Par Le Lutin d'Ecouves - 12-08-2025 19:38:53 - Aucun commentaire
On est fin 1972. Je vais bientôt avoir 17 ans, pourtant je suis encore en seconde et j'aurai encore une classe à redoubler avant le bac mais j'y arriverai n'étant pas brillant mais extrêmement opiniâtre.
Entre copains, nous parlons beaucoup musique, il faut dire que nous vivons une époque bénie lors de laquelle les artistes à l'instar des Beatles récemment séparés jouissent d'une grande liberté qui leur sera plus tard retirée par le Marché. Depuis le milieu des années 60, on assiste à une explosion plutôt qu'à une éclosion de styles et d'inventions diverses allant de la West Coast américaine jusqu'à l'électro allemand en passant par la musique progressive anglaise qui révolutionne l'écriture musicale avec ses morceaux allant jusqu'à une vingtaine de minutes (limite physique d'une face de vinyle 33 tours).
Ma passion envers le travail scolaire est inversement proportionnelle à celle envers la musique ; à cette époque, les galettes de vinyle de 30 cm de diamètre coûtent cher et ma collection est limitée nonobstant le fait que j'y mette les deux tiers de mon argent de poche.
A cette époque, j'ai une bonne copine. Ma meilleure copine en fait. C'est une fille simple, sans chichis avec laquelle on peut parler librement et en plus, elle a deux grands frères dont l'un travaille déjà et a donc les moyens de s'acheter des disques.
Si je suis intarissable sur les Beatles, je suis loin de tout connaître et Josette a décidé de m'ouvrir à de nouveaux horizons musicaux. C'est ainsi qu'elle me fait découvrir Tommy des Who, les premiers albums de Pink Floyd parus en 67 et 68, ceux de Jethro Tull, de Caravan, de Deep Purple et bien sûr l'immense John Mayall et son magnifique "Blues from Laurel Canyon". Dans le lot de vinyles échangés dans la cour ou le gymnase du lycée se trouva un jour le quatrième album de Neil Young "Harvest" qu'elle appréciait particulièrement. Moi, j'ai bien aimé même si je préférais le jeune bison avec ses copains Crosby, Stills et Nash.
J'en suis longtemps resté là même si j'ai apprécié l'Album "Trans" dans les années 80 (Je dois être le seul...). Puis, une cinquantaine d'années plus tard, je me suis aperçu que le Neil plus si Young avait produit des merveilles depuis les années 90 comme "Ragged Glory" qui avait inspiré bien des musiciens grunge, mais aussi les productions récentes studio ou live. En peu de temps, j'avais rattrapé mon retard quand...
Finalement, quand on a une si bonne copine, on la garde et ça fait 52 ans qu'on est ensemble. Ça évite d'acheter des disques en double. Josette est ravie d'assister au spectacle d'une légende comme ce fut le cas précédemment pour Mayall et King Crimson.
J'ai dégotté un garage rue Championnet et il nous reste à peine deux kilomètres pour atteindre l'hôtel situé à 300 mètres de la salle de spectacle. Ce sera deux kilomètres qui sentent l'urine, le quartier n'est pas brillant et jonché de détritus. Ça ne ressemble pas à ce qu'on a vu à la télé pour les JO ! En chemin, nous nous arrêtons dans une brasserie pour manger un peu. J'aime les brasseries parisiennes qui me font penser à l'Alençon de mon enfance. Le temps y semble figé depuis les années 60.
L'hôtel est immense, situé au bord du périphérique et... totalement silencieux grâce au quadruple vitrage. Nous passons un moment dans la chambre avant d'aller à l'Adidas Arena dès 17h30, pensant qu’avec un concert à 19h, il n'y aurait pas trop la queue. Ben si ! Les fans qui préfèrent la fosse sont là depuis longtemps, et ça déborde dehors. Les pauvres vont se taper environ cinq heures de station debout. C'est plus de notre âge, nous sommes au balcon et le son sera bon ! En attendant, il faut pénétrer dans l'enceinte et affronter les cerbères qui filtrent les entrées en faisant jeter toute nourriture et boisson aux entrants. Je compris pourquoi quand j'achetai un casse croûte et de l'eau gazeuse à prix d'or quelques temps après.
