Une petite précision concernant la langue
Lors d’une discussion entre amis, il n’est pas rare d’entendre prononcer le terme cunnilingus qui est généralement utilisé à toutes les sauces :
« Et je lui ai proposé un cunnilingus… ma tante aimait le cunnilingus tout comme ma mère… les Chinois ont une connaissance approfondie du cunnilingus… de mon temps, on savait faire des cunnilingus… ».
Mais, le saviez-vous ? Le terme est impropre ! Encore eût-il fallu que vous le sussiez ! Je sens le rouge de la honte grimper le long de vos vaisseaux faciaux. « Quoi ! J’aurais ainsi violé sans le savoir notre belle langue française en utilisant un substantif inadéquat ! »
Non, rassurez-vous, la langue de Molière n’a subi qu’un léger outrage quand la vôtre fourcha. Ce fut plutôt celle de Virgile qui, en l’occurrence, prit ce mot barbare en plein bas-ventre.
A l’origine de notre terme se trouve le mot cunnus (ou cunus) désignant le sexe féminin en latin, mot qu’il ne faut pas confondre avec cuniculus (lapin dans la langue de Cicéron) que l’on retrouve dans cunicule qui désigne un étroit couloir sombre = terrier (Et il songeait que maintenant elle était là, dans ce cunicule obscur, proie sans défense à la bestialité des gardiens… [Henryk Sienkiewicz : Quo Vadis chapitre LXV] ).
Cependant, la proximité phonologique (et sémantique) des deux termes fit qu’au moyen âge, les mots con (cunnus = sexe ) et connin (ou connil = lapin) subirent nombre d’interpénétrations, d’autant qu’à cette époque, connil signifiait aussi conduit ou tuyau (en référence aux galeries souterraines [cunicules] du terrier de notre sympathique lagomorphe*).
Tout cela pour dire que la confusion fréquente entre cuniculus et cunnilingus est parfaitement compréhensible; d’ailleurs, l’un des surnoms de l'attribut féminin est justement lapin dans plusieurs langues (d’où le sous-entendu sexuel du petit terme affectueux : mon lapin). La mode évoluant, cette acception de lapin a fini par disparaître pour laisser la place à des termes plus modernes comme Ticket de métro ou même Cul de poulet dans les cas les plus extrêmes.
Le deuxième membre du terme mis en cause est lingus qui signifie langue dans l’acception langage. Et c’est là que nous touchons à l’impropreté du mot. En effet, cunnilingus signifierait stricto sensu "parle à mon c…, ma tête est malade".
Le gentleman cultivé et bien élevé préférera donc pratiquer le cunnilinctus composé de cunni (cunnus déjà évoqué) et de linctus n. m. (au génitif singulier) qui signifie sucement, c'est à dire : action de sucer (Pline 1er siècle après J.C.).
Nous noterons, bien sûr, que ce nom dérive du participe passé du verbe lingere (lécher, sucer).
Ainsi monsieur, lors de votre prochaine sortie en société, vous pourrez briller à double titre en employant le terme cunnilinctus qui fera de vous à la fois un homme soucieux du confort de ces dames ainsi que de la défense de notre belle langue française.
Le Professeur Lutin vous remercie de votre attention.
* J'en profite pour préciser que, contrairement à ce que l'on croit généralement, les lapins ne sont pas des rongeurs mais des lagomorphes (littéralement : de la forme du lièvre), terme qu'il ne faut pas confondre avec lagopède qui ne désigne pas un lièvre homosexuel mais un oiseau alpin (et non lapin) de la famille des galliformes qui a pour caractéristique de laisser dans la neige des traces ressemblant à celles du lièvre (lagopède, littéralement : pied de lièvre).
15 commentaires
Commentaire de taz28 posté le 22-10-2008 à 06:54:22
J'aime bien les histoires de cunnilapinus au réveil !! :-))
Merci mon Lapin, euh, mon Lutinus !!!
Commentaire de Epytafe posté le 22-10-2008 à 08:48:26
Je crois que je vais continuer à utiliser des termes plus argotiques comme : déguster la case trésor, faire minette ou en plus rustique bouffer de la tarte au poils, brouter le minou, déguster le bouton, pratiquer une tyrolienne, descendre au barbu ou à la cave, gougnotter ou gamahucher...
