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COURS TOUJOURS épisode 3

Par Le Lutin d'Ecouves - 15-12-2017 10:46:35 - 4 commentaires

Le marathon
 
 
Avant, mais c'était avant, je croyais que le marathon, c'était pour les surhommes. C'est Allain qui m'a progressivement incité à franchir le pas avec sa coutumière méthode douce basée sur la persuasion, il avait déjà une grande expérience et je lui faisais confiance ; la course à pied, c'est aussi une histoire de transmission.

Mon premier marathon, c'est avec Philippe le Mustang que je l'ai entièrement couru. Il n'avait pas dormi ; moi, je n'étais pas conscient des difficultés inhérentes à ce type de distance. Insouciant et passablement euphorique, je franchis la ligne d'arrivée en 3h23min, ce qui était un petit exploit pour un débutant de 44 ans, mais cela, je l'ignorais.

Dès le deuxième marathon, je fis la connaissance du mur du 30ème km qui eut cependant la gentillesse de me gratifier d'un handicap de seulement vingt minutes. Visant ensuite les 3h15min, je m'essayai avec plus ou moins de bonheur à la performance de niveau supérieur. Je me pris plus de baffes que de caresses mais je persistai quand même avec la constance de la poule se jetant contre le grillage à la vue d'un lombric gras et croustillant placé du mauvais côté. J'échouai finalement sur la grève des 3h17min...

Dès cinquante ans, je finis par réaliser qu'il était inutile de chercher à battre mon modeste record et je commençai une longue série de marathons en accompagnement, la plupart du temps avec des débutants ou dans le cadre de remises en selle comme avec mon cher Mustang. Un tiers de mes marathons ont ainsi été effectués en bonne compagnie, souvent féminine.

Après un dernier baroud d'honneur à 55 ans où je fis l'effort de terminer les 42,195 km en 3h25min, je renonçai à passer la barre des 3h30min et m'acheminai tranquillement vers celle de 3h40min qui me valut (enfin!) une qualification au championnat de France de marathon mais en catégorie V3, évidemment. Le fiasco fut total mais pour une fois indépendant de ma volonté.

A l'heure où j'écris, je planifie déjà mon vingt-septième marathon avec un objectif de trois heures quarante-cinq. L'on pourrait se demander pourquoi je persiste ainsi dans une discipline sans surprise au déroulement immuable et dans laquelle je ne puis que décliner. Je n'ai pas de réponse à cela hormis le fait que le marathon est une distance mythique dont la légende nous parle de vie, de mort et de dépassement.

En 2008, j'écrivais ceci à propos de la queue du peloton du marathon de Paris : "Les damnés du bitume m'environnent, ils sont sublimes. Ils souffrent, ils se détestent d'être là et s'aiment d'avoir le courage d'avancer encore et encore. Je viens de découvrir la vraie beauté du marathon : ces gens merveilleux dont le but est  de dépasser leur quotidien pour illuminer leur existence." La magie du marathon, elle est là, dans l'humanité de la souffrance et dans cet effort collectif pour la sublimer.


En 2013, j'introduisais mon récit du marathon de la Rochelle par ce préambule : "Le marathon, c'est un peu comme la vie en miniature avec ses joies et ses drames, ses réussites et ses échecs. On en prend plein la figure mais chaque pépite de jouissance, si brève soit-elle, donne un sens à notre folle course vers le néant, rendant le but dérisoire et le mouvement sublime. Ce concentré d'existence, cette galopade céleste a quelque chose de magique que je ne retrouve dans aucune autre épreuve et c'est pourquoi malgré tous les crashes et autres avanies, pour la vingtième fois sur le métier je remets mon ouvrage." Inutile d'en écrire plus, n'est-ce pas ?

 
Marathon de la Rochelle 2006
(Mon geste n'a rien de politique, je dis juste bonjour à Gérard.)

 
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