Une fois sur place, nous scrutons les alentours, ben c'est pas que des jeunes ce soir...
En fait, la fête débute à 19h40 et le désormais vieux bison (80 ans en novembre) accompagné des gamins de Chrome Hearts commence par l'acoustique "Ambulance Blues" puis les choses sérieuses démarrent avec un "Cowgirl in the sand" bien électrique et la suite du même tonneau dont un tonitruant "Fuckin' up" et le magnifique "Love to burn" qui déroule ses grincements électriques sur presque un quart d’heure.
A ma gauche, Josette est déchaînée et sa montre Garmin affichera 8 000 pas pour les deux heures de concert. A ma droite, une femme qui filme régulièrement avec son portable et met chaque vidéo au fur et à mesure sur les rézosocios.
L'expérience est trop intense pour que je la filme et je vais vivre le live en... live. Je fais quand même un ou deux clichés pour le souvenir et même 30 secondes de vidéo à la fin.
Quand je dis intense, je ne plaisante pas ; on a droit à du gros son durant les trois quarts du concert. A peine un peu de calme avec "The needle and the damage done", "Oldman" et le merveilleux "Harvest moon" mais c'est généralement une cascade de décibels qui va atteindre son paroxysme avec "Hey hey my my", le dernier morceau dont la conclusion mettra fin à l'existence de quatre des six cordes du Loner.
Il nous faudra chacun un demi-litre de bière au bar de l'hôtel pour nous calmer après cette expérience inoubliable. Un peu éméché et surtout fatigué, je finis par trouver le sommeil quelques temps après, répétant dans ma tête les dernières paroles du concert :
Par Le Lutin d'Ecouves - 29-07-2025 19:21:06 - 3 commentaires
20 juillet 2025
Forêt d'Ecouves
Pas nombreux les Trailers d'Ecouves ce dimanche. En fait, il n'y a que moi et Patricia... Certains sont sur un entraînement looong en vue de l'Echappée Belle en août et d'autres sont en train de faire les zouaves à l'Ultra-Trail du Beaufortain. Septante ans dans six mois, c'est plus de mon âge leurs trucs ; je vais me contenter de 15 bornes, ça grimpe suffisamment dans ma forêt.
Nous longeons ce joli ruisseau sans nom que nous avons baptisé le "Rio Grande" et qui va se jeter dans la Briante au Vignage quand soudain :
Horreur et tarte aux pommes ! Ils sont revenus les terroristes nains !!! Ils trônent fièrement au milieu de la forêt des Lutins. C'est pire qu'une invasion, c'est le Grand Remplacement ! Et ils signent même leur forfait :
Un peu d'histoire :
A l'origine, comme chacun le sait, les nains vivaient dans des mines qu'ils exploitaient en chantant "Heigh-ho, heigh-ho, on rentre du boulot !". Malheureusement pour eux, les mines ont fermé les unes après les autres et beaucoup d'entre eux ont migré en ville pour devenir jardiniers. Tout se passait bien jusqu'à ce que le Front de Libération des Nains de Jardins (Canal Historique) apparaisse pour la première fois à Alençon en 1996 avant d'essaimer un peu partout en France, en Europe et même sur le continent américain. Or, le but de ces fanatiques barbus est de se libérer de leur servitude jardinière pour vivre libres en forêt et entre autres en forêt d'Ecouves située à 10 km d'Alençon. Cela ne poserait pas de problème si la forêt n'était pas la terre immémoriale des Lutins. Or les Lutins sont peu nombreux et vulnérables face à cette engeance munie de pelles et de pioches.
Pire, les Humains, à force de voir des nains partout les confondent avec le Petit Peuple. Il faut le dire et le redire : LES LUTINS N'ONT PAS DE BARBE !
******
Peuple d'Ecouves, réveille-toi et résiste à l'invasion venue des jardins ! Cerfs, biches, chevreuils, fouines, blaireaux et martres, buses et cigognes noires joignez-vous à nous ! Même ces malotrus de sangliers sont bienvenus. Expulsons les Nains ! GARDAREM LOU FORÊT !