Commentaire de Khanardô posté le 22-10-2008 à 09:22:49
Un jour, en climato... On a réussi à faire croire au bon élève de la classe que les cunnilingus étaient des nuages. Je te dis pas l'affiche qu'il s'est prise à l'interro. C'est authentique !
Commentaire de Marco47 posté le 22-10-2008 à 09:48:30
On ne peux pas luter contre toi avec les filles, si tu leur parles comme ça dès le départ...
Commentaire de Rag' posté le 22-10-2008 à 10:03:30
Personnellement, je préfère le terme "gamahuchage" moins "scientifique".
Une question: peut-on qualifier de pâtissier (ou pâtissière, ne soyons pas sexiste, ni obtus...) une personne spécialiste en tartes aux poils?
Commentaire de Marco47 posté le 22-10-2008 à 10:16:12
A lire d'urgence :"Tarte aux poils sur commande" du Grand San-Antonio...
Commentaire de BENIBENI posté le 22-10-2008 à 10:58:20
pervers...pépére...
Commentaire de la mouette posté le 22-10-2008 à 11:13:34
J'ai pas le niveau Fac , pour retenir la leçon du Maitre , ce Lutin pervers , il faut l'inscrire au fichier Edwige d'urgence!!
Commentaire de yayoun posté le 22-10-2008 à 11:28:49
On retrouve en effet cette plaisanterie grivoise illustrée dans un tableau de Pietro l'excentrique, tableau parodiant le Mars et Vénus de Botticelle où il joue sur la symbolique du lapin, son appétit sexuel et sur le mot cuniculus qui, grâce au suffixe diminutif -culus, rappelle par consonnance le petit sexe...Est-ce que pour cela que certains vibros, dont le master par les masters, plus connu sous le nom de THE Rabbit, ont une forme de lapin???
Commentaire de yayoun posté le 22-10-2008 à 11:34:48
Et enfin pour aller encore plus loin dans ce thème qui m'est cher de la défense de la langue, merci Lutin d'avoir rétabli certaines vérités, cunnus vient lui-même de cunéus qui désigne le coin en latin et par extension imagée le sexe féminin puis par métonymie péjorative, la femme. Or cuneus se retrouve dans le mot cuneïforme désignant la première forme d'écriture connue. Cuneus sert alors à désigner la forme en coin de ces symboles ainsi que le stylet avec lesquels on les gravés qui ressemblait à un clou. Mais certains se plaisent à raconter que cuneiforme vient aussi du con qui aurait été le premier symbole gravé, symbole représentant le sexe féminin sous la forme d'un triangle coupé en son milieu par une droite, symbole donc représentant par extension la femme...De là à dire que la femme est depuis toujours source d'inspiration pour les hommes...
Commentaire de paul971 posté le 22-10-2008 à 12:58:53
Ah là il y a du monde pour les commentaires !
merci pour cette minute nécessaire
Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 22-10-2008 à 13:40:00
Attention Yayoun, cunnus ne vient pas forcément de cuneus, il s'agirait plutôt du contraire. Cunnus a une racine très ancienne venant du proto-indo-européen Gwen ou kwen qui donnera par exemple cwene en ancien anglais. Or ces termes signifient "femme". Cuneus descendrait donc de termes désignant une représentation abstraite (proto écriture?) de la femme.
Commentaire de Pegase posté le 22-10-2008 à 16:27:24
Donc ce soir, vais m' entrainer au cunnilinctus...
Chérie, viens voir, le lutin nous propose d' essayer autrement. Haaaa les mystères de la langues française ;-)))
Commentaire de ampoule31 posté le 22-10-2008 à 16:41:34
Ben ce soir je me coucherais moins c.. !!! Et du coup l'expression avoir un sexe à la place du cerveau prend tout son sens, mazette ça va chercher loin tout cette affaire.
Commentaire de Le Bulot posté le 22-10-2008 à 19:48:05
ben zut alors : c'est la langue française qui fait un cunimachin à lingus ou c'est le lapin ? bon je me coucherais moin con ce soir mais le lapin ? y fait quoi ? parce que normalement il est coecotrophe le bestio et c'est dégueu ça.....
Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.