah m’sieur, ah m’sieur, vous nous reconnaissez ? »

J’identifie aussitôt ces jeunes adultes que j’avais eus trois ans, du CE2 au CM2 : M… et S… . La vache, la mémoire me revient, c’était les plus faibles de la classe et, comme je l’ai toujours fait, je ne les ai pas lâchés d’une semelle, les pressant comme des citrons pour qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes. Qu’est-ce qu’ils avaient pris les pauvres ! Que vont-ils faire ? Ils sont là pour me régler mon compte ? Ils ont déjà crevé les pneus de ma bagnole ?

« Ah, m’sieur, ça fait plaisir ! Ah c’était bien me dit S… le plus bavard. Vous vous rappelez le concours sur Guillaume le Conquérant qu’on a gagné et l’exposition d’Art ? Tu te rappelles de tes beaux dessins M… que Monsieur mettait dans la classe et de tout le sport, le rugby, les rollers et le hockey ? Ah, M’sieur, j’ai jamais aussi bien travaillé mais, après, bon… au collège ça s’est pas aussi bien passé mais on s’débrouille. Allez, on va pas embêter Monsieur et Madame plus longtemps. Ah, ça fait plaisir, hein M… ? Allez, on y va ! »

J’en eus les larmes aux yeux. 



 
 

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LES FOLIES D'ESPAGNE 30

Par Le Lutin d'Ecouves - 06-04-2011 18:34:06 - 1 commentaire

 
Carl Philipp Emanuel Bach
1714-1788
 
 
 

Pas facile d'être le fils du grand Johann Sebastian. Carl Philipp Emanuel, deuxième fils de Bach en sait quelque chose. Son père qui fut son seul professeur de musique lui préférait apparemment son aîné Wilhelm tout aussi doué mais plus marqué par l'ombre du père.

En 1738, celui qu'on appelait Emanuel entra au service de Frédéric II de Prusse et y resta 30 années. Cet emploi dans une des cours les plus prestigieuses d'Europe aurait pu combler le musicien mais il y fut toujours considéré comme un musicien de second rang, Frédéric le grand lui préférant Quantz dont la musique, plus aimable et plus facile, était plus abordable pour le souverain qui était un flûtiste de bon niveau

CPE Bach était pourtant un compositeur exceptionnel mais sa musique, extrêmement novatrice  n'était pas toujours comprise par ses contemporains.

La reconnaissance lui vint de la génération suivante : Mozart disait de lui : "Il est le père, nous sommes les enfants" et Beethoven le considérait comme un génie.

L'ironie du destin fit que ce fils mal aimé fut le légataire musical du grand Bach et il se retrouva dépositaire d'un grand nombre de ses partitions. C'est sa main qui inscrivit la fameuse épitaphe à la fin du dernier contrepoint de l'Art de la Fugue.
 
Virtuose du clavecin, CPE Bach composa "12 variationen auf die Folie d'Espagne" où l'on retrouve toute la fougue moderne et parfois déroutante du compositeur :
 

 
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UN MARATHON SANS LE LUTIN

Par Le Lutin d'Ecouves - 05-04-2011 21:18:06 - Aucun commentaire

 

 Marathon de Cheverny

 

photos de ma Josette

 

 

 J'ai couru un marathon sans le Lutin au pays de Tintin.

 

Le récit ICI.

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