STAKHANOVISME ET COURSE À PIED
Par Le Lutin d'Ecouves - 02-09-2024 16:31:32 - 5 commentaires
Stakhanov était un mineur de l'oblast de Donetsk qui extrayait quatorze fois plus de charbon que ses petits camarades. Cela lui valut les félicitations du Soviet Suprême et une mort glorieuse dans le service psychiatrique de l'hôpital de Thorez ville baptisée en l'honneur de l'homme politique français qui résista victorieusement au nazisme à partir de sa résidence de Moscou. Ces ingrats d'Ukrainiens ont débaptisé cette charmante bourgade en 2016 pour l'appeler Tchystiakove. Trouvant ce nom imprononçable, les Russes décidèrent d'envahir l'Ukraine en 2022. Mais là, on s’éloigne de mon propos...
En fait Stakhanov, c'est moi, je me suis bêtement inscrit pour la quatrième fois en vue de courir les 100 km de Millau et, conscient de la faiblesse du quasi vieillard que je suis devenu (bientôt 69, un âge où on risque le tête à queue), j'ai décidé de perfectionner le plus possible mon entraînement, histoire de ne pas finir en marchant comme en 2022. J'ai donc conçu un plan soviétique aux cadences propres à me faire suer comme un russe.
M'accompagnent cette année deux quadras novices sur la distance qui pourraient être mes enfants :
Patricia et David ont rempli les deux conditions pour tenter l'aventure sans trop de risques : finir un marathon en moins de quatre heures et terminer les 61 km du Trail d'Ecouves (2500 m de D+). Dans le fond glauque de mon esprit retors, je me suis dit que j'allais leur en faire baver histoire de leur faire expier leur insolente jeunesse.
Par expérience, je sais que pour préparer ce genre d'épreuve, le volume compte mais aussi que l'excès est dangereux. Voilà pourquoi, j'ai décidé de ne programmer qu'une sortie longue par semaine dont voici le déroulement :
1 séance de récup (moins de 8 km/h)
2 séances d'allure 100 km (pour moi entre 8 et 9 km/h)
1 séance de vitesse semi-marathon (11,5 km/h) sur piste
1 séance de fractionnés sur piste à vitesse très modérée (souvent entre 12 et 13 km/h)
1 séance en forêt pour le plaisir et le dénivelé
1 séance longue (15 à 30 km) à vitesse 100 km avec des côtes (Millau c'est 1200 m de dénivelé pour 100 km)
Vous avez bien lu, cela fait du sept sur sept, du moins pour les six premières semaines (à raison de 70 à 95 km/semaine). Justement, j'entame la sixième semaine et aujourd'hui c'est mon 36ème jour de suite.
A l'heure où le programme s'allège, le bilan est très positif : les machines deviennent de plus en plus performantes et quand on n'en peut plus en haut d'une côte, on peut encore. Mes deux élèves sont très studieux et ils ont mis toutes les chances de leur côté pour réussir le challenge.
Mieux encore, les deux futurs impétrants ont démarré l'une avec un hallux enflammé et l'autre avec une blessure à l’adducteur. Ce plan d'entraînement à allure très modérée n'a fait qu'accélérer leur guérison (je leur ai donné des vitesses limites à ne pas dépasser).
La seule petite conséquence négative de tout cela, c'est qu'il leur faudra quelques temps pour retrouver assez de vitesse pour reprendre la saison de cross en octobre.
Reste la glorieuse incertitude du sport... on verra bien à l'arrivée.
