KikouBlog de Le Lutin d'Ecouves - Août 2025
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NEIL, JO AND ME

Par Le Lutin d'Ecouves - 12-08-2025 19:38:53 - Aucun commentaire

 

On est fin 1972. Je vais bientôt avoir 17 ans, pourtant je suis encore en seconde et j'aurai encore une classe à redoubler avant le bac mais j'y arriverai n'étant pas brillant mais extrêmement opiniâtre.

Entre copains, nous parlons beaucoup musique, il faut dire que nous vivons une époque bénie lors de laquelle les artistes à l'instar des Beatles récemment séparés jouissent d'une grande liberté qui leur sera plus tard retirée par le Marché. Depuis le milieu des années 60, on assiste à une explosion plutôt qu'à une éclosion de styles et d'inventions diverses allant de la West Coast américaine jusqu'à l'électro allemand en passant par la musique progressive anglaise qui révolutionne l'écriture musicale avec ses morceaux allant jusqu'à une vingtaine de minutes (limite physique d'une face de vinyle 33 tours).

Ma passion envers le travail scolaire est inversement proportionnelle à celle envers la musique ; à cette époque, les galettes de vinyle de 30 cm de diamètre coûtent cher et ma collection est limitée nonobstant le fait que j'y mette les deux tiers de mon argent de poche.

A cette époque, j'ai une bonne copine. Ma meilleure copine en fait. C'est une fille simple, sans chichis avec laquelle on peut parler librement et en plus, elle a deux grands frères dont l'un travaille déjà et a donc les moyens de s'acheter des disques. 

Si je suis intarissable sur les Beatles, je suis loin de tout connaître et Josette a décidé de m'ouvrir à de nouveaux horizons musicaux. C'est ainsi qu'elle me fait découvrir Tommy des Who, les premiers albums de Pink Floyd parus en 67 et 68, ceux de Jethro Tull, de Caravan, de Deep Purple et bien sûr l'immense John Mayall et son magnifique "Blues from Laurel Canyon". Dans le lot de vinyles échangés dans la cour ou le gymnase du lycée se trouva un jour le quatrième album de Neil Young "Harvest" qu'elle appréciait particulièrement. Moi, j'ai bien aimé même si je préférais le jeune bison avec ses copains Crosby, Stills et Nash.



J'en suis longtemps resté là  même si j'ai apprécié l'Album "Trans" dans les années 80 (Je dois être le seul...). Puis, une cinquantaine d'années plus tard, je me suis aperçu que le Neil plus si Young avait produit des merveilles depuis les années 90 comme "Ragged Glory" qui avait inspiré bien des musiciens grunge, mais aussi les productions récentes studio ou live. En peu de temps, j'avais rattrapé mon retard quand...

Finalement, quand on a une si bonne copine, on la garde et ça fait 52 ans qu'on est ensemble. Ça évite d'acheter des disques en double. Josette est ravie d'assister au spectacle d'une légende comme ce fut le cas précédemment pour Mayall et King Crimson.

J'ai dégotté un garage rue Championnet et il nous reste à peine deux kilomètres pour atteindre l'hôtel situé à 300 mètres de la salle de spectacle. Ce sera deux kilomètres qui sentent l'urine, le quartier n'est pas brillant et jonché de détritus. Ça ne ressemble pas à ce qu'on a vu à la télé pour les JO ! En chemin, nous nous arrêtons dans une brasserie pour manger un peu. J'aime les brasseries parisiennes qui me font penser à l'Alençon de mon enfance. Le temps y semble figé depuis les années 60. 

L'hôtel est immense, situé au bord du périphérique et... totalement silencieux grâce au quadruple vitrage. Nous passons un moment dans la chambre avant d'aller à l'Adidas Arena dès 17h30, pensant qu’avec un concert à 19h, il n'y aurait pas trop la queue. Ben si ! Les fans qui préfèrent la fosse sont là depuis longtemps, et ça déborde dehors. Les pauvres vont se taper environ cinq heures de station debout. C'est plus de notre âge, nous sommes au balcon et le son sera bon ! En attendant, il faut pénétrer dans l'enceinte et affronter les cerbères qui filtrent les entrées en faisant jeter toute nourriture et boisson aux entrants. Je compris pourquoi quand j'achetai un casse croûte et de l'eau gazeuse à prix d'or quelques temps après.

Une fois sur place, nous scrutons les alentours, ben c'est pas que des jeunes ce soir... 

 

 

En fait, la fête débute à 19h40 et le désormais vieux bison (80 ans en novembre) accompagné des gamins de Chrome Hearts commence par l'acoustique  "Ambulance Blues" puis les choses sérieuses démarrent avec un "Cowgirl in the sand" bien électrique et la suite du même tonneau dont un tonitruant "Fuckin' up" et le magnifique "Love to burn" qui déroule ses grincements électriques sur presque un quart d’heure.

A ma gauche, Josette est déchaînée et sa montre Garmin affichera 8 000 pas pour les deux heures de concert. A ma droite, une femme qui filme régulièrement avec son portable et met chaque vidéo au fur et à mesure sur les rézosocios.

L'expérience est trop intense pour que je la filme et je vais vivre le live en... live. Je fais quand même un ou deux clichés pour le souvenir et même 30 secondes de vidéo à la fin. 

Quand je dis intense, je ne plaisante pas ; on a droit à du gros son durant les trois quarts du concert. A peine un peu de calme avec "The needle and the damage done", "Oldman" et le merveilleux "Harvest moon" mais c'est généralement une cascade de décibels qui va atteindre son paroxysme avec "Hey hey my my", le dernier morceau dont la conclusion mettra fin à l'existence de quatre des six cordes du Loner.



Il nous faudra chacun un demi-litre de bière au bar de l'hôtel pour nous calmer après cette expérience inoubliable. Un peu éméché et surtout fatigué, je finis par trouver le sommeil quelques temps après, répétant dans ma tête les dernières paroles du concert :

 
Hey hey, my my, Rock and Roll can never die !

 

 

 

 

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