Pour ceux que cela intéresse, voici le plan complet :
1 29 juillet au 4 août
Environ 75 km |
Lundi |
7 km récup |
Mardi |
1h allure 100 km |
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Mercredi |
20’ allure1 4x1000m allure 3 (AS 21) récup. 20’ |
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Jeudi |
20’ + 2 séries de 6x 200/100 + 20’ 2400m |
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Vendredi |
1h allure 100 km |
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Samedi |
Sortie Forêt entre 1 et 2h ou bien 1h allure 100 km |
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Dimanche |
2h00 allure 100 km |
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2 5 au 11 août |
Lundi |
8 km récup |
Mardi |
1h allure 100 km |
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Mercredi |
20’ allure 1 5x1000m allure 3, récup. 20’ |
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Jeudi |
20’ + 2 séries de 5x 300/100 + 20’ 3000m |
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Vendredi |
1h allure 100 km |
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Samedi |
Sortie Forêt entre 1 et 2h ou bien 1h allure 100 km |
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Dimanche |
2h30 allure 100km |
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3 12 au 18 août |
Lundi |
9 km récup |
Mardi |
1h allure 100 km |
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Mercredi |
20’ allure 1 + 6x1000m allure 3, récup. 20’ |
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Jeudi |
20’ + 2 séries de 4 X 400/200, récup. 20’ 3200m |
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Vendredi |
1h allure 100 km |
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Samedi |
Sortie Forêt entre 1 et 2h ou bien 1h allure 100 km |
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Dimanche |
3h00 allure 100km |
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4 19 au 25 août
Environ 95 km |
Lundi |
10 km récup |
Mardi |
1h allure 100 km |
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Mercredi |
20’ allure 1 + 7x1000m allure 3, récup. 20’ |
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Jeudi |
20’ + 3 x 500/300 - 400/200 - 300/100, récup. 20’ 3600m |
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Vendredi |
1h allure 100 km |
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Samedi |
Sortie Forêt entre 1 et 2h ou bien 1h allure 100 km |
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Dimanche |
3h30 allure 100km |
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5 26 août au 1er septembre
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Lundi |
7 km récup |
Mardi |
1h allure 100 km |
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Mercredi |
20’ allure 1 + 8x1000m allure 3, récup. 20’ |
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Jeudi |
20’ + 6 x (500/300), récup. 20’ 3000m |
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Vendredi |
1h allure 100 km |
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Samedi |
Sortie Forêt entre 1 et 2h ou bien 1h allure 100 km |
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Dimanche |
3h00 allure 100km |
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6 2 au 8 septembre |
Lundi |
8 km récup |
Mardi |
1h allure 100 km |
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Mercredi |
20’ allure 1 + 6x1000m allure 3, récup. 20’ |
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Jeudi |
20’ + 3 x (400/200.300/100.200/100), récup. 20’ 2700m |
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Vendredi |
1h allure 100 km |
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Samedi |
Sortie Forêt entre 1 et 2h ou bien 1h allure 100 km |
|
Dimanche |
2h30 allure 100km |
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7 9 au 15 septembre |
Lundi |
9 km récup |
Mardi |
1h allure 100 km |
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Mercredi |
20’ allure 1 + 5x1000m allure 3, récup. 20’ |
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Jeudi |
20’ + 2 séries de 6 x (200 /100), récup. 20’ 2400m |
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Vendredi |
Repos |
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Samedi |
Sortie Forêt entre 1 et 2h ou bien 1h allure 100 km |
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Dimanche |
2h00 allure 100km |
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8 16 au 22 septembre
Environ 50 km |
Lundi |
7 km récup |
Mardi |
Repos |
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Mercredi |
20’ allure 1 + 4x1000m allure 3, récup. 20’ |
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Jeudi |
20’ + 3 x (300/100.200/100.100/100), récup. 20’ 1800m |
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Vendredi |
Repos |
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Samedi |
Sortie Forêt entre 1 et 2h ou bien 1h allure 100 km |
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Dimanche |
1h30 allure 100km |
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9 23 au 29 septembre |
Lundi |
Voyage à Millau |
Mardi |
Balade |
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Mercredi |
Balade |
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Jeudi |
Balade |
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Vendredi |
Dossards et repos |
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Samedi |
Les Fameux 100 km de Millau ! |
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Dimanche |
Repos bouffe et picole |
Résultat du boulot :
Mes deux élèves ont terminé leur 100 km en 14 et 16 heures et moi j'ai subitement attrapé un syndrome de l'essuie-glace qui m'a stoppé au 78ème km. C'est malin !
Par Le Lutin d'Ecouves - 18-07-2024 17:21:07 - 2 commentaires
Etape 12 : 19 juin St Hernot - Morgat 7,8 km
C'est une étape très courte mais c'est aussi le terrain le plus difficile, l'est du Cap de la Chèvre, ce n'est pas du fromage !
De St Hernot, il faut se frayer un passage en direction du chemin des douaniers, de très nombreux pins ont été jetés à terre lors de la tempête de novembre. C'est lors de cette étape que nous constaterons le plus de dégâts.
Enfin le chemin, il est très escarpé et pour cette raison peu fréquenté car sans chaussures adaptées, il peut être problématique. Nous débouchons au nord le la fameuse Ile Vierge qui est en fait une presqu'île très prisée pour son eau verte et son côté méditerranéen.
Ne nous emballons pas, l'île et sa plage sont interdites pour des raisons liées à la sécurité et à la surfréquentation. Il y a des années, nous l'avions arpentée et je comprends que les autorités s'inquiètent car le terrain est plus fait pour les chèvres que pour les promeneurs...
Le chemin n'est qu'une succession de montées et de descentes dures aux pieds. Nous croisons deux jeunes avec des sacs à dos venant de Morgat ; après trois kilomètres, la jeune fille est déjà assise pour récupérer, elle n'a pas le physique pour ce type d'effort. Le jeune homme nous indique qu'ils sont partis faire le tour du cap soit 26 km jusqu'à Goulien. Il est 11h et quand je leur dis qu'ils sont à plus de 6 heures de Goulien, ils font les yeux ronds... Nous les avertissons du niveau de difficulté et leur souhaitons bonne chance. Il leur en faudra car ils n'ont pas l'air bien expérimentés.
Après presque huit kilomètres, nous arrivons à notre gîte de Morgat où nous mangeons et nous nous douchons. Nous passons le reste de l'après-midi à flâner à proximité de l'immense plage pendant que le ciel s'ennuage.
Le soir, nous dégustons une galette à l'andouille de Guéméné et confit d'oignons arrosée de cidre brut. On reste couleur locale !
Etape 13 : 20 juin Morgat - Telgruc sur Mer 16,2 km
Eh bien, le temps s'est remis au beau ! Je connais moins cette partie de la presqu'île et je ne suis pas déçu, c'est splendide et... pentu
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Photo Josette |
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Photo Josette |
Par Le Lutin d'Ecouves - 16-07-2024 19:26:40 - 2 commentaires
Pour cette partie de notre périple, nous ferons quelques infidélités au GR 34. nous connaissons bien la presqu'île de Crozon et savons que le fond de la Rade de Brest n'a que peu d'intérêt. Le sentier ne pouvant pas suivre le rivage trop marécageux, il emprunte des routes, des chemins agricoles et au mieux des bouts de forêts. Nous prendrons donc le bateau pour éviter cinq étapes peu stimulantes dans des lieux que nous connaissons déjà.
Etape 8 : 14 juin Locmaria Plouzané - Brest 22,5 km
Etape 11 : 18 juin Goulien - St Hernot 10,7 km
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Photo Josette |
Par Le Lutin d'Ecouves - 15-07-2024 12:27:02 - 2 commentaires
Etape 4 : 10 juin Lampau Ploudalmézeau - Landuvez 18 km
Que sont mes amis devenus
Que j'avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois que le vent les a dispersés...
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Photo Josette |
A Landunvez, nous sommes accueillis en pleine campagne par une vraie mamie bretonne avec cet accent chantant si particulier. La chambre est en fait un duplex avec terrasse. Le vent nous pousse cependant à nous mettre à l'abri. Au moins, nous ne souffrirons pas de la chaleur même si nos visages et nos jambes sont déjà presque brûlés.
Etape 5 : 11 juin Landunvez - Lampaul Plouarzel 18,7 km
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Photo Josette |
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Photo Josette |
Par Le Lutin d'Ecouves - 12-07-2024 18:08:34 - 3 commentaires
Après une petite centaine de kilomètres sur la Côte des Légendes en 2023, nous repartons pour un périple de 248 km et 5230 m de dénivelé sur le GR 34. Nous resterons dans le Finistère tout au long de nos quinze étapes. Mais avant, il faut rejoindre Brest puis prendre le bus pour accéder là où nous nous étions arrêtés : Plouguerneau. Nous débutons par un hébergement modeste mais confortable : La cabadienne que nous avions occupée l'année dernière.
Notre équipement ne diffère que peu de celui des autres années, l'indispensable (téléphones servant entre autres à la navigation, kindles pour économiser le poids des livres et affaires de toilette allégées) et trois jours de change. Josette portera 7 kg en moyenne et moi de 9 à 10 kg. Ce qui pèse le plus étant l'eau et la nourriture, surtout quand je dois en porter pour plusieurs repas par manque de points de ravitaillement.
Etape 1 : 7 juin Plouguerneau - Aber Wrac'h 24,5 km
Nous avons à franchir un des bras avant de traverser l'Aber proprement dit. De nouveau des chemins sans visibilité, c'est long d'autant plus que le chemin est parfois balisé de manière imprécise. C'est à ce moment que nous rencontrons un groupe de marcheurs, l'un d'eux nous fait signe : "C'est par là !". Nous on suit... Résultat, deux kilomètres en plus ; on a abouti dans un cul de sac. C'est malin ! Finalement, je fais demi-tour et retrouve mon chemin, laissant les autres s'escrimer à passer des haies.
Etape 2 : 8 juin Aber Wrac'h - Tréglonou 22,3 km
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Et vous ne voyez pas le coin Star Wars... |
Etape 3 : 9 juin Tréglonou - Lampaul Ploudalmézeau 16,6 km
Petit déjeuner de dingue tout fait maison, décidément la Patronne est une cuisinière hors pair ! De quoi bien aborder cette plus courte étape. Nous passons à nouveau une barrière d'interdiction de passage pour cause de travaux ; effectivement, beaucoup d'arbres sont tombés mais nous ne rencontrons ni travaux ni obstructions.
A nouveau onze kilomètres pour sortir de l'Aber Benoît, le chemin est agréable, rien à voir avec l'Aber Wrac'h. On trouve même de charmants coins dans les parties marécageuses fréquentes dans la région.
Par Le Lutin d'Ecouves - 02-07-2024 19:35:42 - 10 commentaires
Reprise entraînement trail après 250 km sur le GR 34 avec ma chère épouse. Depuis un certain nombre d'années, je me considère à la retraite en tant que pisteur. Ce sont Katia et Jean-Michel qui ont repris le flambeau du groupe. Comme les deux tourteaux tourtereaux en pincent pour l'ultra, qu'ils viennent de terminer un 225 km à Volvic et qu'ils repartent pour le Val d'Hareng d'Aran pour un 110, les entraînements se rapprochent plus de la sortie commando que de la promenade de santé. En gros, on passe son temps à monter puis descendre puis monter...
Depuis fort longtemps, nous avons coutume de nommer les côtes remarquables du nom d'un des Trailers d'Ecouves ; au bout d'une dizaine de kilomètres de montagnes russes, nous abordons un passage récemment ouvert sur le Rocher du Vignage par Jean-Michel qu'il a nommé du nom de son égérie : "la Katia".
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Ma Josette sur la "Katia" |
Quand on parle de côte, on devrait plutôt dire paroi car il faut mettre les mains pour parvenir au sommet. La vue est magnifique mais on ne traîne pas et nous redescendons le Vignage par la Gaëtanne, une sorte de monstre abrupt que d'habitude nous grimpons. Je me suis toujours amusé en descente et je prends les devants.
Mais voilà, je suis dans ma soixante-neuvième année et mon pied n'est plus aussi sûr : je glisse. Bêtement. Je tombe à plat ventre dans l'espoir d'accrocher quelque chose. Nada, que dalle ! Le problème c'est qu'après cette forte pente dans laquelle je roule et je boule sur trois mètres en un peu plus de deux secondes (j'ai vérifié sur mon GPS), j'ai encore quatre mètres à parcourir verticalement. Un étage et demi en gros...
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Itinéraire d'un Lutin gâteux |
J'entends Jean-Michel crier mon nom, il a l'air inquiet.
Comme chacun sait, la vitesse de chute dépend de l'équation v = √2gh, vu la hauteur de 4 mètres du rocher je vais toucher le sol à 32 km/h (en fait un peu plus vite car j'ai déjà accéléré en roulant) et vu mon poids, ça fait 32 809 joules d'énergie cinétique (E = 1/2mv²). J'avais déjà bouffé du joule lors d'une chute de 3 mètres en escaladant une falaise pourrie et j'y avais laissé une épaule.
Cela dure moins de deux secondes mais j'ai quand même le temps de me mettre en boule pour protéger ma tête et mes cervicales. Vingt-cinq ans de judo m'ont donné de bons réflexes et m'ont souvent sauvé la mise.
Ça donne ceci pour les deux parties de la chute : Krabardaf ! puis Chlonk ! C'est le Chlonk ! qui m'inquiète le plus...
Je suis sur le dos et je ne respire plus. Je me retourne douloureusement et me mets à ventiler comme un malade le museau dans les feuilles mortes. Jean-Michel arrive très vite, je me remets sur le dos (ouille !) et commence à glisser car il reste encore une bonne pente. Katia arrive et me bloque pendant que Jean-Mi maintient la partie supérieure. Je suis en état de choc : je suis tout pâle, j'ai très chaud et je me mets à débiter des âneries. Katia en bonne kiné fait un premier bilan : j'ai réussi à éviter les nombreux blocs de grès armoricains qui parsèment la pente et je bouge encore.
Près de moi, David notre petit jeune est fort inquiet et, pour le rassurer, je lui dis que je serai prêt fin juillet pour démarrer l’entraînement pour son premier 100 km de Millau. Là, c’est mon côté tranche-montagne ou matamore comme disent les espagnols. Ce type de rodomontades débitées à rythme continu m'évite tout simplement de tomber dans les pommes. C'est mon côté boomer macho. Cela dit, je me demande si je ne suis pas en passe de devenir un homme déconstruit... au sens propre !
On n'a pas de réseau, Fabrice arrête une voiture pour que plus loin la conductrice appelle les pompiers pendant qu'Eric galope jusqu'à Radon où se trouve mon épouse.
Une fois arrivés, les pompiers doivent grimper à mi-pente où je me trouve. Je commence à avoir franchement mal. Le cadre pompier me fait un premier examen sur place : tension normale, glycémie normale et pouls à 75, ce qui fait 20 points de trop pour moi mais normal vu mon état de stress. Le gars regarde vers le haut et écarquille les yeux "C'est le jour pour jouer au loto, vous avez eu un sacré bol ! Attendez-vous à avoir des côtes cassées, tiens, on vérifie s'il n'y a pas de pneumothorax". Là je fanfaronne moins. Apparemment, non... ouf !
Ses collègues arrivent avec le matériel pour me mettre en barquette, moi qui ai arrêté les plats cuisinés depuis des années ! Chouette, il y a une belle pompière trentenaire et une jolie débutante de 17 ans. Le débitant de calembredaines se remet au boulot : à la limite, je délire. Les pompiers pensent que la tête a dû porter mais les copains les rassurent :"Il est toujours comme ça !"
Je descends donc en luge jusqu'à la route. J'essaie de ne pas trop grimacer car il y a des filles.
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Chouette descente en luge |
Vu le côté spectaculaire de ma prestation, les pompiers ont appelé le médecin du SAMU avant de m'emmener aux urgences. Chouette ! C'est une femme et elle est super gentille. Elle me demande d'évaluer ma douleur de un à dix. Je lui dis cinq, elle sourit. Bon, six ou sept quand on me déplace dans mon sarcophage.
Elle me branche et m'injecte une petite dose de morphine. "Rassurez-vous, je vous ai mis une dose pour enfant". Pendant qu'elle m'examine, je déblatère évidemment. Elle me demande à nouveau d'évaluer la douleur. "Maintenant trois à quatre répondis-je et je possède ma propre échelle ; dix c'est quand on m'a enfoncé une sonde dans le rectum pour me faire une échographie de la prostate, j'ai bien failli tomber dans les pommes."
Elle rigole : "On voit bien que vous n'avez jamais accouché, vous !" Logé le Lutin !
Direction les urgences d'Alençon pimpon pimpon ! Je suis pris en charge tout de suite. Je ne vois que des plafonds mais j'entends une infirmière dire au médecin que les pompiers ont amené un monsieur de 69 ans mais qui en fait dix de moins... Elle est mignonne.
Je suis transféré sur un lit à roulettes et rapidement envoyé au scanner. La manipulatrice a la gentillesse de me dire : "Je ne suis pas médecin mais je peux vous dire que vous n'avez rien au rachis." Quoi, c'est du rachis Parmentier ? Meuh non, je me rappelle, ça veut dire colonne vertébrale.
J'attends ensuite deux bonnes heures avec l'interdiction de m’asseoir avant la lecture du radiologue. Ça tombe bien, les 2 mg de morphine ne font plus d'effet.
Il règne une ambiance particulière en ce jour d'élections, il faut dire que 80% des médecins sont étrangers à l'hôpital d'Alençon. Malgré cette atmosphère un peu pesante, tout le personnel est très gentil avec moi. Le médecin me fait enfin une ordonnance qu'il tend à ma Josette qui se remet petit à petit de ses émotions. Je suis désolé pour elle, elle ne mérite pas un mari aussi excentrique.
Je m'assois enfin, j'ai très chaud soudain : premier malaise vaginal vagal. Je m'allonge. Ne voulant pas que le médecin décide de me garder, je me rassois, deuxième malaise vagal. A nouveau sur le dos le Lutin ! Au bout de cinq bonnes minutes, je tiens enfin debout. C'est un peu comme si on m'avait enfoncé un balai en flammes dans le rectum et qu'il montait jusqu'à la base des cervicales. Je commence à comprendre ce qu'était le supplice du pal...
Je mets un temps infini à sortir de l'hôpital, les muscles de mon dos se bloquent plusieurs fois. Quelques heures plus tard, avec les médicaments que ma chère femme est allée chercher, je gagne en mobilité même si je ne peux pas encore ôter mes pompes tout seul. Pendant ce temps, la messagerie tintinnabule comme le traîneau du Père Noël... La famille et les amis viennent aux nouvelles.
Le lendemain matin, je suis mieux que la veille en me couchant. Quand je dis mieux, c'est physiquement et aussi psychologiquement car j'ai bien conscience qu'un bout de rocher ou une racine bien dure aurait pu mettre un point final à ma carrière de sportif. C'est le genre d'événement qui me fait encore plus apprécier la chaleur humaine et réaliser la beauté de la nature qui m'entoure.
Merci à ma famille et mes amis pour leur aide et leur soutien.
Par Le Lutin d'Ecouves - 12-03-2024 19:50:35 - Aucun commentaire
finalement tout cela n'a ni début ni fin et ne mérite aucune ponctuation
le récit ICI
Par Le Lutin d'Ecouves - 22-12-2023 17:48:08 - 6 commentaires
Cette année, pas de commentaires sur mes douze photos préférées de l'année mais des haïkus (5,7,5) plus à même d'exprimer l'instant qui s'enfuit aussitôt saisi (Plus grand format en cliquant sur les images) .
Janvier
Forêt d'Ecouves
La forêt de verre
Au bord de l'année fragile
Sourire frissonnant
Février
Champfrémont
Dépouillé je suis
Le miroir des sentiments
Ignore ma douleur
Mars
Paris
Traverser le fleuve
Sans un regard en arrière
Au seuil du printemps
Avril
Alençon
Il pleut sur ton pays
Du feu, du fer et du sang
Et pourtant l'espoir
Mai
Belle-Île-en-Mer
Le chant des sirènes
A couvert le bruit des vagues
Sortir et renaître
Juin
Portsall
Absence de couleur
A l'extrémité du monde
Auprès de ma brume
Juillet
Alençon
Éclat de soleil
Posé sur un chardon bleu
Mon jardin d'été
Août
Barneville-Carteret
Heure dorée, quiétude
Ta peau, odeur de vanille
Les dents du soleil
Septembre
Alençon
Tels des funambules
Ils ont repeint l'avenir
En ombres chinoises
Octobre
Barfleur
Automne assoupi
Illusion d'éternité
Tu me prends la main
Novembre
Forêt d'Ecouves
Je ris sous la pluie
Tombent les gouttes et les feuilles
La vie sous mes pas
Décembre
Forêt d'Ecouves
Ces étranges branches
À l'orée du matin calme
Le Monde à l'envers